Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a rencontré, mercredi 06 juin 2018, à Bruxelles, quatre hauts responsables européens avec lesquels il a parlé coopération et développement, droits de la femme, et surtout lutte contre la radicalisation et le terrorisme au Burkina Faso et au Sahel.
Le deuxième et dernier jour des Journées européennes du développement (JED) n’a pas été de tout repos pour le chef de l’Etat burkinabè Roch Marc Christian Kaboré. De nombreuses personnalités européennes se sont succédé pour des bilatéraux portant notamment sur les questions essentielles de la coopération et du développement, de la promotion des droits des femmes au Burkina Faso et surtout, actualité oblige, de la lutte contre le terrorisme dans notre pays et dans la région du Sahel.
La première personnalité a avoir rencontré le chef de l’Etat burkinabè est la députée européenne Maria Arena. De nationalité belge, l’eurodéputée membre du Groupe parlementaire de l’Alliance Progressiste des Socialistes démocrates a expliqué avoir évoqué avec le chef de l’Etat l’avenir du Groupe ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). En effet, l’Accord de Cotonou qui définit les relations de coopération entre l’Union européenne et les 79 pays d’Afrique subsaharienne, des Caraïbes et du Pacifique arrive à expiration en 2020 et les deux parties s’apprêtent à engager en septembre prochain des négociations pour définir un nouveau type de partenariat.
«Au niveau de notre Groupe parlementaire au sein du parlement européen, nous travaillons beaucoup sur la relation Union européenne-Afrique. Nous avons par exemple travaillé sur le post-Cotonou (l’avenir des Accord ACP, ndlr) pour examiner les piliers de notre coopération c’est-à-dire la bonne gouvernance, le développement et l’économie dans les pays africains. Le Burkina Faso travaille aussi sur ces trois données et là-dessus, nous avons eu des échanges très intéressantes avec le Président du Faso», s’est félicitée l’eurodéputée belge.
Rappelant les valeurs de socialisme, donc de justice, de promotion des libertés, des droits de l’homme et de la femme, de l’autonomie financière, de protection de la liberté d’expression, Mme Arena a indiqué que ses échanges avec le président Roch Marc Christian Kaboré ont aussi porté sur la nouvelle Constitution en attente d’adoption dans notre pays.
Elle y voit dans cette future Constitution un élargissement des droits des citoyens et un approfondissement de la démocratie.
Sur la question de la promotion des droits de la femme et de la jeune fille qui a été le thème central des 12è JED, Mme Arena a donné son appréciation de la situation de la femme au Burkina Faso même si cette question n’a pas été expressément discutée avec le chef de l’Etat.
«On n’a pas abordé la question de la femme… Mais je sais que dans le programme de développement du Président du Faso, il y a la question de la priorité des femmes dans l’éducation parce qu’il est difficile de promouvoir le droit des femmes et l’émancipation des femmes sur un plan économique si on ne travaille pas sur la question de l’éducation des femmes et je sais qu’au Burkina Faso il y a un programme consacré à l’éducation des jeunes fille», a-t-elle indiqué.
Concernant la coopération et le développement, l’eurodéputée belge a dit avoir évoqué avec le chef de l’Etat, la création de la Zone de libre échange et de commerce (ZLEC) mise en place par l’Union africaine lors de son dernier sommet à Kigali au Rwanda et la manière d’attirer davantage d’investissements au Burkina Faso.
«On a aussi parlé de la sécurité, de l’économie, des partenaires économiques du Burkina Faso surtout avec la création de la Zone économique de libre échange, et sur les questions d’investissement sur le Burkina Faso notamment comment attirer davantage l’investissement au Burkina Faso», a indiqué la députée belge dont le mandat sera remis en jeu lors des élections européennes de 2019.
Une autre députée européenne, la polonaise Anna Fotyga, présidente de la Commission sécurité et défense au Parlement européen a rencontré le chef de l’Etat.
«Nous avons eu des discussions très intéressantes avec le président Kaboré. Nous avons évoqué la situation sécuritaire au Burkina Faso mais aussi dans le Sahel. En tant que Présidente de la Commission sécurité et défense du Parlement européen, nous apprécions beaucoup les actions que le Burkina Faso mène pour la stabilisation de la région du Sahel. Nous apprécions les initiatives de renforcement des capacités militaires, les actions de développement en faveur des populations dans la région du Sahel», s’est félicité Mme Fotyga.
