Selon que vous serez puissant ou misérable, disait le fabuliste, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir! Ainsi en est-il des conclusions de la COP 27 dont le clap de la fin a résonné le 19 novembre 2022, à Charm el- Cheikh, ce charmant site de station balnéaire du pays des pharaons.
Que retenir de ce énième raout pour tenter de sauver la Terre? Tout dépendra du groupe auquel on appartient. Il y a d’abord les constats connus de tous: la planète, notre maison commune, est malade, très malade et se trouve de plus en plus menacée par le réchauffement climatique. En conséquence, une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre ainsi qu’une résolution effective concernant les pertes et dommages constituent une urgence. Ça, c’est pour soutenir les discours de circonstance. Mais lorsque vient le moment de traduire concrètement le verbe en actes comptables, c’est une autre affaire.
A tel point que le SG de l’ONU, Antonio Guterres lui-même, se trouvera dans l’obligation de déplorer «le manque d’ambition» d’une COP 27 dont on avait dit cependant qu’elle serait porteuse de sérieux espoirs. N’avait-on pas espéré la même chose pour les COP passées? Oui et le même sort guette la COP 28 qui se profile à l’horizon. Signe que le même sujet est ressassé, à l’envi, et au final, rien ne change.
De cette succession de conférences sur le climat, plus grandioses les unes que les autres, se dégage comme une impression de jeu de dupes ou de poker menteur dans lequel les plus grands pollueurs, tout en sachant que ce sont eux qui mettent en péril la planète, refusent de lâcher quelque geste de bonne volonté ou de faire marche arrière. Pire, ils exigent des pays pauvres des efforts supplémentaires, au motif que c’est la planète qu’il faut préserver au profit des générations futures. Et pour eux, ce ne sont que les promesses, du reste, non tenues.
Cette COP 27 à l’instar de celles passées, n’aura rien décidé de clair, de précis, de contraignant qui impose aux géants pollueurs que sont les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, l’Arabie Saoudite, la Russie, la France, l’Inde, pour ne citer que ces pays où l’industrialisation est sans limite, une quelconque résolution ferme à observer.
Par contre, le sud doit se départir des énergies fossiles, sources certes évidentes du réchauffement climatique, mais ces pays pauvres ne peuvent se payer pareil luxe, sans mesure d’accompagnement conséquent. Une des mesures d’accompagnement, la fameuse cagnotte de 100 milliards de dollars US, qui leur avait été promise depuis la COP 2015 de Paris…demeure une arlésienne. On l’aura compris, on patauge en plein cercle vicieux.
Il convient de le dire tout net, le continent africain est victime ici d’un paradoxe absolument saisissant: il est celui qui pollue le moins mais en même temps il est celui qui paie le plus lourd tribut à cette catastrophe du réchauffement climatique. Au vu et au su de tous mais également dans l’indifférence (l’hypocrisie ?) générale!
«De qui se moque-t-on», avait lancé, outrée, la ministre congolaise de l’Environnement, au moment même où elle claquait la porte de la Cop 27!
L’indignation de la ministre Arlette Soudan Nonault mérite réflexion. En tout état de cause, elle fait voir que les divers fléaux générés par le réchauffement climatique et qui frappent le continent africain de plein fouet ne pèsent pas bien lourd aux yeux des grands de ce monde dont les soucis de développement et d’industrialisation valent bien plus… Dans le domaine, il existe très peu de place pour la morale ou le sentiment. Certes, Il demeure cependant qu’ils pourraient le dire franchement, une fois pour toutes, au lieu de faire trainer le suspense de sommet en sommet!
Par Wakat Séra