Le Syndicat national des Travailleurs de l’Agriculture (SYNATRAG) a animé une conférence de presse ce jeudi 21 juin 2018 à Ouagadougou pour dénoncer une mauvaise gestion de la distribution des engrais et des semences. Ce syndicat, dénonce surtout la « non implication des agents » dans la distribution des intrants agricoles.
Une des actions phares de la politique agricole du ministère de l’Agriculture et des Aménagements Hydrauliques (MAAH) est la subvention et la disponibilisation des intrants aux producteurs, a affirmé aux journalistes dès l’entame de la conférence, le secrétaire général du SYNATRAG, Der Richard Somé. Ainsi, l’accompagnement pour cette campagne humide est composé de « 7 000 tonnes de semences sèches contre plus de 90 000 tonnes de besoin, 16 000 tonnes d’engrais contre plus de 1 000 000 de tonnes de besoin, 1 150 000 bouture, 27 200 unités d’équipements agricoles, 5 200 outils de vulgarisation, 10 500 animaux de trait », a poursuivi M. Somé, notant que ces dotations représentent globalement entre « 1 à 9,06% des besoins ».
Cette sortie médiatique du SYNATRAG vise à prendre l’opinion, selon le syndicat, à témoin de la « mauvaise » politique mise en œuvre au niveau de leur département. En effet, « les autorités du MAAH, expertes en conception de politiques agricoles décousues et ponctuées de tâtonnement, s’enfoncent davantage dans la négligence du professionnalisme pour l’atteinte des objectifs de la sécurité alimentaire et nutritionnelle », a déclaré le secrétaire général du SYNATRAG.
Le principal syndicat du ministère burkinabè de l’Agriculture manifeste son « insatisfaction » vis-à-vis de cette politique et « déplore l’insuffisance de la subvention qui contraste avec l’objectif de production annoncé ». Pour Der Richard Somé, « nul ne doute de l’impact des intrants agricoles dans l’atteinte des objectifs de production mais lorsque ces intrants font l’objet de politisation, cela constitue un mauvais départ dont la destination et l’arrivée sont douteuses voire catastrophiques », estime-t-il.
En effet, depuis 2008, selon le SYNATRAG, l’opération de distribution des intrants agricoles à prix subventionné connait des « remous dans sa gestion souvent liée aux humeurs des autorités du MAAH ». Au début, cette activité a été confiée aux agents d’agriculture qui en ont assuré la gestion à leurs propres frais sans frais de carburant ni frais de communication pour assurer la sensibilisation et la distribution, a confié M. Somé.
Selon lui, « le ministre Jacob Ouédraogo au lieu de travailler à l’application des accords de négociation (que son syndicat a soumis à son appréciation), a plutôt opté avec la complicité de son collègue de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Siméon Sawadogo, NDLR), pour un plan B à savoir confier la gestion des intrants aux préfets, maires et organisations paysannes ». Pour le SYNATRAG, « le ministre Jacob Ouédraogo a toujours utilisé ses agents de réserve que sont les préfets pour saboter l’agriculture burkinabè ».
Le syndicat dénonce surtout un détournement de l’opération des intrants, qui « coûtera plus de 57 millions FCFA au titre des récompenses en nature contre 27 378 000 FCFA annoncées ». A cela s’ajoute les rencontres d’informations et de sensibilisation qui « coûteront encore des millions » selon les responsables du SYNATRAG.
Pour la structure syndicale, c’est un « détournement massif de 105 tonnes d’engrais, 31 tonnes de semences au profit de (plus 2 000) membres de la commission au détriment de plus de 1 050 producteurs vulnérables ».
Par Mathias BAZIE