«Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne pouvait pas connaître…». Paroles de l’inoxydable qui vient de rendre La Bohème orpheline. Oui ces premiers mots de la chanson culte de Charles Aznavour qui vient de casser le micro, on peut les adresser aux jeunes africains de moins de trente ans au moins sans crainte de les offenser de ne pas connaître l’immense artiste qui malgré ses 94 ans garde ce charme vocal dont se sont délectés les anciens d’une certaine époque. L’artiste franco-arménien, auteur de près de mille deux cents chansons passées à toutes les sauces anglaise, française, espagnol, arménien, italien et allemand, a tiré sa révérence alors même qu’il était encore attendu sur une grande scène aux côtés de plusieurs chanteurs de renom dont la Béninoise Angélique Kidjo et le Canadien Garou. Un concert qui est prévu pour le 11 octobre prochain, à l’occasion du XVIIè sommet de la Francophonie. Ce retour sur la terre de ses ancêtres, Charles Aznavour ne l’effectuera pas au grand dam de ses nombreux fans qui espéraient encore jouir de cette voluptueuse voix de l’homme aux 180 millions d’albums vendus aux quatre coins de la planète.
Ce n’est pas un hasard s’ils sont encore légion, ces Africains férus de la grande chanson française qui ont encore dans leurs collections discographiques les œuvres de l’auteur compositeur, interprète, écrivain, et acteur, excusez du peu. Et même s’ils ne se comptent plus que sur les doigts des mains et des pieds ceux qui ont encore ses airs sur le bout des lèvres, ils n’en sont pas moins inconsolables, ces Africains qui pleurent la disparition du monument Aznavour. Un talent incommensurable qui a fait d’ailleurs de Charles Aznavour, le «chanteur de variété le plus important du XXè siècle» devant des monstres de la chanson comme Bob Dylan, Franck Sinatra et Elvis Presley. Mais si le cœur est lourd de douleur devant la perte de l’artiste, l’espoir de le garder encore vivant à travers ses œuvres est tout aussi grand. Et comme en Afrique les morts ne sont pas morts, Charles Aznavour demeurera éternel par ses chansons.
«La bohème, la bohème
On était jeunes
On était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout». Ainsi finissent les paroles de La Bohème comme la mort qui vient d’arracher Charles Aznavour «ne veut plus rien dire du tout». Salut l’artiste!
Par Wakat Séra