Me Mathieu Somé a affirmé que la peine de 20 ans d’emprisonnement ferme prononcée contre le général Gilbert Diendéré, dans le cadre du procès du coup d’Etat manqué de 2015 est «excessive». L’avocat de l’ex-homme de main de l’ancien président Blaise Compaoré, renversé fin octobre 2014, a ajouté face à la presse, que «ce jugement est ostensiblement politique».
Wakat Séra: Quelle appréciation faites-vous du verdict prononcé contre Gilbert Diendéré?
Me Mathieu Somé: Je vais tabler sur deux points à savoir que l’attentat à la sûreté de l’Etat et les coups et blessures volontaires retenus contre mon client me posent problème. Sur le dernier point, il fallait caractériser l’infraction, ressortir l’élément matériel, l’acte posé, l’élément intentionnel, c’est-à-dire la volonté de poser cet acte.
Selon vous, le parquet n’a pas fait ce travail?
Le parquet militaire n’a pas fait ce travail, raison pour laquelle les éléments constitutifs de l’infraction ne sont pas établis. Si aujourd’hui on retient ça contre des gens, nous ça nous pose problème, c’est même aller à l’encontre de la décision du Conseil constitutionnel.
20 ans contre la perpétuité requise par le parquet, n’est-ce pas bon à prendre?
Une condamnation n’est jamais bonne à prendre. Pas du tout! Vingt ans, c’est excessif. Ce d’autant plus que nous critiquons la motivation. L’attentat à la sûreté de l’Etat, est-ce qu’il y avait un Etat légal le 16 septembre 2015? Nous avons posé cette question. Pour nous il n’y avait pas de régime légal puisque le pouvoir qui était en place était assis sur une charte et non une Constitution.
Maintenez-vous après la prononciation de ce verdict que ce procès est politisé?
Nous pensons que c’est un jugement ostensiblement politique. Et cela est clair vu ce que j’ai fait ressortir en fonction de l’instruction, à savoir toute la stratégie mise en place pour atteindre des personnes. Il y a d’abord ceux de la hiérarchie militaire qu’on a protégés. Même les juges qui les ont convoqués, on les a dessaisis du dossier. Deuxièmement, on a mis en place une stratégie qui consistait à affaiblir la défense des accusés, en déclarant irrecevables les constitutions d’avocats et autres. Après, tous les principes d’expertise, de perquisitions, ont été violés. La loi n’a pas été respectée et je l’ai dit. L’expertise des appareils n’a pas suivi les règles. Donc vous voyez que la décision est fortement critiquable.
Par Bernard BOUGOUM