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Conseil de sécurité de l’ONU: deux sièges permanents pour mieux diviser les Africains?

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Qui siègera pour l'Afrique comme membres permanents au Conseil de sécurité de l'ONU?

Au titre des réformes de l’Organisation des Nations Unies, et dans le souci, selon les Etats-Unis d’un rééquilibrage des relations internationales, le pays de l’Oncle Sam soutient la démarche de l’attribution de deux sièges permanents pour l’Afrique, au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. De ses trois sièges non permanents, dans ce cercle strictement réduit de cinq membres depuis sa création en 1945, le continent noir, pourrait bien se voir ouvrir ce saint des saints, avec un statut nouveau. Ce ne serait que justice rendue aux Africains qui constituent 30% des membres de l’ONU. Seulement, comme on le dit trivialement et dans un français approximatif dans les marchés africains, «c’est bon, mais c’est pas arrivé».

Et il faut que les Africains le sachent de go, et ne se fassent pas de fausses illusions, si le processus aboutit, ils n’auront pas le droit de veto. Contrairement au Royaume-Uni, la Chine, les Etats-Unis, la France, et la Russie, les vainqueurs de la Seconde guerre mondiale, les seuls pays qui en disposent, ce qui leur permet de régner en maîtres sur le reste du monde, en bloquant les décisions qui sont contre leurs intérêts, les Africains jouiront d’un privilège bien étrange. Alors que leurs voix sont très courtisées et appréciées, lors de la prise de grandes décisions, notamment les sanctions contre tel ou tel pays, qui, généralement n’est pas, ou n’est plus, en odeur de sainteté avec les puissances occidentales, les Africains demeureront écartés de ce droit de veto. Ce droit qui constitue arme favorite des «grands» qui en font usage, et en abusent même, parfois, juste pour nuire à une nation, ou un groupe dont les intérêts politique, économique ou idéologique, sont divergents des leurs.

Questions: même sans droit de veto, plus que pour son bien, n’est-ce pas un autre moyen de diviser davantage l’Afrique, dont les dirigeants ne sont d’accord que sur leurs…désaccords? Si les deux sièges permanents sont accordés à l’Afrique, seront-ils, eux-aussi, tournants comme dans le cas des trois non permanents? Sinon, à qui iront-ils et sur la base de quels critères? Certains analystes voient bien en position de favoris, des pays comme l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigéria, le Sénégal, le Maroc. Mais pourquoi pas d’autres pays? Est-ce l’Union africaine, où l’unanimité est loin d’être la chose la mieux partagée et dont le siège à Addis-Abeba en Ethiopie a été construit par la Chine et qui vit de subsides de l’Union Européenne, qui fera le choix des nouveaux membres permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité? Est-ce que ces pays, s’ils deviennent membres permanent, défendront toujours les intérêts du continet? Ne seront-ils pas tentés de prêcher pour leur propre église, ou bien même pour un autre pays non-africain, donc contre l’Afrique? Autant de questions qui sont la preuve que la désignation des deux pays pour siéger comme permanents au Conseil de sécurité, ne sera pas chose aisée.

Et si, comme un os jeté à une meute de chiens, cette intention de soutien manifestée, déjà en son temps par d’autres pays, dont la Russie, n’est qu’une nouvelle arme de division massive du continent noir, à des fins inavouées mais bien propres à leurs initiateurs qui sont loin d’être de «bon Samaritain»? Seul l’avenir nous le dira, dans une Afrique toujours convoitée pour la richesse de son sous-sol mais jamais au premier plan des décisions qui déterminent le présent et l’avenir du monde.

Par Wakat Séra