Quelques 17 souverains, chefs d’Etat et de gouvernement ont assisté, le mercredi 7 juin 2017, à Bruxelles, à l’ouverture des 12è Journées européennes du développement (JDD) qui prennent fin ce jeudi. Le Burkina Faso est représenté par son ministre de la Culture, des arts et du tourisme, Tahirou Barry.
Placées cette année sous le thème: «Investir dans le développement», les 12è Journées européennes du développement (JDD) rassemblent plus de 700 participants dont de nombreux dignitaires européens, africains et américains, mais aussi des Nobels. En Europe, outre la reine Mathilde de Belgique qui a présidé la cérémonie d’ouverture, on compte parmi les prestigieux invités les Premiers ministres de Belgique, M. Charles Michel, de Malte, M. Joseph Muscat et de Norvège, Mme Erna Solberg.
L’Amérique latine et les Caraïbes sont représentées par le président bolivien, Evo Morales et le Brigadier David Arthur Granger, président de la République coopérative de Guyane. Quatre chefs d’Etat représentent le continent noir. Il s’agit notamment du président guinéen, Pr Alpha Condé, président en exercice de l’Union Africaine (UA), de Nana Addo Dankwa Akufo-Addo du Ghana, de Macky Sall du Sénégal, de Paul Kagamé du Rwanda et du Malawien Arthur Peter Mutharika. Le vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan est également de la partie. Mais le président togolais, M. Faure Gnassingbé, nouvellement élu président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) en remplacement de la libérienne, Mme Ellen Johnson Sirleaf n’a pas pu effectuer le déplacement. Il est représenté au niveau ministériel.
Le président Roch Marc Christian Kaboré, invité principal de la dernière édition en 2016 n’a pas été cette fois convié. Mais le Burkina Faso est représenté par son ministre en charge de la Culture, des arts et du tourisme, Tahirou Barry. Il avait au moins deux panels à animer ce jeudi.
D’autres dirigeants d’organisations influentes dans le monde comme la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Mme Christine Lagarde, la secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Mme Amina J. Mohamed ou encore le nouveau patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus et bien d’autres dont des prix Nobels sont présents à ces journées qui sont marquées par de nombreuses activités connexes notamment des colloques, des conférences, des panels et des expositions.
Ces journées ont été l’occasion pour l’Union européenne de lancer officiellement sa nouvelle politique de développement internationale intitulée : «Nouveau consensus européen pour le développement». Ce document signé par le président de la Commission européenne, M. Jean-Claude Juncker, le président de la Banque européenne d’investissement (BEI), M. Werner Hoyer, le commissaire européen au développement, M. Neven Mimica, la chef de la diplomatie européenne, Mme Margerita Mogherini, le Premier ministre maltais au nom des gouvernements européens, M. Joseph Muscat et le président du parlement européen, M. Antonio Tajani visent à relancer une nouvelle forme de coopération entre l’UE et ses partenaires. Selon Mme Mogherini, ce nouveau cadre commun global pour la coopération européenne au développement s’inscrit dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030 adopté par la communauté internationale en septembre 2015. «Pour la première fois, tous les Etats et les institutions européens ont adopté ce consensus qui réaffirme que l’éradication de la pauvreté demeure l’objectif premier de la politique européenne de développement, en intégrant les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable», a indiqué la chef de la diplomatie européenne.
Cette nouvelle politique européenne reconnaît une forte interdépendance entre les différents éléments liés au développement à savoir la sécurité, l’aide humanitaire, la migration, l’environnement, etc. Le nouveau consensus entend concrètement associer l’aide au développement classique à d’autres ressources plus innovantes de financement, notamment privées. Enfin, le consensus promet de mettre en place des partenariats mieux adaptés entre les différents acteurs du développement.
Ce consensus européen qui avait été adopté le 19 mai dernier par les ministres européens a été validé au Parlement européen, le 1er juin en session plénière à Bruxelles dans des discussions assez houleuses. Les eurodéputés de la gauche radicale, les verts, les libéraux, et les eurosceptiques avaient rejeté le texte, jugé trop ancré sur les contrôles migratoires et les questions de sécurité au détriment de la lutte contre la pauvreté. Ils se sont, en effet opposés «à toute tentative de lier l’aide au contrôle aux frontières, à la gestion des flux migratoires ou aux accords de réadmission».
