Le ministre burkinabè de l’Energie et des Mines, Dr Bachir Ismaël Ouédraogo, a indiqué le jeudi 4 novembre 2021 à Ouagadougou, que le secteur énergétique peut être un levier du développement des Etats membres de la CEDEAO, lors de la 37e Réunion des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain (EEEOA) qui se tient en marge de la 16e Assemblée générale de l’institution sous régionale créée pour l’intégration de l’énergie dans l’espace. Cette rencontre se tient sous le thème: «Opérationnaliser le marché de l’électricité dans un environnement de défis ».
Du 1er au 5 novembre 2021, les Partenaires Techniques et Financiers de l’EEEOA échangent à travers une série de réunions dans le cadre de la 16e Assemblée générale de l’institution créée lors du 22e sommet de la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenu à Lomé le 10 décembre 1999.
L’Afrique peut relever le défi du 21e siècle
Le ministre en charge de l’Energie, Dr Bachir Ismaël Ouédraogo, a reconnu, au cours de la rencontre ouverte officiellement jeudi, qu’en matière d’énergie, l’Afrique, particulièrement l’espace CEDEAO, est à la traine. «Aujourd’hui, le secteur de l’énergie a la capacité de créer de l’emploi, d’être le levier de notre industrie, de permettre à notre économie de se moderniser et de permettre à nos jeunes qui sont dans les milieux ruraux d’avoir un travail décent. Cela leur permet d’avoir une certaine dignité et de nous éviter le spectacle désolant des jeunes qui se noient en mer parce qu’ils veulent rejoindre un prétendu Eldorado qui en réalité n’est que chimère », a affirmé M. Ouédraogo.
Les pays membres de la CEDEAO « ont la possibilité avec l’accompagnement des Partenaires Techniques et Financiers d’avoir des solutions intrinsèques pour le développement de (leur) continent. L’Afrique peut relever le défi du 21e siècle qui est de faire de telle sorte que tous les Africains puissent avoir accès à l’électricité. Nous avons la capacité et les ressources », a estimé le ministre en charge de l’Energie qui pense aussi que l’offre énergétique sera un moyen pour lutter contre « l’insécurité (qui) puise ses racines dans la précarité des populations notamment sa jeunesse».
Les pays la CEDEAO partagent les mêmes difficultés en matière énergétique
La ministre déléguée chargée du Budget, représentant le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement du Burkina Faso, Edith Clémence Yaka, a relevé que « la plupart des sociétés d’électricité membres de l’EEEOA, partagent les mêmes difficultés, les mêmes handicaps ». Elle a cité, entre autres, «l’insuffisance de l’offre de puissance, la mauvaise qualité de la fourniture d’électricité, la vétusté et la faiblesse des réseaux électriques et le manque de financement des projets structurants dans le secteur de l’énergie ».
Selon madame Yaka, la plupart de ces pays connaissent par ailleurs, « un fort taux de croissance démographique, un développement très rapide du tissu industriel, du secteur informel et tertiaire mais également un boom minier ». Cette rencontre, selon la ministre burkinabè déléguée chargée du Budget, permet de faire « le diagnostic des forces et des faiblesses de la coopération entre le secteur énergétique et les bailleurs de fonds et surtout mettre sur la table de discussion les nouveaux projets en quête de financement ».
« Votre soutien est plus que précieux pour conduire la sous-région vers les objectifs fixés par nos chefs d’Etat en matière de couverture des besoins en énergie et d’accès des populations de l’espace à une électricité moins chère et de qualité », a-t-elle laissé entendre avant d’ajouter que le souhait des autorités est qu’au sortir de cette rencontre, que les Partenaires Techniques et Financiers de l’EEEOA et le gouvernement « puissent lever l’essentiel des goulots d’étranglement et bénéficier de financements plus importants des projets, des investissements et d’une assistance technique plus importante » au Burkina Faso.
L’EEEOA, espoir d’un lendemain meilleur
L’EEEOA porte sur ses épaules, « l’espoir d’un avenir meilleur que nourrissent les plus de 300 millions de femmes et d’hommes qui habitent dans l’espace CEDEAO dont plus de 65% sont des jeunes », a dit le directeur général de la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL), Baba Ahmed Coulibaly qui souligne que partout dans la sous-région, nous assistons à une belle floraison de petites et moyennes entreprises et de start-up créés par des jeunes.
