Le médecin-militaire, le colonel-major à la retraite, Alidou Jean Christophe Diébré, accusé dans l’affaire d’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons, de faux en écriture publique pour avoir écrit sur le certificat de décès du père de la Révolution burkinabè, « mort naturelle », a affirmé, ce jeudi 4 novembre à la barre, qu’il a délivré l’acte par « humanisme pour aider les veuves » dont celle du capitaine Sankara.
« Trois mois après le 15 octobre 1987, j’ai reçu trois femmes dont la veuve de Sankara. Elles ont demandé des certificats de décès pour les présenter à la mairie afin de bénéficier de documents administratifs », a déclaré le médecin Diébré à la barre.
Il affirme avoir, dans un premier temps, refusé car il ne savait pas quoi inscrire dans l’acte, mais vu l’état dans lequel se trouvait les dames, il leur a délivré les actes en mettant « mort naturelle » pour les aider car elles étaient dans le besoin.
« Je n’ai pas vu le corps, je ne sais pas de quoi il (Thomas Sankara) est mort, je ne pouvais pas écrire mort par fusillade », a-t-il dit en réponse aux questions du président de la Chambre de jugement qui a voulu savoir pourquoi il n’a pas mis mort par fusillade.
L’accusé dit reconnaitre n’avoir pas obéit à la rigueur de la déontologie. L’inscription « mort naturelle » sur l’acte de décès « est un diagnostic et non la cause du décès », a-t-il souligné notant qu’on ne peut pas mettre la cause du décès sans une autopsie.
« Pour nous, vous ne l’avez pas fait par humanisme, mais vous l’avez établi sur instigation », a fait savoir le parquet. Chose que l’accusé réfute, soutenant qu’en son temps il n’y avait pas cette personne. « Je l’ai fait en mon âme et conscience sans arrière pensée pour aider les veuves », a-t-il poursuivi.
« Aujourd’hui je me rends compte que le but que je visais n’est pas atteint. Si ces actes ont fait du mal aux bénéficiaires, je leur présente mes excuses et je leur demande pardon », s’est exprimé l’accusé Diébré.
A la suite de Alidou Diébré, c’est au tour du médecin colonel Hamado Kafando d’être appelé à la barre. Il a aussi délivré des actes de décès à des familles des victimes des événements du 15 octobre 2021.
M. Kafando, capitaine au moment des faits, est poursuivi pour faux en écriture publique. Il a fait des certificats de décès de Bonaventure Compaoré et autres où il a inscrit « mort accidentelle ».
Il reconnait les avoir délivrés dans le but d’aider les veuves et les enfants de ces personnes à entrer dans leur droit.
« Je pense que les certificats devraient atteindre un but et j’espère qu’ils l’ont atteint », a-t-il dit.
Selon l’avocat de la famille de Bonaventure Compaoré, Me Séraphin Somé, ses clients vives, du fait que sur le certificat de décès il est inscrit mort accidentelle, comme « une volonté de banaliser sa mort ».
Mais pour l’avocat de l’accusé, Me Moumouny Kopiho « il y a des motifs de compréhension à l’égard de son client », soutenant qu’ « il n’y a vraiment pas de quoi s’acharne s’acharner contre des personnes qui ont voulu rendre service ».
Par Daouda ZONGO