Des acteurs culturels et des cinéastes en particulier ont échangé ce mercredi 7 décembre 2022 à l’université Joseph Ki-Zerbo sur le thème: « Contribution du cinéma dans la valorisation du patrimoine culturel africain« , lors d’un panel débat organisé à l’occasion de la cinquième édition du Festival des identités culturelles (Festic).
Les différents intervenants ont d’abord interpellé les réalisateurs qui ont un grand rôle à jouer dans la promotion et la sauvegarde du patrimoine culturel africain à travers leurs différentes productions et demandé aux autorités d’accorder de l’importance à cette thématique car le cinéma est un vecteur puissant dans la valorisation de notre patrimoine culturel matériel et immatériel.
La cinquième édition du Festival des identités culturelles (Festic) s’est penchée cette année sur la problématique de l’apport des productions audiovisuelles au rayonnement du patrimoine culturel africain. Trois spéciales des questions en lien avec le thème se sont entretenus dans un amphithéâtre à l’université Joseph Ki-Zerbo, la plus grande université publique du Burkina, pour échanger avec des acteurs culturels et des étudiants intéressés par la question du cinéma essentiellement.
« Nous avons un patrimoine culturel très riche mais qui n’est pas assez valorisé. Alors nous avons réfléchi sur ce que peut être la contribution du cinéma dans la valorisation et la sauvegarde du patrimoine culturel », a déclaré le directeur du FESTIC, Wend-Lassida Ouédraogo qui s’inquiète que chaque jour on assiste à la disparition de nos valeurs culturelles.
Pour lui, cette activité vise à faire prendre conscience de l’importance du patrimoine culturel et de sa question de survie. « Que réserver à cette allure à nos enfants et petits-enfants. Alors, notre choix sur cette thématique est d’intéresser les cinéastes, notamment les réalisateurs au domaine du patrimoine culturel, à l’explorer et à l’exploiter pour qu’on puisse mieux le connaître et mieux le préserver, et aussi porter les valeurs de notre pays à l’extérieur », a affirmé M. Ouédraogo.
Spécialiste et enseignant du patrimoine culturel il y a au moins 20 ans, à l’université et à l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), Oumarou Nao, selon son regard, pense que le cinéma burkinabè fait montre d' »un certain dynamisme professionnel même si le contexte est assez difficile » pour le pays, en proie aux attaques terroristes depuis sept ans maintenant.
Il a déploré l’insécurité qui freine les cinéastes burkinabè dans leur élan, pointant, en plus du doigt un manque réel de volonté politique pour accompagner le cinéma. « Assurément il y a un manque de volonté politique à faire rayonner davantage le cinéma parce que d’énormes fonds sont dépensés dans d’autres domaines qui contribuent moins au développement que le cinéma », s’est-il offusqué alors que le cinéma est l’une des meilleures solutions pour valorisation et sauvegarder le patrimoine culturel africain.
En quoi le cinéma peut contribuer à la valorisation du patrimoine culturel ? Sur cette question, le producteur togolais de films, Joël M’Maka Tchédré, a répondu que « le cinéma permet de constituer une mémoire à travers les images qui vont être conservées. Ces images peuvent être regardées 10 ; 15 ou 100 ans après ».
Cela, a-t-il expliqué, « puisqu’avec la numérisation on peut garder encore plus longtemps ces images. Et ce sont des images qui vont permettre de montrer une bonne image de nos pays, de nos différentes régions ». Donc, au regard de ces éléments d’analyses, il a trouvé que « le cinéma est d’une très bonne contribution au rayonnement du patrimoine culturel et au développement de ces pays ».
Les communicateurs ont relevé à travers plusieurs exemples de productions cinématographiques africaines et étrangères, comment le patrimoine qu’il soit matériel ou immatériel africain est mis en valeur.
« Et donc, on a tous convenus qu’il y a une pertinence aujourd’hui de mettre en lumière certains patrimoines qui sont en voie de disparition. Soit à travers des documentaires ou des films de fiction pour les faire découvrir par la nouvelle génération qui peut-être méconnait beaucoup de nos patrimoines aujourd’hui, ou peut-être les Africains qui sont de la diaspora ou qui sont nés dans la diaspora et n’ont pas eu l’occasion de fouler le sol africain », a soutenu le spécialiste togolais dans la production audiovisuelle et cinématographique.
Pour le spécialiste des questions d’audiovisuel et de leurs techniques d’appréhension des valeurs culturelles africaines, Dr Souleymane Ganou, le cinéma est d’une importance capitale pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel africain.
« Quand on parle de l’audiovisuel, il y a déjà l’esprit de l’image derrière. L’image est un facteur qui a toujours séduit et ceux qui l’ont rapidement compris l’ont exploitée pour pouvoir diffuser leur idéologie, leur perception du monde », a fait savoir Dr Ganou qui a noté que le cinéma aussi en tant qu’art va mobiliser des questions esthétiques pour diffuser la perception du monde.
Il a signifié que « le patrimoine culturel fait partie de cette perception du monde qui va prendre en compte l’histoire et l’idéologie de la société à laquelle le cinéaste appartient ».
Par Bernard BOUGOUM