Accueil A la une CEDEAO-AES: un trait d’union nommé Bassirou Diomaye Faye?

CEDEAO-AES: un trait d’union nommé Bassirou Diomaye Faye?

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Le nouveau président sénégalais essaie de construire des ponts entre la CEDEAO et l'AES

Le président sénégalais, prenant son bâton de pèlerin ne fait pas que du tourisme. Loin de là! Non seulement il sacrifie à la tradition séculaire africaine qui fait des rapports de voisinage un aspect sacré, mais il essaie de jeter un pont entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et l’Alliance des Etats du Sahel (AES) constituée de trois pays sahéliens, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui ont tourné le dos à l’organisation sous-régionale.

Bassirou Diomaye Faye réussira-t-il dans sa mission, certainement pas impossible, mais bien titanesque? Seul le temps, mais surtout l’esprit d’intégration qu’entend raviver le président sénégalais le diront. En attendant, ces visites de travail et d’amitié, peuvent bien constituer des embryons de la tentative engagée par le nouveau chef de l’Etat sénégalais pour rabibocher des pays que tout rassemble et que peu divise. A preuve, les populations séparées par des frontières artificielles tracées par la colonisation, gardent des liens forts, souvent cultuels et culturels, même si elles se retrouvent éparpillées, par la force des choses, entre deux ou plusieurs pays. Du reste, pour ces familles qui partagent sel, tomate et piment, pour la cuisine quotidienne, ces bornes ne sont valables que pour l’administration qui fait la différence entre nationalités et collecte des impôts et droits de douane lors des passages de marchandises. Ou encore des frais de visa pour renflouer les caisses de l’Etat.

La tâche de Bassitrou Diomaye Faye aurait donc été des plus faciles, si seul l’avis des populations comptait! Mais les intérêts politiques et les égos des dirigeants de l’AES et de la CEDEAO, attisés par des discours dits panafricanistes, dont les auteurs ignorent souvent la portée sont passés par là. Sans oublier les décisions malheureuses de la CEDEAO qui, voulant faire respecter par tous les moyens les textes contre les coups d’Etat militaires, a fini par se mettre en porte-à-faux avec des populations qui sont les seules à, réellement, souffrir des embargos et autres mesures économiques drastiques. Au lieu d’être une CEDEAO des peuples, et même bien avant les prises de pouvoir par la force au Mali, en Guinée, au Burkina et au Niger, la CEDEAO s’est muée, tout comme d’autres organisations du continent, en «syndicat de chefs d’Etat», fermant les yeux sur les dérives de ses membres. Les charcutages de constitutions, la mal gouvernance, les atteintes aux droits de l’homme, etc., sont devenus les sports les mieux pratiqués par des dirigeants pourtant «démocratiquement élus», mais pour qui le bien-être de leurs peuples n’a de place qu’à la tribune des meetings électoraux.

Il urge de mettre en place une CEDEAO nouvelle, débarrassée de ses tares qui ont fini par vendanger tous les acquis d’intégration, dont la libre circulation des biens et des personnes, que lui ont toujours enviés ces organisations sœurs des autres parties du continent. C’est l’offre que doit faire Bassirou Diomaye Faye aux pays qui ont quitté la Communauté et ceux qui y sont restés. Mais comment fermer ces interstices, pour ne pas dire ces crevasses par lesquelles le bateau prend l’eau de toutes parts, avec cette guéguerre Russie-Occident qui s’est déportée vers une Afrique où bien des intérêts politiques et économiques mondiaux se jouent désormais? La donne est loin d’être négligeable! Et s’il est greffé à cette réalité, le fait que nombre des «nouveaux partenaires» ne se soucient guère des enjeux de la démocratie et font peu cas du respect des droits de l’homme, option dont sont friands bien des dirigeants africains, Bassirou Diomaye Faye, le constructeur de pont entre la CEDEAO et l’AES aura fort à faire dans sa mission possible mais difficile!

Question: pourquoi le président de la république n’a-t-il pas foulé le sol du troisième pays de l’AES, le Niger pour ne pas le citer? Peut-être à cause d’un agenda trop chargé, pour rester dans le jargon diplomatique? Ou est-ce pour laisser le temps au président de la transition, le général Abderahamane Tiani,le temps de régler le problèmes de sa frontière qu’il maintient fermée avec son voisin du Bénin qui, lui a ouvert la sienne?

Par Wakat Séra