Ils l’ont fait! Ils ont sorti de la CAN 2023, les flamboyants champions en titre. Alors que les supporters des Lions de la Teranga avaient fait la promesse ferme qu’ils mangeraient, ce lundi soir, du «tchep aux pattes d’éléphants», ce sont plutôt les rois de la forêt qui ont été transpercés par des défenses d’Eléphants revenus dans la Coupe d’Afrique des nations, «leur» CAN 2023, suite à un premier tour calamiteux.
«C’est notre CAN, on sort quand on veut et on revient quand on veut», se plaisaient à dire, avec leur humour légendaire et si heureux, les Ivoiriens qui n’ont dû leur qualification pour les 8es de finale que grâce à la victoire, par 1-0, des Lions marocains sur les Chipolopolo zambiens, lors de l’ultime match de la dernière journée de la phase de groupes. Remis dans la course, les pachydermes des bords de la lagune Ebrié, qui étaient bien amochés par cette claque (4-0) que leur avait servie la Guinée Equatoriale, le 22 janvier, ont trouvé la potion magique dans le lac de crocodiles de Yamoussoukro, sous le bienveillant regard depuis sa tombe, du Vieux, Félix Houphouët Boigny, sous le magistère de qui la Côte d’Ivoire a conquis sa première étoile de champion d’Afrique. C’était en 1992, au Sénégal, sur la terre des…Lions de la Teranga.
Cette fois-ci, les Eléphants, ont montré qu’ils savaient barrir sur leur territoire, eux pour qui le déclic semble avoir été trouvé avec le départ de leur désormais ancien entraîneur, le très controversé depuis sont arrivée, Jean-Louis Gasset. Aussitôt remercié, le technicien Français qui n’aura jamais trouvé la bonne formule pour gagner et l’alchimie adéquate pour faire tirer ses désormais anciens joueurs vers le sommet, a été remplacé par un trio d’anciens internationaux, conduit par Emerse Faé. Et la confiance fit son retour dans le groupe Orange qui avait le dos au mur. Avec ses lieutenants, Guy Demel et le champion d’Afrique de 1992, Alain Gouaméné, le nouveau coach a redonné des couleurs et surtout la rage de vaincre à des Eléphants qui ont tenu la dragée haute aux Lions d’«El Tactico», Aliou Cissé, l’expérimenté sélectionneur des Sénégalais.
Les Eléphants transfigurés en quelques jours, et, il ne faut pas avoir peur de le dire, fouettés dans leur amour propre par la pluie de récriminations qui est tombée sur eux, notamment sur les réseaux sociaux, finiront même par terrasser, dans la stressante épreuve des tirs aux buts, le virevoltant Sadio Mané, le véloce capitaine Kalidou Coulibaly et le teigneux Crépin Diatta. Pourtant, ce sont les Sénégalais qui avaient allumé la première mèche avant quatre minutes de jeu. Coup de froid dans le stade Charles Konan Banny après la signature précoce de Habib Diallo. Mais c’était sans compter avec Serge Kessié qui, dès son entrée dans un coaching gagnant de Faé, a redonné espoir à tout un peuple dans le temps additionnel, avant de donner une joie immense et indescriptible à tout le pays qu’il a qualifié pour les 1/4 de finales. Dire que tous ces joueurs qui ont ressuscité l’équipe usaient, pour la plupart leurs culottes sur le banc de touche, comme le champion d’Afrique de 2015, Max Alain Gradel et Sébastien Haller qui était blessé, ou étaient toujours sortis du jeu par manque de résultats, comme le champion d’Afrique de 2015, le «capitaine courage» Serge Aurier.
Klaxons à tue-tête, courses folles dans les rues, dynamites, animations musicales improvisées, montages-vidéos ingénieux montrant des lions prenant la fuite devant des éléphants, tout y passe pour célébrer cette victoire, qui a pris des allures d’une finale remportée. Un bonheur justifié, car les Eléphants reviennent de loin! Bien que sélection de la nation qui accueille la CAN de l’Hospitalité, l’équipe ivoirienne ne jouit d’aucun de ces coups de pouce accordés généralement aux pays hôtes. Pénalty, buts refusés, tout y passait contre les Eléphants. Il faut le dire, nous ne cautionnons pas et n’accepterons jamais que les adversaires des Eléphants soient systématiquement lésés, mais pour la beauté de la compétition, dans ces stades toujours animés par des supporters ivoiriens gais lurons, ce serait dommage de ne pas protéger l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire, mais en plus de freiner son élan nouvellement pris vers dame coupe.
La CAN a véritablement commencé pour les Eléphants qui n’ont plus droit à l’erreur et doivent savoir qu’ils n’ont franchi que les 8es de finale, à l’instar du Nigéria, du Cap-Vert, de la Guinée, de l’Angola, de la RD Congo, en attendant, le Maroc où l’Afrique du Sud et le Burkina Faso ou le Mali qui se croisent ce mardi. Du reste, les Eléphants seront confrontés, dès ce samedi 3 février au stade de la Paix de Bouaké, au vainqueur du derby des voisins, Etalons du Burkina et Aigles du Mali. Le chemin est donc encore plein d’embûches pour parvenir à la fin, le 11 février prochain!
En attendant, la fête continue à Babi* où cette nuit a été longue et très bruyante dans les maquis d’Adjamé, de Blokosso ou Blockauss à Cocody, de Marcory, de Yopougon, etc!
Par Wakat Séra
*Babi est le petit nom nouchi pour dire Abidjan