Ainsi, la finale de la Coupe d’Afrique des nations de 2017 a pour finalistes le Cameroun et l’Egypte. Loin d’être inédit, cette confrontation d’apothéose entre ceux qu’on pourrait qualifier de « propriétaires du trophée » détenant à eux seuls une douzaine des titres, était peu attendue. Camerounais et Egyptiens n’étaient pas du tout les équipes sur lesquelles les bookmakers auraient jeté leur dévolu en début de compétition. Les pronostics étaient plutôt en faveur des Lions du Sénégal, des Eléphants de Côte d’Ivoire qui défendaient leur titre ou encore les Panthères du Gabon, qui avaient la pression, mais aussi l’avantage de jouer devant leur public, qui, de façon générale, a brillé par son absence dans les stades.
Cette CAN qui a eu la peau des favoris, aura été indécise jusqu’au bout, à l’instar de ce match que les Etalons ont perdu face à des Pharaons d’Egypte fatigués mais qui sont allés puiser les ressources nécessaires dans les gants du vétéran Essam El Hadary pour arracher leur ticket pour la finale. Une coupe que les Egyptiens iront chercher pour la huitième fois, en comptant sur sa défense forte, la solidarité de son collectif et la discipline de groupe. Sans jamais présenter un jeu techniquement à l’aune du cru de cette CAN 2017, alors qu’on les avait connus plus flamboyants de par le passé, les Egyptiens vont chercher à dompter des Lions camerounais décidés à rejouer dans la cour des grands sur le continent, après une traversée du désert qui en inquiétait plus d’un à Yaoundé et Douala. C’est donc fort logiquement que les supporters qui avaient cessé d’y croire, ont laissé éclater leur joie à Ngaoundéré, Bamenda, Buéa et dans toutes les contrées du Cameroun, après la victoire sur le Ghana, l’autre quadruple champion d’Afrique.
Si pour se qualifier, les Egyptiens ont refusé de produire du jeu face aux Etalons du Burkina Faso en demi-finale, les Lions quant à eux ont sorti les crocs face à des Black stars du Ghana trop fébriles balle aux pieds. Le rugissement poussé par le capitaine Benjamin Moukandjo était si fort que les Pharaons d’Egypte ont sans doute pris conscience de la force de cette équipe du renouveau. Un Cameroun qui pour une fois fait confiance non a des stars de la trempe de Roger Milla, Samuel Eto’o, Rigobert Song ou Joseph Antoine Bell, mais à des jeunes très déterminés, dont une quinzaine, soit la majorité, découvrent la CAN pour la première fois. Au Cameroun, l’espoir est simplement permis, surtout que dans les vestiaires des Lions règne une sérénité inhabituelle, qui chasse les sempiternelles querelles de brassard, de personnes et de primes. Les Lions ont compris que c’est sur le gazon vert et contre l’adversaire qu’il faut montrer les crocs et non entre coéquipiers. En tout cas, ils sont montés en puissance dans cette CAN Total Gabon 2017 et nul doute que s’ils maintiennent le cap, ils retrouveront leur majestueuse crinière du temps des Grégoire Mbida, Thomas Nkono, Théophile Abéga et autres Emmanuel Kundé.
Avant le combat des gladiateurs camerounais et égyptiens, les Etalons du Burkina qui ont fait rêver tout un peuple pendant la prestigieuse fête du foot africain, tenteront de conclure leur chevauchée fantastique en terre gabonaise par une troisième place qui, si le football respectait une logique, devait leur revenir à l’issue de la petite finale. Mais pour décrocher le bronze après avoir raté le graal, Hervé Koffi, le merveilleux gardien des Etalons et ses coéquipiers devront faire tomber les Black stars du Ghana dont l’éclat a bien terni depuis lors.
Par Wakat Séra