L’opposition politique burkinabè a salué ce mardi 9 juillet 2019, au cours de son traditionnel point de presse, l’auto-saisine du Conseil Constitutionnel qui veut vérifier la conformité du nouveau Code pénal querellé au traitement de l’information sécuritaire, considérée comme une « loi liberticide » par des organisations professionnelles de médias et d’autres structures des droits humains.
La traditionnelle conférence de presse de l’opposition a été animée ce jour par Amadou Diemdioda Dicko, quatrième vice-président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), le parti leader de l’opposition burkinabè, et de Adama Séré, président du Rassemblement des Ecologistes du Burkina Faso (RDEBF). Au menu la crise humanitaire née du terrorisme, le prélèvement de manganèse de la mine de Tambao, l’auto-saisine du Conseil constitutionnel au sujet de la révision du Code pénal, et l’inscription des sites métallurgiques du Burkina Faso au Patrimoine de mondial de l’UNESCO.
Mais, avant d’aborder ces points dans les détails, les interlocuteurs des journalistes ont rappelé que cela 190 jours que le drame de Yirgou a eu lieu et jusqu’à ce jour, « ni les assassins du chef de Yirgou et de sa suite ni les commanditaires et exécutants du massacre des Peulh n’ont été arrêtés ». Tout en dénonçant « cette impunité », l’opposition exige de la justice burkinabè qu’elle prenne ses responsabilités en rendant une justice « impartiale et dans de meilleurs délais ».
Ensuite, les conférenciers se sont alarmés du flux massif des déplacés internes constatés ces dernières semaines dans le Sahel et le grand nord du pays. L’opposition politique invite donc le gouvernement à initier une opération dénommée « Bori Bana (la fuite est terminée) », qui consistera en une vaste opération de sécurisation dans des zones attaquées, en les réinstallant et à travailler au renforcement de l’Administration (surtout sécuritaire) dans les lesdites zones, et en des plans de ripostes et de résilience impliquant les populations elles-mêmes ». « Si le gouvernement continue dans l’indifférence et dans l’inertie, il trouvera un beau matin une bonne partie du Burkina aux portes de Ouagadougou », a prévenu M. Dicko.
Les conférenciers sont revenus sur le prélèvement de minerais à Tambao. Et selon les explications que l’opposition dit avoir reçues, cela vise à permettre à « désintéresser les ex-travailleurs et des créanciers de la société Pan African Tambao ». L’opposition dénonce cette opération qui n’a pas associé les « populations et les autorités locales. « Ni les conseillers municipaux de Tambao (relevant de la commune de Markoye), ni le maire par intérim, encore moins les populations, n’ont été informées de cette opération », a regretté Amadou Diemdioda Dicko. Néanmoins, l’opposition s’est réjouie du fait que le problème des ex-travailleurs puisse connaître un début de solution. Elle demande d’ailleurs que « les dédommagements aux populations locales et à la mairie puissent se faire assez rapidement.
« L’opposition politique a appris que le Conseil constitutionnel s’est auto-saisi pour contrôler la constitutionnalité de la loi portant modification du Code pénal du 31 mai 2018 », a déclaré l’opposition.
En attendant une décision dans le fond sur cette affaire, l’opposition « félicite » Conseil constitutionnel pour son « courage », a ajouté M. Dicko qui s’est réjoui, au nom toujours de l’opposition de la position de l’Union d’action syndicale (UAS) et de certaines Organisations de la société civile qui rejettent cette loi « liberticide ».
L’opposition dit éprouver une « grande fierté » après avoir appris que le Burkina Faso, a, le vendredi 5 juillet 2019, « inscrit les sites de métallurgie ancienne du fer du Burkina Faso sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO », lors de la 43e session du comité du patrimoine mondial ouverte le 30 juin dernier à Bakou, à Azerbaïdjan. C’est pourquoi elle « félicite et remercie tous les techniciens » qui ont travaillé sur ce dossier. Ces sites, a continué Diemdioda Dicko, « sont chargés de symboles, en ce qu’ils invitent les différentes communautés vivant au Burkina à la cohésion et à la réconciliation en ces heures difficiles ».
Par Bernard BOUGOUM