Accueil A la une Chefs d’Etat africains: qui ira à Saint-Pétersbourg et qui ira à Kinshasa?

Chefs d’Etat africains: qui ira à Saint-Pétersbourg et qui ira à Kinshasa?

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Le président congolais, Félix Tshisekedi (Ph. d'archives)

Comme il sait si bien le faire, le hasard du calendrier a l’art de mettre les hommes dans l’embarras. Il en est ainsi du rendez-vous au sommet, 2e du genre, entre la Russie et l’Afrique qui se tient à Saint-Pétersbourg les 27 et 28 juillet et les IXe jeux de la Francophonie qu’abritera Kinshasa, du 28 juillet au 6 août. Si bien des dirigeants africains, qui sont tombés sous le charme de Vladimir Poutine, soit à cause du sentiment anti occident à la mode depuis un certain temps ou pour des raisons de géopolitique, rallieront sans autre forme de procès la belle ville du nord-ouest de la Russie, d’autres ont coché en bonne place sur leurs tablettes, les Jeux de la Francophonie, à cause de la fibre francophone qui vibre toujours en eux et en soutien à leur homologue de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.

D’ailleurs, le président congolais lui-même ne répondra pas au tocsin sonné par le maître du Kremlin, non pas parce que, assurent ses proches, il est guidé par un esprit de boycott, mais pour des raisons «objectives» et «indépendantes de sa volonté». Comme quoi il ne faut pas se hasarder à défier l’ours russe sans un argument irréfutable. «Les Américains et les britanniques ont peut-être fait passer le message pour dire que ce n’était pas une bonne idée -d’aller à Saint-Pétersbourg- mais ça n’a pas vraiment joué», a dû avouer un autre proche du chef de l’Etat de la RD Congo, comme pour renforcer l’arsenal des excuses de son patron.

Pourtant, comme les dirigeants de certains pays du Sahel, notamment ceux pris entre les serres du terrorisme et se disent abandonnés en plein vol par la France, le 2e sommet et le Forum économique et humanitaire «Russie-Afrique» qui aura officiellement pour plat de résistance «la paix, la sécurité et le développement», semble bien accrocheur pour la RD Congo. Car ce pays, dont l’est, notamment une partie de la province du Nord-Kivu est assiégée depuis plus d’une année, par les rebelles du M23, a bien besoin de soutien pour le retour de la paix.

Question: n’est-ce pas, du reste, cette présence du M23 dans le Nord-Kivu où, ses éléments que la RD Congo et des experts de l’ONU, accusent le Rwanda d’être le soutien, sèment larmes et désolation, qui empêche la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, la Rwandaise, Louise Mushikiwabo d’assister au lancement des Jeux qui défendent les couleurs et valeurs de son institution? Interrogation à ne pas écarter, même si l’OIF affirme que sa patronne attendait une invitation que devrait lui apporter, le chef de la diplomatie congolaise «himself», mais qui n’est jamais venue. Mais la SG de l’OIF avait-elle besoin d’être conviée à «ses» propres jeux? En attendant que les experts qui savent cacher ce type de gros fil noir cousu sur du blanc, fassent leur travail, on peut, sans risque de se tromper, dire que la nationalité rwandaise de Louise Mushikiwabo a joué dans la balance.

En tout cas, la guerre d’influence fait rage et a dû faire son effet sur la participation de chefs d’Etat africains qui continuent d’être infantilisés, par certains qui leur dénient la claire conscience de choisir leurs partenaires. Actuellement, est-ce possible que la Russie ou l’Ukraine, ou la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, influencent un dirigeant africain dans la quête d’un partenariat nouveau ou de consolidation d’une ancienne relation? Si des chefs d’Etat ne peuvent décider de ce qui est bon pour leur peuple et être prêts à en assumer les conséquences au cas où, ce serait le comble!

Aller à Saint-Pétersbourg ou aller à Kinshasa? That is the question!

Par Wakat Séra