La société civile africaine réclame des mesures concrètes pour affronter les changements climatiques dans un rare mouvement d’unisson
La Caravane africaine pour le climat fera résonner sa voix au Climate Chance Summit (Dakar) et à la Pré-COP (Kinshasa).
A quelques semaines de la tenue de la COP 27 à Charm-el-Cheikh, plus d’une centaine d’organisations de la société civile africaine sillonnent actuellement 28 pays du continent jusqu’en Égypte pour présenter leur Déclaration commune réclamant plus de justice climatique.
Ensemble, les 28 pays participants attendent de leurs Chefs d’Etats et de gouvernements qu’ils défendent les intérêts de leurs propres populations. Notamment en soutenant la transition agroécologique et les droits des communautés paysannes, en préservant les milieux naturels et en exigeant une plus grande redevabilité des pays émetteurs pour financer les mesures d’adaptation sur le continent. Tout en assurant une meilleure représentation des jeunes et des femmes dans les instances décisionnelles.
Ils demandent aussi à l’ensemble de la communauté internationale de respecter ses engagements climatiques issus de l’Accord de Paris – notamment de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique dans les pays en développement jusqu’en 2025 (un objectif qui a été manqué de 16,7 milliards de dollars en 2020) – et de prendre sa juste part dans cette crise climatique qui affecte particulièrement le continent africain.
Ce mouvement d’unisson reflète l’ampleur de la crise climatique en Afrique. Le continent est frappé d’une crise de la faim sans précédent dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Ouest – 66 millions de personnes sont menacées par la faim en partie à cause des sécheresses qui deviennent plus fréquentes et plus graves à mesure que les précipitations deviennent plus irrégulières et imprévisibles.
Comme l’a rappelé la semaine dernière un rapport publié par Oxfam, l’aide des pays riches à l’Afrique de l’Ouest pour faire face aux changements climatiques est insuffisante et aggrave dangereusement les niveaux d’endettement.
C’est donc « Tambour battant vers la COP 27 », du nom de sa campagne continentale, que la Caravane africaine pour le climat poursuivra sa route dans les prochains jours au Sénégal et en République Démocratique du Congo à l’occasion du Climate Chance Summit et de la Pré-COP.
Ces deux événements ont en commun de réunir des officiels, des institutions, des coalitions nationales, des représentants de la société civile et notamment des mouvements issus de la jeunesse.
« Jusqu’à il y a peu, les couloirs feutrés de lieux de discussion tels que la COP excluaient de leurs perspectives celles et ceux qui étaient les plus touchés par l’urgence climatique, et pourtant les moins responsables.
Désormais, nous voulons faire entendre nos histoires, mais également nos aspirations et nos idées. Et les gouvernements du monde entier ont le devoir de nous écouter et d’agir », explique Séna Alouka, directeur des Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE) Togo et coordinateur de la Caravane aux côtés d’autres partenaires.
Après avoir organisé de nombreuses activités de sensibilisation et de ralliement dans leurs pays respectifs, les caravaniers dévoileront publiquement, mardi 4 octobre à 12h UTC lors d’une conférence de presse en ligne, leur Déclaration commune qu’ils remettront aux nombreux décideurs politiques rencontrés sur leur passage.
«Les Caravanes nationales sont aussi l’occasion de mobiliser les populations locales et de leur rappeler que les changements dans leur environnement local ont des causes mondiales. Car on le sait: toute l’Afrique – via ses communautés, ses pays, et ses écosystèmes – paie le prix de l’inaction mondiale alors qu’elle a le moins contribué aux changements climatiques » estime Azara Remalia Sanogo, Conseillère régionale « justice alimentaire et climatique » pour Oxfam en Afrique de l’Ouest.
À travers les témoignages, les actions de terrain, les débats, mais aussi son travail d’influence, la Caravane africaine pour le climat entend augmenter la pression citoyenne africaine sur les gouvernements nationaux et lors des négociations internationales.
Elle espère ainsi contribuer à un mouvement de justice climatique plus fort, plus dynamique et plus pérenne à l’échelle mondiale.