Les actions de Save The Children ont « sauvé » en 2023, de façon directe et indirecte, plus de six millions de personnes vulnérables, notamment des déplacées internes dans la région du Centre-nord du Burkina pour ce qui est du volet humanitaire. A l’occasion du 19 août, date consacrée chaque an à la célébration des actions des humanitaires, nous avons rencontré, du 12 au 14 août 2024, des bénéficiaires des Activités génératrices de revenus (AGR) qui ont exprimé leur reconnaissance à Save the Children, ONG œuvrant dans l’humanitaire, surtout la lutte pour l’épanouissement de l’enfant.
Depuis dix ans maintenant, le Burkina Faso est éprouvé par les attaques des groupes armés terroristes. En plus des structures étatiques pour venir en aide aux victimes, particulièrement celles qui ont fui leurs zones de résidence pour cause de représailles des terroristes qu’on surnomme Personnes déplacées internes (PDI), l’apport des ONG est inestimable. Début mai 2024, le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur), a ressorti dans ses statistiques que la province du Sanmatenga occupe la première place en termes d’accueil des déplacés internes au niveau national avec plus de 12,2%. Pour ce premier semestre 2024, c’est plus de « 4,17 milliards de FCFA » que Save The Children a déjà investi dans ses projets. Mais, à termes pour l’année, l’ONG attend un financement total de près de 14 milliards de FCFA.
« En 2023, la situation humanitaire du pays s’est détériorée avec une nette augmentation des personnes dans le besoin par rapport à l’année 2022 dont plus de la moitie constituée d’enfants », selon Benoit Désarte, Directeur Pays de Save the Children, notant que malgré des défis d’accès aux populations en raison de la situation sécuritaire, sa structure ainsi que ses partenaires ont pu atteindre les objectifs qu’elle s’est assignée. « Grâce à des efforts conjugués en 2023, nos interventions ont impacté 571 039 bénéficiaires directs, dont 384 158 enfants. Au total, 6 008 280 bénéficiaires ont été touchés indirectement grâce à nos projets et programmes. Par rapport à 2022, le nombre d’enfants touchés en 2023 a augmenté de 8,78% », a détaillé M. Desarte.
A Kaya, ce sont « 55 jeunes (46 filles et 9 garçons) » qui ont suivi une formation professionnelle. Save The Children a offert des filets de sécurité et actions de soutien à la résilience des familles. Il s’agit d’une distribution de vivres alimentaires aux profits de personnes déplacées et hôtes. Dans cette localité, ce sont « 6 483 femmes et 4 078 hommes » qui en ont bénéficié. Au titre du programme de résilience au profit de jeunes, Kaya et Barsalogho a enregistré « 99 filles (51 garçons, 120 femmes et 30 hommes) ». Selon toujours des précisions de l’ONG, en 2023, pour le volet des Activités génératrices de revenus (AGR), cest « 390 personnes qui ont été bénéficiaires ».
« Mon enfant a été soigné grâce à Save The Children »
Les actions de Save The Children se concentrent naturellement sur l’humanitaire. Dans ce sens, Adama Sawadogo, un déplacé interne venu de Dablo (près de 100 Km de Kaya) il y a plus de deux ans à cause de l’insécurité, est un des bénéficiaires des œuvres de l’organisme. M. Sawadogo vit dans un habitat moyen à Kaya avec trois femmes et 15 enfants. Il dit ne pas trop se plaindre de sa condition. Le seul bémol, c’est qu’il ne vit que de l’aide qu’il reçoit chaque fois. « Nous n’avons rien, avec quoi on peut entreprendre quelque chose ? Nous faisions l’agriculture, notamment la culture de la tomate. Si on a de l’aide dans ce sens, cela va beaucoup nous aider », a-t-il sollicité.
En termes d’aide alimentaire, ce déplacé interne dit avoir reçu avec Save The Children du riz, du maïs, du mil, des seaux d’eau, des vêtements et des nattes. « L’un de mes enfants aussi était malade et ils l’ont soigné. Il a bénéficié des examens et des médicaments. Donc, je loue vraiment leurs actions », a soutenu Adama Sawadogo.
Les bénéficiaires à travers les AGR demandent plus de moyens, notamment, le matériel
Entourée par les filles qu’elle forme, Wendpouiré Justine Ouédraogo, maître formateur des filles et garçons en couture, responsable de l’atelier « Wendpenga couture la grâce », s’est ouverte à notre micro. Elle a en charge 12 filles qu’elle forme pour la coupe et la couture. « Cela fait 12 ans que je forme les filles, mais cela fait deux ans que je travaille avec Save The Children. Save me donne des appuis divers. Il soutient les filles avec de l’argent de poche et du matériel pour leur apprentissage. Il soutient également les formatrices que nous avons avec de l’argent pour que nous puissions accompagner les filles », a-t-elle avancé.
Elle dit apprécier beaucoup les actions de Save The Children parce qu’elles ont « sauvé » bon nombre de PDI. Selon ses propos, il y a des filles qui n’avaient pas d’occupation et la situation de l’insécurité a fait augmenter leur nombre. « Elles ne savaient que faire, car il n’y a pas d’emplois. Mais Save est venue les aider. Beaucoup de filles vagabondaient seulement. D’autres se promenaient avec leurs petits commerces sur la tête et étaient très vulnérables. Certaines même ne savant plus à quel saint se vouer s’adonnaient à la prostitution. Et donc, l’accompagnement de Save The Childen leur est très bénéfique et cela les encourage à aller de l’avant en apprenant leur nouveau métier », s’est-elle prononcée.