L’Afrique réclame son indépendance
Le président en exercice de l’Union africaine, M. Alpha Condé a martelé aux Européens que l’Afrique malgré sa fragilité dans de nombreux domaines est prête «à s’assumer» dans le cadre de ses choix politiques et n’entend plus donc que l’on lui dicte ce qu’elle doit faire. «Les Africains souhaitent discuter d’égal à égal avec l’Europe. Les Africains souhaitent parler avec l’Europe comme un partenaire et non un demandeur», a insisté l’ancien emblématique président de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF). «Il faut que l’Europe comprenne que nous voulons faire respecter notre souveraineté pour que nous puissions, sans ingérence, construire notre propre avenir», a-t-il martelé. Foi du président Condé, «l’Afrique est le futur centre du développement du monde» et «sera au rendez-vous de la quatrième révolution industrielle».
Rappelant les progrès importants réalisés à travers le Plan Sénégal Emergent, le Sénégalais Macky Sall a dit que l’Afrique du fait de ses liens historiques, de sa proximité géographique avec l’Europe a appelé l’UE a respecté les engagements pris dans le cadre des Accords de partenariat économique (APE). D’un montant de 40 milliards d’euros, le Programme APE pour le développement (PAPED) est un plan de développement de l’Afrique de l’ouest mis en place en collaboration avec l’UE.
Macky Sall qui a dénoncé la barbarie et l’inhumanité liée aux activités terroristes à travers le monde, a dit que l’Afrique attend que le nouveau référentiel européen pour le développement soit un véritable programme pour son développement. En résonnance à la décision du dirigeant américain, M. Donald John Trump de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat, le président sénégalais a dit que l’Afrique s’est battue pour arracher cet Accord et entend coûte que coûte «préserver (son) intégrité». Il a réclamé ipso facto la mise en œuvre du Fonds vert créé consécutivement à l’Accord sur le climat.
Evo Morales, a rappelé les progrès réalisés par son pays depuis que le peuple bolivien a repris la gestion de ses ressources naturelles et économiques en main. Il a dit que depuis la nationalisation du secteur des télécommunications par exemple, le pays tire désormais 140 milliards de dollars chaque année des télécoms au lieu de 70 milliards lorsque ce secteur était sous contrôle des multinationales italiennes.
Comme M. Sall, M. Morales a surtout déploré les effets des changements climatiques sur les petits Etats insulaires et regretté que les soubresauts de l’histoire aient privé son pays de l’accès direct à l’océan pacifique. Selon ce dirigeant bolivien, l’enclavement de la Bolivie prive le pays de deux points de croissance économique chaque année. Evo Morales a par ailleurs dénoncé le regain de protectionnisme et surtout le fait que certains pays soient «trop durs» sur les questions de migration, érigeant parfois des murs pour barrer la route aux migrants. Il a annoncé la tenue en septembre prochain, dans son pays, d’une conférence mondiale sur le thème d’un «Monde sans mur».
Le ministre burkinabè des Arts, de la culture et du tourisme a participé à un premier forum sur le thème: «Investir dans la créativité : le futur est là». M. Barry y a à l’occasion partagé l’expérience du Burkina Faso dans la promotion de la culture pour son développement. Selon M. Barry, le «pays des hommes intègres» au lendemain de son indépendance a vite compris que la culture est un vecteur de développement économique et social. Il a cité dès lors la création par exemple du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) et bien d’autres manifestations culturelles et artistiques à travers le pays plus tard. L’Etat a toujours été présent dans la promotion de la culture et vient de mettre en place un Fonds de développement culturel et touristique, a indiqué M. Barry. Il a invité les partenaires européens à participer à son abondement. Ce jeudi, M. Barry sera dans deux panels pour mieux défendre la culture et l’art burkinabè et plaider pour un soutien plus conséquent de la culture et du tourisme dans le «nouveau consensus» européen.
Romaric Ollo HIEN
Ambassade du Burkina Faso à Bruxelle