Des musées littéraires post-nazisme ont été, entre autres, les images cinématographiques projetées, dans la soirée du mercredi 22 mai 2024, au Ciné Burkina, dans le cadre du Festival européen de cinéma de l’année.
«Oui, sa bouche peut être ouverte et sa peau semblée être jaune», a été l’avertissement d’un docteur à la morgue, à l’endroit de Jkarl, l’époux de Karen, une femme morte subitement. Une citation tirée du film Knight of Fortune ou le Chevalier de Fortune, du Suédois Lasse Noer. C’est un film de 26 mn et l’une des trois productions en catégorie court-métrage qui ont été projetées, dans la soirée du mercredi 22 mai 2024, à Ouagadougou, sur les écrans du Ciné Burkina. Un produit visuel de 2022.
Sans enfant ni parents proches, Jkarl, ne sera pourtant pas seul devant le cercueil de son épouse pour les derniers à dieu, en effet. Pour cause! Il aimait s’occuper de ses amis.
«Un monsieur qui a perdu sa femme et il lui serait difficile de se rendre à la morgue et de la voir dans le cercueil. Dans un regret total, dans la solitude, les amis l’ont porté du réconfort», c’est ce qu’a retenu, le cinéphile-élève de l’École nationale d’ Administration et de Magistrature (Enam), William K. Simporé, du personnage Jkarl, après le visionnage du film.
«Il y avait cet humour qui était dans ce film-là et qui rendait les personnages très attachants malgré le drame qui s’est produit. Enfin, l’atmosphère dramatique dans lequel se déroulait le film. J’ai vraiment beaucoup apprécié», a témoigné la cinéphile Ariane Zeba, toujours sur Knight of Fortune qui fût la deuxième projection de la soirée.
En effet, ce court-métrage suédois sorti en 2022, a été suivi de la projection du film Der letzte kulturdiplomat (Le Dernier diplomate culturel), le plus attendu de la soirée, selon de nombreux inconditionnels des salles obscures qui ont alors fait le déplacement au Ciné Burkina.
«Je suis venue principalement pour le dernier film, pour avoir entendu parler du Dernier diplomate culturel, parce que je trouve que la culture est tellement importante. Savoir qu’il y a des gens qui parcourent le monde pour partager la culture, échanger dans la culture, je trouve que c’est très, très important. Je voulais donc en savoir plus sur ce personnage», a poursuivi Dame Zeba sur la réalisation de 52 mn des Allemands Rainer Traube et Willie Schuman. C’est un film qui date de 2020.
Klaus-Dieter Lehmann est le personnage principal, voire la personnalité politique d’abord et culturelle ensuite, de l’Allemagne d’après 1945 (fin de la seconde guerre mondiale). Passionné de cultures et en occurrence d’œuvres littéraires, il ne voulait que bâtir des bibliothèques sous formes de musées. Seules choses dans lesquelles il voyait l’unique possibilité de réunifier les deux territoires germaniques (Est, Ouest) après les sorts dramatiques engendrés par le nazisme d’Adolphe Hitler.
«C’est une diversité de cultures. Il y a un (film) qui est belge, un autre qui est danois et le 3è de l’Allemagne. Moi je suis Allemand, donc je m’y retrouve. Je trouve que c’est intéressant et c’est bien aussi qu’on offre cette opportunité au public burkinabè pour justement voir un peu les visions, le monde et aussi les expressions artistiques à travers de petites productions européennes», s’en était fortement réjoui le cinéphile, Karsten Mecklenburg.
L’acteur Lehmann est le Directeur général de la bibliothèque allemande de Francfort lorsque le mur de Berlin tombait en 1989. Peu de temps après, il réalise son premier coup d’éclat en parvenant à réunir la bibliothèque de Francfort, ouest de l’Allemagne et celle de Leipzig à l’est. Les deux centres littéraires, deviendront la Bibliothèque nationale allemande. Une très grande prouesse diplomatique au sein de la nouvelle Allemagne et qui conduira Klaus-Dieter Lehmann à Bangkok (Thaïlande), et sur les traces du dieu-pharaon de l’Égypte antique, Néfertiti aux abords du Nil. Des recherches qui ont nourri l’Institut Goethe de l’Allemagne post-conflit qui, d’ailleurs, compte de nos jours 151 représentations dans le monde.
«Pour le dernier film, une œuvre allemande, j’ai vite compris que l’Allemagne veut nous faire comprendre que, la culture ou les écrits, il faut vraiment les sauvegarder pour les générations à venir. Il y a également leur façon donc de véhiculer leur culture, notamment, la langue allemande», a soupiré l’énarque William K. Simporé.
Sur la première diffusion de la soirée, Les Silencieux, Mme Zeba a montré sa stupéfaction et son insatisfaction sur la suite donnée à l’horreur rencontrée par les trois pêcheurs, personnages du cinéaste belge, Basile Vunillemin.
«La première projection, c’était vraiment très, très prenante. Pour un court métrage on aimerait voulu que ça soit plus long parce que c’est un film vraiment très prenant, je trouve», a dit la cinéphile.
Une projection cinématographique qui n’a guère aussi laissé indifférent le monsieur en formation à l’école de l’administration et de magistrature de Ouagadougou.
«Au premier film, ce sont des gens qui étaient en campagne de pêche. Et ça s’est mal tourné. Ça m’a donné vraiment la chair de poule», a fait savoir, un peu plutôt, M. Simporé.
En rappel, le Festival européen de cinéma 2024 est une initiative européo-burkinabè et dédiée à la production de la catégorie Court-métrage du 7ᵉ art. Débuté mardi dernier, il est prévu pour prendre fin, le vendredi 24 mai prochain, avec Les trois lascars du Burkinabè Boubacar Diallo. Une production de 90 minutes. Mais en attendant, dans la soirée de ce jeudi, sur les écrans du Ciné Burkina est attendu le film Étincelles, du Français d’origine africaine, Bawa Kadade Riba. Une oeuvre de 62 minutes.
Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)