Wendpouiré Justine Ouédraogo accompagne les apprenantes en formation comme en conseils. Et de ses dires, cela a aidé un gros lot de jeunes filles et garçons à se tirer d’affaire et laisser tomber beaucoup de vices. C’est pourquoi elle dit manquer de mot pour remercier infiniment le donateur à qui elle a demandé de continuer d’accompagner ces nombreux jeunes qui sont vraiment dans le besoin car « ça les sauve ». Elle demande à Save The Children de revoir aussi au niveau des mentors, car leurs moyens sont limités et ne leur permettent pas d’aider les jeunes vulnérables comme ils le souhaitent. « S’ils peuvent accroître l’aide à notre endroit, notamment pour le matériel, des machines et des tissus surtout », a-t-elle souhaité, indiquant que les prix de ses machines varient entre 80 000 francs CFA à 300 000 francs CFA.
Laurentine Kinda, déplacée, venue de Basneeré il y a trois ans, est stagiaire dans l’atelier Wendpenga couture la grâce ». Elle suit une formation de trois mois. Elle a d’abord remercié les actions de sa formatrice dont elle a relevé la gentillesse et son implication sans faille pour les encadrer avant d’exprimer toute sa gratitude à son donateur. Comme son mentor, elle a aussi demandé que Save The Children « augmente le nombre de leurs machines et les autres matériels pour plus d’efficacité ».
Des stagiaires en coiffure apprennent à faire la coupure, la manucure-pédicure, nattes…
A environ deux kilomètres de l’atelier de Justine Ouédraogo, se trouve l’atelier de Adissa Ouédraogo. Nous l’avons visité. Mme Ouédraogo est une formatrice en coiffure et cheffe d’entreprise. Cela fait trois ans de collaboration qu’elle entretient avec Save The Children. Elle dit avoir accompagné et formé une dizaine de jeunes filles en entrepreneuriat. « On leur apprend la manucure et pédicure, soins de visage et autres. Je juge déjà très bonne notre collaboration avec Save, mais nous allons demander plus la matière d’œuvre, à savoir les mèches, les gels, les défrisants, etc », a déclaré la formatrice, Adissa Ouédraogo.
La stagiaire Jacqueline Zoro, formée par madame Ouédraogo est une Personne déplacée interne (PDI) qui a fui Ankouma, une localité située dans la commune de Pensa, à environ 100 kilomètres de Kaya, à cause des attaques terroristes. Cela fait cinq ans qu’elle est arrivée dans la capitale régionale du Centre-nord du Burkina. Son stage « se passe bien », a-t-elle assuré, précisant que cela fait trois ans qu’elle est en stage chez Adissa Ouédraogo où elle apprend à faire le tissage, la natte, la tresse traditionnelle. Comme les autres bénéficiaires, elle remercie également beaucoup les donateurs. Elle a soulevé les mêmes préoccupations que sa formatrice, à savoir le besoin de l’augmentation du matériel de travail.
Des capacités des associations partenaires renforcées
Sur le terrain, Save The Children collabore avec d’autres associations d’envergure nationale ou régionale intervenant dans le domaine humanitaire et du développement. Suzanne Dulkom, coordonnatrice du projet, « Road to Recovery » nous livre son expérience avec l’ONG. Elle a affirmé que la collaboration de son association avec Save The Children qui a commencé depuis 2022, se passe très bien. « Ils nous appuient et renforcent nos capacités », a-t-elle soutenu.
A l’écouter, Save The Children a permis à l’Association pour le développement communautaire et la promotion du droit de l’enfant (ADC/PDE) d’encore plus élargir ses champs d’action dans les différentes communes au niveau du Centre-nord. « Avec le projet (Road to Recovery), nous avons pu aller dans les zones inaccessibles comme Pensa et Barsalogho. Grâce à Save aussi, ADC/PDE a eu beaucoup de partenaires. Ils nous ont vraiment accompagnés dans nos renforcements de capacités, mais aussi dans nos actions sur le terrain », a affirmé Suzanne Dulkom qui a confié que dans le cadre du projet « Road to Recovery », ADC/PDE a atteint « 1 500 enfants » à travers ses différentes activités.
Cliquez sur la vidéo pour suivre l’appréciation des déplacés
Grâce toujours à ce projet, selon la coordonnatrice de ADC/PDE, son association a accompagné des femmes dans différents métiers comme le tissage, la formation en saponification, en embauche et aux petits commerces. « Il y a au moins 314 bénéficiaires sur ce volet », a-t-elle indiqué.
Les Objectifs de Save The Children
Save The Children a, entre autres objectifs, de contribuer à promouvoir l’accès à une éducation inclusive, de qualité et transformative dans un environnement sûr et protecteur pour les enfants de 6 à 18 ans. Il a également pour mission de protéger les enfants contre toutes formes de violence, d’abus et de violation du droit des enfants, et renforcer les systèmes de protection de l’enfance au niveau national et communautaire. Il fait participer activement les enfants à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des programmes et des politiques, et les rend capables de plaider pour la protection de leurs droits et tenir les responsables dans un environnement sûr, équitable et transformateur de genre.
Par Bernard BOUGOUM