Quatre militaires français aux mains de la gendarmerie centrafricaine depuis ce lundi. Loin d’être un film d’action en compétition pour le prochain Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou, le célèbre Fespaco, les faits sont bien réels et les soldats, toujours en détention, sont accusés de tentative d’assassinat du chef de l’Etat centrafricain. L’histoire, assez rocambolesque, il faut le reconnaître, n’a pas encore dit comment ces hommes, seulement au nombre de quatre, auraient pu mener à bien cette entreprise plus proche de la témérité suicidaire que d’une opération réaliste. A moins de se croire tous «Commando» ou «Rambo», les quatre militaires n’avaient aucune chance de sortir vivant de cette «mission impossible» version centrafricaine.
Car l’aéroport, où devait atterrir, incessamment, l’avion du président Faustin-Archange Touadéra, qui revenait d’un séjour à l’étranger était sous haute surveillance. Si le scénario sécuritaire autour du président est le même que celui observé dans tous les pays africains, même une mouche aurait eu peur de voler autour de ces lieux, en ce moment précis, de peur de faire les frais de la nervosité des gardes lourdement armés et qui tirent, souvent, plus vite que leur ombre.
En attendant que toute la lumière se fasse sur cette affaire, les images des quatre militaires français embarqués comme de vulgaires bandits dans le pick-up bleu de la gendarmerie, ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux, partagées sans limite, comme pour parvenir à un lynchage médiatique qui servirait, sans doute, la cause des anti-français. En tout cas, la version fournie par l’ambassade de France à Bangui et l’ONU qui dénoncent une campagne de «désinformation grossière» est loin d’une quelconque tentative d’assassinat du locataire du palais présidentiel de Bangui depuis 2016. Les quatre militaires français feraient partie de la garde rapprochée du chef d’état-major de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca).
La Minusca n’a pas manqué de regretter ce qu’elle qualifie d’incident et dont elle condamne l’instrumentalisation. Sauf que les consommateurs insatiables des réseaux sociaux ont dévoré sans modération, ces images de casques bleus, comme par hasard de nationalité française, qui auraient tenté d’assassiner le président Faustin-Archange Touadéra. Le mécanisme de diffusion de cette info ou infox, bien huilé et comme prêt à servir, a utilisé des dizaines de comptes disséminés à travers l’Afrique, modus operandi bien connu des faussaires de l’information sur la toile.
Si les autorités centrafricaines n’ont pas encore réagi officiellement sur cet événement peut-être monté de toute pièce, il faut reconnaître que cette fameuse tentative d’assassinat de l’archange de Bangui, tombe mal pour une France en pleine tourmente dans les pays africains qui se sont amourachés de la Russie. Nul doute que la main invisible, mais bien connue, poursuivant un dessein caché, mais lui aussi connu, qui n’est pas à son premier coup, s’active déjà pour un autre coup car la bataille est rude et sera bien longue entre la France et la Russie qui ont choisi pour arène le sol africain. Une guerre qui se nourrit de la désinformation et de l’instrumentalisation, devenues des armes de destruction massive, plus dangereuses que les canons.
Par Wakat Séra