Guénon, Tenkodogo, Banfora, Zoaga et maintenant Fada. On peut allonger la liste. Presque toutes les chefferies traditionnelles au Burkina Faso sont de plus en plus marquées de sang et certains chefs sont assis sur des cadavres. Un peu comme ces chefs d’Etat, arrivés au pouvoir après avoir versé le sang d’innocents citoyens. C’est devenu presque un rituel de passer par des querelles successorales avant d’introniser les chefs, comme si ces conflits faisaient partie des coutumes.
Et ce qui se passe à Fada présente tous les signes d’une crise. Un chef a été intronisé vendredi 15 mai 2020 et un autre annonce son intronisation pour le lundi 18 mai. Un conflit couve sans aucun doute, mais, le gouvernement a porté son cache-nez qui lui ferme malheureusement aussi les yeux, si fait qu’il ne voit pas le danger venir à l’Est. Il n’est point besoin pourtant de lire dans le sable pour sentir cette odeur de brûlé.
Que diantre attend le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré pour anticiper et éviter l’enlisement dans ce conflit déjà existant autour de la chefferie du Gulmu? Ce ne serait pas la première fois pour l’Etat de s’ingérer dans la gestion de la chefferie coutumière, surtout quand ça ne va pas. Qui plus est, il est de son devoir d’éviter que les habitants de Fada, voire ceux de toute la région de l’Est, déjà éprouvés par le terrorisme, ne vivent une nouvelle crise dont on ignore la portée. Le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré ne va pas continuer à accepter que le Burkina soit un condensé de conflit.
Alors, qu’il prenne dès à présent les devants pour empêcher que la situation explose et qu’il y ait écoulement de sang. Parce que ce qui se passe à Fada, autour de la succession de Sa majesté le Kupiendieli, n’est pas du spectacle, mais un spectre qui s’agite! Il faut trouver les moyens d’étouffer ce «poussin» dangereux dans l’oeuf. Sinon plus tard sera peut-être trop tard!
Par Boureima DEMBELE