«Rien qu’hier (mardi 05 juin 2018, ndlr), on a eu des discutions sur comment assister le Burkina Faso dans ses initiatives pour la stabilisation de la région parce que nous voyons comment le Burkina Faso contribue à sa manière à la protection des frontières. Nous avons également les initiatives en faveur des jeunes, des actions pour la création d’emplois pour les jeunes, des initiatives pour améliorer les conditions des vies des populations du Sahel. Le Burkina Faso joue un rôle dans cette situation du Sahel et le Parlement européen est prêt à l’appuyer dans ces différentes initiatives», a indiqué Mme Fotyga.
Mme Fotyga qui siège au Parlement de Strasbourg comme membre du Groupe politique Conservateurs et Réformateurs européens (ECR) envisage effectuer une visite au Burkina Faso avec d’autres députés européens afin de mieux apprécier les efforts déployés par le peuple burkinabè et son gouvernement dans la lutte antiterroriste.
Ministre d’Etat et ministre du Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles (la partie francophone du royaume de Belgique, ndlr), André Flahaut a eu un long entretien avec le président du Faso sur la coopération entre le Burkina Faso entre la partie francophone de la Belgique, le développement mais aussi sur des questions internationales liées notamment au repli identitaire européen avec la montée des extrêmes droites en Europe et la situation en République démocratique du Congo (RD Congo).
«Nous avons parlé de beaucoup de choses», a lancé l’ancien ministre belge de la Défense.
«Nous avons parlé des relations entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, les francophones de Belgique avec le Burkina Faso pour mettre en évidence des pistes d’accentuation de coopération mais surtout de partenariat. On a parlé des questions de l’eau, de l’université, de la recherche, de l’agriculture, bref, de toute une série de matières qui sont gérées par les entités fédérées ici en Belgique et qui pourraient (…) faire l’objet d’une accentuation» dans la coopération avec le Burkina Faso, a-t-il déclaré.
«Il y a matière à entretenir et à augmenter la qualité des relations entre nos pays», a plaidé le ministre wallon du Budget.
«On a aussi évoqué la politique internationale notamment la situation un peu particulière de l’Europe aujourd’hui qui est une Europe qui se referme sur elle-même, qui développe des politiques de rejet, ce qui est très inquiet pour tout le monde alors que l’avenir de l’Europe dépend – en mon sens et c’est un avis partagé – du renforcement de ces liens naturels avec l’Afrique», a-t-il plaidé.
«On a aussi un peu parlé de la Francophonie, de la situation au Congo (RD Congo) parce que c’est important d’avoir au niveau européen et belge, une perception, un témoignage et une analyse directe d’un responsable politique au plus haut niveau du continent africain», a rappelé le député belge.
Ján Figeľ, «Envoyé spécial de l’Union européenne pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction à l’extérieur de l’Union européenne» a été la quatrième et dernière personnalité a rencontré Roch Marc Christian Kaboré ce mercredi 06 juin à Bruxelles.
«Le Burkina Faso et l’Union européenne sont des partenaires et des amis», a de go affirmé le haut fonctionnaire européen après sa rencontre avec le chef de l’Etat.
«La coopération évolue de façon positive mais nous avons également des préoccupations communes (avec le Burkina Faso) liées à la montée de la radicalisation et du terrorisme. Ce sont des tendances très négatives non seulement au Burkina Faso mais aussi dans l’ensemble de la sous-région. C’est une invitation donc à travailler davantage au Burkina Faso avec le Gouvernement et le président» pour y remédier, a poursuivi le slovaque.
«Ma visite chez le président du Faso s’inscrit dans le même esprit que les entretiens que Mme Federica Mogherini, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le commissaire européenne à la Coopération internationale et au développement Neven Mimica et autres responsables de l’UE ont eus avec le président du Faso. Elle vise à concrétiser les actions de développement et la promotion de la bonne gouvernance au Burkina Faso», a-t-il poursuivi.
L’ancien commissaire européen chargé des entreprises et de la société de l’information dans les années 2000 lorsque Romano Prodi était président de la Commission européenne a annoncé la mise en place de projets en faveur des jeunes au Burkina Faso et dans le domaine cinématographique.
«Nous avons aussi l’intention de mettre en place en collaboration avec le gouvernement du Burkina Faso de nouveaux projets orientés spécialement sur l’éducation, les jeunes et un projet pour le Fespaco. Nous souhaitons à ce niveau davantage de productions cinématographiques et documentaires sur la promotion de la coexistence pacifique, la diversité, l’engagement et la responsabilité des jeunes», a-t-il indiqué.
Ján Figeľ a enfin annoncé sa visite prochaine au Burkina Faso pour approfondir ses discussions avec les autorités et concrétiser ces projets.
Romaric Ollo HIEN
Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles
Représentation auprès de l’Union européenne