Le président français Emmanuel Macron, à la suite de son discours en 2017 lors de son passage à Ouagadougou, se tourne vers les acteurs de changements dans le but de questionner et redéfinir les fondamentaux de la relation entre son pays et l’Afrique.
Dialoguer avec des jeunes issus de plusieurs pays africains, les écouter et recueillir leurs propositions, voilà l’exercice auquel le chef de l’Etat français se prêtera, au cours du Sommet Afrique-France et non sommet France-Afrique comme on l’appelait jusqu’en 2010. C’est une rencontre initialement à un rythme annuel entre les autorités africaines et françaises depuis 1973.
Le Sommet Afrique-France, nouvelle version, se tiendra le 8 octobre 2021, sans chef d’Etat. C’est une première fois que les chefs de l’Etat des pays de l’Afrique ne prendront pas l’avion pour fouler le sol du pays de De Gaulle pour un sommet Afrique-France. Le locataire du palais de l’Elysée a décidé de changer de partenaires de discussion pour cette rencontre et a jeté son dévolu sur la jeunesse africaine, dynamisation des relations oblige. Vu les frustrations des jeunes africains, le sentiment «anti-français», il faut avoir des échanges avec ceux-ci, dans le but de collecter leurs propositions afin de redorer l’image de la France en refondant son partenariat avec l’Afrique.
Au cours de ce sommet, cinq grands thèmes seront abordés. Il s’agit :
-Nourrir-soigner-protéger : enseignement supérieur, recherche et innovation
Des chercheurs africains et français, étudiants, associations et entrepreneurs partageront les enjeux d’une refondation des relations universitaires, des partenariats de recherche et de diffusion des innovations, de mobilité des étudiants et de mise en œuvre de chantiers communs (Grande muraille verte, santé humaine et animale, agro-écologie, etc.) afin de bâtir ensemble un continuum inédit entre enseignement, recherche, innovation et entreprenariat.
-Entrepreneurs, tech et nouvelles générations
En s’appuyant sur les initiatives en matière de soutien au secteur privé africain et à l’entreprenariat depuis le discours de Ouagadougou et sur le partage d’expériences inspirantes, plus de 500 entrepreneurs africains du numérique, du secteur agricole, des industries culturelles et créatives, du sport, entre autres, échangeront avec leurs homologues français, notamment issus des diasporas, pour imaginer les outils d’animation des réseaux économiques de demain, favorisant la conception et la conduite de projets d’investissements novateurs.
-Industries créatives et culturelles
Des artistes, conservateurs, juristes, créateurs, entrepreneurs ou financiers, aborderont à la fois les enjeux autour de la question des restitutions, de l’accès à la jeunesse africaine à son patrimoine et de la coopération muséale, autant que les échanges en matière de créativité contemporaine et d’appui aux industries culturelles et créatives africaines.
-Sport et développement
Quatre ans après le discours de Ouagadougou, lors duquel le président de la République française a indiqué vouloir faire du sport «un levier pour la jeunesse et le développement économique et social en Afrique», le Nouveau Sommet Afrique-France, rassemblera les principaux acteurs du secteur. En lien avec la métropole de Montpellier et des personnalités du monde sportif africain et de la diaspora, un accent sera mis sur les sports collectifs, les sports urbains et le e-sport.
-Engagement citoyen des jeunesses françaises et africaines
La souveraineté, la liberté d’expression, la citoyenneté, la mobilité et la démocratie sont les premiers sujets abordés lors des Dialogues Afrique-France. Ils témoignent de l’exigence résolue des plus jeunes générations et des attentes fortes vis-à-vis de la France. Ils cristallisent aussi des incompréhensions et des entraves à l’invention de nouvelles formes de la relation. Les expériences innovantes, à l’échelle des territoires notamment, les expériences de co-construction, les mouvements citoyens, les diasporas en France, ou les nouveaux réseaux et cercles de pensées sont les porteurs des pistes du changement.
A l’issue des échanges au cours du nouveau sommet Afrique-France, qui propose une formule hybride pour permettre au plus grand nombre de participer et s’engager sur les thématiques structurantes, un pont entre la jeunesse africaine et française ainsi que des pistes pour la dynamisation de la coopération entre la France et le continent africain devront être établis.
Par Daouda ZONGO