Des agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS, unité d’élite policière), ont tenu ce jeudi 10 août, un rassemblement devant leur groupement à Wemtenga, au Centre-est de Ouagadougou. Ainsi que l’a annoncé Wakat Séra hier, ces CRS ont «contesté le rapport d’investigation» sur le compte 49 de la police nationale, publié mardi 8 août.
Ces agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), ont montré leur mécontentement vis-à-vis de l’enquête menée sur le compte 49, qui n’avait relevé aucune « malversation ». Les manifestants, remontés, ont même demandé à leur hiérarchie du Groupement, de quitter le camp, en vue de mettre la pression sur les autorités du pays afin qu’elles se penchent urgemment sur leur revendication portant notamment sur le compte 49 et la constitutionnalisation de leurs corps.
Les agents de la CRS « contestent le rapport d’investigation du compte 49 et rejettent absolument que ce compte soit utilisé pour (les) équiper car la police nationale n’est pas une société privée. Nous demandons que des mesures disciplinaires soient prises à l’encontre des présumés coupables de mauvaise gestion et de malversation. Nous demandons une dotation conséquente de tenue et de matériels pour mener à bien nos diverses missions », a déclaré un agent, qui a requis l’anonymat.
« M. le président (Roch Marc Christian Kaboré) garant de la démocratie, nous ne vous demandons pas l’impossible mais juste le minimum pour mieux servir notre très chère patrie », a poursuivi notre interlocuteur qui estime que « la réaction » du chef de l’Etat « pourra éviter le comble total dans les jours à venir car (les agents) ont perdu espoir vis-à-vis du ministre de la Sécurité (Simon Compaoré).
Ces manifestants demandent, par ailleurs au président « la constitutionnalisation de la police qui pourrait être la solution à beaucoup de problèmes que vivent les agents actuellement ».
Selon un autre agent, « si rien n’est fait concernant le compte 49 dans les 72H qui suivent, beaucoup de choses vont arriver et toute la police risque d’être dans le mouvement car pour le moment (leur) syndicat (UNAPOL, Union de la police nationale) n’a pas encore pris les choses en main ».
« Jugez-en-vous-mêmes ! On ne peut pas comprendre qu’il y ait un compte (49) à la police où ce sont les agents qui travaillent à (le) renflouer et on vient leur faire comprendre que ce compte est fait pour les équiper alors que nous avons une nouvelle tenue dont on ne peut pas nous doter. Est-ce que la police doit s’équiper elle-même ? », s’est-il interrogé.
Les manifestants ont laissé entendre que dans les 72 H d’ultimatum qu’ils ont donné, « s’il n’y a aucune réaction, (ils) allaient passer à la vitesse supérieure en levant la garde au niveau de certaines mines dont Kalsaka Mining qui leur doit dix mois d’arriéré de paiement de services payés ». En plus des mines, ils lèveront la garde également au niveau des « ambassades » si les autorités restent silencieuses.
Les manifestants dénoncent la période des trois ans (2014-2016) arrêtée pour l’enquête sur le compte 49, car le fonds existant depuis 1979, cette période ne permet pas d’appréhender la réalité du fonds, c’est-à-dire «comment l’argent est perçu, quelles sont les dépenses effectuées et pourquoi, et qu’est-ce qui concrètement revient aux différentes directions régionales et aux agents », a expliqué notre source.
L’Union de la police nationale (UNAPOL) avait dénoncé cette tranche (2014-2016) jugée « largement insuffisante pour une enquête ». « Le rapport ne révèle pas le montant exact qui existe dans ce fonds actuellement », avait indiqué son secrétaire général, le commissaire Wakilou Sénou, qui a affirmé le jour de la publication du rapport que cela constituait un « manque de transparence ».
Par Mathias BAZIE