Kirsty Coventry, présidente du Comité olympique international, depuis ce jeudi 20 mars 2025! La Zimbabwéenne n’aura jamais goûté autant, comme cette fois-ci, la joie d’occuper la première marche d’un podium, après avoir coulé, en nageuse de grande classe, les six autres compétiteurs, dans une course pour laquelle elle n’était, tout au plus, qu’une outsider condamnée à tenir la queue! Malgré son tableau de chasse bien fourni en titres sportifs, toutes les réalités, essentiellement les idées préconçues et les clichés de la négation, militaient en défaveur de la nageuse, pourtant détentrice de sept médailles olympiques dont deux en or et de trois titres mondiaux en grand bassin.
Morceaux choisis: Elle n’a que 41 ans, alors que ses challengers en ont, tous, bien plus. Elle ne vient pas d’un pays cité parmi les puissants de ce monde, contrairement à ses co-concurrents au sein desquels figuraient un prince et un lord. Elle n’est pas, comme les six autres candidats, qu’elle a battus à plate couture, originaire d’un continent qui compte dans les instances internationales du sport olympique, et du sport en général. Et, enfin, le plus gros désavantage, elle est une femme, qui a osé descendre dans une arène dominée par des hommes, dans un monde où sa place à elle, selon les clichés, devait être, au foyer, derrière les fourneaux, ou à faire les devoirs de maison avec les enfants, après les avoir ramenés de l’école.
Mais, contre toute attente et déjouant tous les pronostics, celle qu’il faut appeler désormais, avec la déférence qui sied, «Madame le président», a brisé toutes les barrières et surtout les préjugés qui collent encore à la femme africaine. Faisant de «Ubuntu», entendez par là «je suis car nous sommes», sa valeur cardinale, la championne a mis en avant l’idée de communauté, propre à la vie en Afrique. Elle fait, ainsi, honneur à l’Afrique sur la scène mondiale, mais surtout à la gente féminine, preuve que le sport n’a pas de barrière, encore moins de sexe. Mais plus qu’une victoire sur les hommes, c’est un nouvel esprit de complémentarité qu’elle compte fait souffler sur l’organisation qu’elle entend diriger avec «une grande fierté, avec nos valeurs».
Tout en demeurant convaincue qu’il urge d’instaurer «une meilleure représentation des femmes dans les fédérations internationales et dans les comités nationaux olympiques», la première plus jeune, la première femme, la première africaine, présidente du CIO, doit garder à l’esprit, que privilégier l’universalité du sport constituera sa meilleure arme pour réussir son mandat de huit ans, et, enchaîner avec un autre de quatre ans, si les planètes demeurent alignées pour elle.
La spécialiste des premières, qui a remporté une élection historique, vient donc de rebattre les cartes dans un monde sportif où être homme était un privilège pour briller, non seulement sur le terrain, mais aussi à la tête des centres de décisions. Kirsty Coventry, est devenue une étoile polaire pour ses consoeurs et les jeunes avec tous les avantages, mais aussi la contrainte de réussir dans cette mission au cours de laquelle elle devra faire jouer son expérience de la ministre en charge des Sports et de la jeunesse, qu’elle était dans son pays, le Zimbabwe, jusqu’à cette élection qui fera date dans les annales du CIO. A l’instar des amazones du roi Ghézo au royaume de Danxomè, actuel République du Bénin, il faudra, à, «Mme le président», le courage et l’engagement sans faille, pour défendre les valeurs de l’olympisme mondial. Kirsty Coventry a le devoir de remporter, pour le rayonnement du sport à travers la planète, des victoires qui seront, peut-être plus difficiles que son accession historique au sommet du CIO.
Aux jeux olympiques, l’essentiel n’est plus seulement de participer, selon la vision de leur illustre fondateur, le Baron Pierre de Coubertin, mais de gagner!
Ubuntu, «Mme le président»!
Par Wakat Séra