Quittera la CEDEAO? Quittera pas? Cette paire d’interrogations qui était dans toutes les discussions formelles ou officielles, ne devrait plus être d’actualité, depuis ce week-end du vendredi 13 décembre.
Les couleurs ont été annoncées par les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le vendredi 13, date réputée être maudite dans la croyance populaire. Ceux-ci ont confirmé que le retrait de leurs pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), n’était plus à négocier. Comme pour enfoncer le clou, et noyer tout effort de la CEDEAO de les retenir, en brandissant cet acquis certain qu’est la libre circulation des biens et des personnes dans son espace, le président du Mali et président en exercice de la confédération des Etas du Sahel (AES), le général Assimi Goïta, rend publique, le samedi 14, une batterie de mesures offrant aux citoyens ouest-africains, puisque c’est, désormais, de mise, de faire la part des choses, cette même possibilité d’aller et venir librement dans l’aire géographique de l’entité portée sur les fonts baptismaux, le 16 septembre 2023.
Mais, visiblement soucieux de maintenir la CEDEAO en vie, avec tous ses membres, y compris ceux qui sont partis, les chefs d’Etat de la CEDEAO, tout en actant leur départ, ce dimanche 15, à Abuja au Nigeria, ont gardé la porte ouverte, et ce, encore pour six bons mois. Mais, leurs médiateurs désignés, en l’occurrence le Togolais, Faure Gnassingbé et le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, seront-ils en mesure de rabibocher les deux parties, en séparation, pour les uns, et séparés pour les autres? En tout cas, pour la CEDEAO, six mois de chambre à part, sont encore en vue, pour essayer de ramener au sein de l’organisation sous-régionale, les trois Etats qui ont claqué la porte. Si, «on ne dit jamais, jamais», comme l’enseigne une sagesse bien répandue, la tâche des deux réconciliateurs en chef, n’est donc pas mission impossible mais n’en sera pas moins ardue.
Le 30 juillet 2025, étant considéré comme la nouvelle échéance que se fixe la CEDEAO, pour signer l’acte de divorce définitif, ou, le sait-on jamais, retrouver ses trois fils prodigues, cette période transitoire sera celle de la réflexion, des compromis et des grandes tractations qui pourraient bien dépendre également d’acteurs étrangers à l’Afrique de l’ouest, dont les principaux sont la France, qui est devenue non grata dans le Sahel africain, la Russie qui y fait son nid, et la Chine qui continue de rassembler large dans le monde, sans considération particulière aucune.
Pour l’instant, l’AES campe sur sa position et la CEDEAO, elle, plus que jamais, se trouve en pleine cure d’amaigrissement, mais tend toujours la main, jusqu’à l’épaule, espérant qu’elle soit saisie en face!
Par Wakat Séra