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Chine-Afrique: aide fatale, boue fatale!

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(Ph. Reuters)

Sur les cendres encore fumantes du 3è Forum de coopération entre l’Afrique et la Chine (Focac), Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France, et collaborateur de wakatsera. com, fait à travers cet article, une analyse réaliste des relations entre le continent noir et Pékin.

Les grandes nations se bousculent-elles au portillon de l’Afrique? Certes. Mais, tous les spécialistes des relations internationales prévoient que la présence de la Chine en Afrique «sera un fait majeur du demi-siècle à venir». En témoigne l’éclat qui a entouré, du 3 au 4 septembre 2018, le 3è Forum de la coopération entre ces deux partenaires, à Pékin, en Chine.

Si tout le continent y était représenté – au plus haut rang – les promesses du président chinois, Xi Jimping, d’accorder 60 milliards de dollars (52 milliards d’euros) d’investissements à l’Afrique, dès l’entame de la rencontre, ont constitué une sorte d’apothéose avant l’heure.

On imagine l’effervescence, chez les Africains, qui a parcouru la salle, à cet instant précis. La salve d’applaudissements ayant salué cette «manne», a roulé jusque dans l’Afrique profonde, écrasée par la misère. Y compris d’ailleurs dans ses capitales dominées par des bidonvilles crasseux. Là-bas, où un tel événement a l’air de déjà vu… avec son lot d’effets d’annonce. Sans plus.

C’est là la vision négative qu’entretiennent les peuples africains sur le modèle de la coopération financière entre l’Occident et le continent. Que cette coopération relève de la pratique bilatérale, multilatérale ou qu’elle se déroule dans le cadre des institutions internationales (Banque mondiale ou Fonds monétaire international).

Aide fatale, boue fatale!

Pour eux, c’est un faisceau d’activités qui aboutit au même résultat: le surendettement du continent ou, en d’autres termes, ce que Dambisa Moyo, économiste zambienne de renom, appelle «aide fatale». Laquelle, selon elle, maintiendrait l’Afrique dans la somnolence et la pousserait à «faire indéfiniment la manche, jusqu’à ce que mort survienne», précise-t-elle.

Depuis des décennies, beaucoup d’argent a circulé à travers cette «colonne vertébrale», déconnectée des vaisseaux sanguins du continent africain. Le constat est sans appel: l’argent de l’Occident n’a pas servi l’Afrique. Il était (il est) pour l’avantage de l’un et le désavantage de l’autre. L’autre, dont, en plus, les dirigeants siphonnent les deniers publics de leurs pays.

Faut-il regarder la Chine, à travers le même prisme rétrograde, alors que l’Empire du Milieu fait l’œuvre de bâtisseur, en Afrique? N’agit-elle pas dans la même logique que l’Occident, à travers les contrats léonins? Quel est son objectif ultime, quand elle érige comme règle de conduite le «ponce-pilatisme» dans les affaires politiques africaines?  C’est-à-dire se laver proprement les mains pendant que l’ami patauge dans la «boue fatale»?

Bonnet blanc, blanc bonnet!

L’ensemble de ces questions fait émerger la problématique des relations commerciales entre l’Afrique et ses partenaires occidentaux, d’un côté, et chinois, de l’autre. En réalité, entre les deux maîtres, il n’y a pas de «moindre mal». Si l’un s’occupe de la politique africaine, sans aider à enrayer la dictature -la gangrène-, et que l’autre se complaise à fermer les yeux là-dessus et à passer son chemin, pour ne voir que ses intérêts. C’est bonnet blanc et blanc bonnet!

Les 60 milliards de dollars dont il est question est un prêt. Celui-ci s’ajoute aux 14 % de dette de l’Afrique à la Chine, par rapport à sa dette globale.

La Chine, première partenaire commerciale de l’Afrique? C’est un fait. Mais, l’aide extérieure sera à jamais insidieuse, car composant avec la prédation. Quelle qu’en soit la provenance!

Par Jean-Jules Lema Mandu