«Comment entreprendre si nos différentes sociétés d’électricité n’arrivent pas à satisfaire convenablement la demande en électricité dans nos pays respectifs ? Les ressources sont limitées et la demande allant crescendo, voilà le dilemme auquel nous devons faire face », a diagnostiqué la situation de l’énergie électrique dans l’espace CEDEAO, M. Coulibaly qui dit avoir espoir parce que le tandem que forment les Etats de l’espace et les bailleurs de fonds est « précieux et surtout déterminant dans l’instruction et la mise en œuvre des projets communautaires du Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain (EEEOA)».
Il a rappelé que les principales missions de l’EEEOA sont, entre autres, de promouvoir et développer des infrastructures de production et de transport d’énergie électrique et mettre en place le marché sous régional de l’Electricité entre les Etats membres de la CEDEAO.
Une 16e AG de l’EEEOA qui se tient sous format hybride
Le secrétaire général de l’EEEOA, Apollinaire Siengui Ky, a d’abord salué l’implication des autorités burkinabè pour la tenue de cette 37e Réunion des Partenaires Techniques et Financiers de son institution à la veille de sa 16e AG qui se tiendra en mode hybride du fait de la Covid-19 qui sévit toujours dans le monde entier. «C’est l’occasion pour le West African Power Pool (WAPP) et par ma voix de saluer l’engagement et la détermination du gouvernement du Burkina Faso à construire un secteur énergétique dynamique et fiable dont le succès impactera très positivement le secteur énergétique de l’ensemble de l’espace CEDEAO », a déclaré l’ex-directeur de la SONABEL.
«Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que les relations entre le WAPP et ses Partenaires Techniques et Financiers sont dans leur phase de maturité et que nous partageons plus que jamais la même vision ; celle de faire de l’intégration des réseaux électriques nationaux de notre sous-région, la voie privilégiée conduisant à un marché régional où l’électricité est vendue et achetée à des coûts compétitifs », s’est félicité le secrétaire général de l’EEEOA.
Pour lui, grâce au soutien des PTF et malgré la pandémie de la Covid-19 qui frappe le monde entier depuis bientôt deux ans, «les douze derniers mois ont enregistré des avancées importantes pour (son) institution qui (leur) permette d’envisager le lancement de la phase 2 du marché régional de l’énergie électrique de la CEDEAO pour 2023 après la réalisation de l’interconnexion des pays continentaux en 2022 ». Cette avancée dans la mise en œuvre du marché régional laisse entrevoir de «nouveaux besoins de financement » autres que les financements habituels des études et travaux qui sont l’objet de notre collaboration, a-t-il déclaré. « C’est pourquoi nous avons voulu par cette réunion avoir une meilleure connaissance types de financement qu’elles offrent et pourraient offrir dans le cadre de la mise en œuvre du marché régional de l’énergie électrique », a précisé Apollinaire Ky.
Une requête de près de 3 milliards USD soumise aux PTF
«Comme à l’accoutumée, nous sommes réunis encore ce jour dans ce cadre statutaire de l’EEEOA qui est devenu un creuset d’échanges pour coordonner nos actions afin de sortir notre sous-région de la pauvreté énergétique », a fait observer dès l’entame de ses propos, le Commissaire chargé de l’Energie et des Mines de la CEDEAO, Sédiko Douka, pour qui, « le chemin semble long, mais nous avançons avec détermination et avec votre soutien, nous atteindrons certainement notre objectif ».
Pour cette session, la CEDEAO soumet aux PTF, « une requête de près de trois milliards USD constituant (ses) besoins en termes de préparations des projets, en termes de financement des infrastructures physiques et en termes de renforcement de capacité », a poursuivi Sédiko Douka, notant que la direction de l’Energie de la CEDEAO est en train d’élaborer une nouvelle politique régionale de l’énergie ainsi qu’un Code régional de l’électricité, documents qui seront opérationnalisés d’ici juin 2022.
« Déjà, au vu des réalisations notées depuis notre dernière rencontre, l’interconnexion électrique de l’ensemble des Etats continentaux de la CEDEAO sera une réalité en 2022 », s’est réjoui M. Douka qui a estimé que « la crise énergétique récurrente avec ses conséquences sur les économies de la région n’est toujours pas dans le passé » et donc il faudrait accélérer la mise en œuvre des projets des pays de l’espace. « Et pour cela, le soutien des Partenaires Techniques et Financiers est plus que nécessaire », a-t-il souligné.
L’EEEOA ou West African Power Pool (WAPP, en anglais) est une institution spécialisée de la CEDEAO qui vise à intégrer les réseaux électriques nationaux dans un marché régional unifié de l’électricité en vue d’assurer, à moyen et long termes, un approvisionnement en énergie électrique régulier, fiable et à un coût compétitif aux populations des États membres de la CEDEAO.
Par Bernard BOUGOUM