Ceci est un communiqué du Collectif des syndicats de l’aéronautique civile qui s’interroge sur le maintien du Burkina Faso dans la Convention de concession de l’Aéroport international de Ouagadougou-Donsin.
« C’est avec grand intérêt mais non sans surprise que le Collectif des Syndicats de l’Aéronautique Civile a pris connaissance de l’annonce faite par le Chef de l’Etat, de la suspension de la convention de concession de l’Aéroport International de Ouagadougou-Donsin ainsi que la relecture des textes le régissant, lors d’une rencontre avec les forces vives de la région des Hauts Bassins tenue le 3 janvier 2023 à Bobo-Dioulasso.
Cette convention signée au forceps le 12 octobre 2021 par le gouvernement déchu du Président Rock KABORE avec le groupe français Meridiam/Marseille pour une durée de trente (30) ans, avait malheureusement fait la part belle au groupement français au détriment de notre souveraineté et des intérêts majeurs de la communauté aéronautique en aliénant les questions fondamentales de la sureté de l’Etat, en programmant la mort certaine des structures régaliennes (ANAC et ANAM) ainsi que celle de l’Aéroport International de Bobo-Dioulasso et des aérodromes secondaires et en bradant la gestion du futur aérogare et de l’assistance en escale (RACGAE) à vil prix.
Le Collectif des syndicats de l’Aéronautique Civile apprécie à sa juste valeur la démarche des autorités actuelles qui tranche avec celle du gouvernement déchu signataire de la convention. Ils ont compris la nécessité d’implication en toute transparence et en toute confiance les parties intéressées par le projet (ANAC, ANAM, DAAN, RACGAE, AIR BURKINA, SOPAFER-B et Partenaires Sociaux, etc.). Nous remercions donc le Chef de l’Etat pour son patriotisme et son engagement à prendre en compte les intérêts fondamentaux de son peuple.
En effet, comment comprendre que dans un contexte de guerre avec des groupes terroristes perfides, ou le Chef de l’Etat dans sa vision de défense stratégique du territoire a décidé de la création de nouvelles bases aériennes à Kaya et à Ouahigouya, que le Burkina avaliserait une convention qui remette en cause la sureté de l’Etat, le développement de ses aérodromes, lieu par excellence des opérations militaires.
Que gagnerait le Burkina en se maintenant dans un tel projet qui pêche dans sa conception, dans sa conduite et dans les dispositions de la convention ?
Que perdra le Burkina à dénoncer souverainement un contrat prémonitoirement voué à l’échec, se révélant être de nos jours simplement caduc ?
Pire le model financier opaque qui soutient cette convention est simplement scandaleux.
Le drame du 30 décembre 2022 qui a vu l’effondrement de la dalle d’une salle de réunion d’un bâtiment en construction sur le site de construction de l’aéroport de Donsin, faisant sept (7) morts parmi les ouvriers, sème le doute sur la qualité des infrastructures en construction et illustre à souhait les tares d’un projet qui n’augure pas d’un lendemain meilleur.
Le collectif saisit cette occasion pour présenter ses condoléances les plus attristées aux familles éplorées et demande au gouvernement de mener toutes les investigations nécessaires afin de situer toutes les responsabilités et tirer toutes les conséquences qui en découlent.
L’occasion ultime est donnée à nos dirigeants actuels d’éviter le bis repetita des précédents bradages de notre chemin de fer avec SITARAIL et Bolloré, de AIR Burkina avec Aga Khan, de TELMOB avec Maroc Telecom et FRANCE-TELECOM. Le Collectif espère que la suspension de la convention n’est qu’une étape ultime devant conduire inéluctablement à son annulation pure et simple en vue d’envisager des options plus avantageuses et cohérentes.
Le collectif appelle :
- l’ensemble des forces vives de la nation, les hommes politiques épris de justice sociale et de patriotisme réel, les hommes de presse, les députés de l’ALT, à se lever pour faire barrage à cette forfaiture du siècle ;
- le gouvernement du MPSR II à s’assumer totalement et entièrement en affirmant leur responsabilité historique en phase avec les aspirations profondes des burkinabè fiers et dignes qui ont placé leur confiance en eux.
Ce faisant, le collectif met en garde toutes personnes ou forces tapis dans l’ombre qui se sont compromises avec la présente convention et qui par orgueil refusent de reconnaitre qu’elles se sont trompées ou ont été mal conseillées, à faire leur mea culpa et à avoir le courage de demander l’annulation de la convention. Il se dit aussi prêt à les dénoncer devant le peuple et devant l’histoire pour avoir contribuer à vendre à vil prix les intérêts du peuple burkinabè.
Si le gouvernement a eu le courage et la lucidité de demander le départ de la coordonnatrice résidente et humanitaire des Nations Unies, le rappel de l’actuel ambassadeur de France et le départ des forces spéciales française de Kamboinsé, ce n’est pas la convention signée avec Meridian/AMP qui sera la mer à boire.
« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort » »
Pour le collectif, le Porte-parole
Ahmed LAMIZANA