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Coronavirus au Burkina: le maire de Gaoua lance un appel à la solidarité envers les personnes nécessiteuses (ITW) 

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Le Burkina Faso a enregistré ses premiers cas de Coronavirus début mars 2020, et compte à ce jour plus de 560 personnes testées positives au Covid-19 et plus de 30 décès. Plusieurs communes ont été touchées.  Le maire de Gaoua Fiacre Kambou, bien qu’aucun cas de la maladie n’a été détecté dans sa localité, a pris des dispositions au niveau communal, dans le but d’éviter que l’epidémie n’y entre. Dans un entretien à nous accorder, il nous parle des mesures adoptées, comment est-ce qu’elles sont respectées et les difficultés que la commune vit par rapport à ces mesures-là.

Wakatsera Séra : Depuis le 9 mars 2020, le Burkina Faso vit une situation de crise sanitaire, d’ores et déjà comment se sent le maire de la commune de Gaoua que vous êtes ?

Fiacre Kambou, maire de Gaoua : Je voudrais avant de répondre à votre question, compatir avec toutes les familles qui ont été endeuillées par la maladie du coronavirus. Comme vous le dites, depuis le 9 mars, la maladie du coronavirus sévit dans notre pays le Burkina Faso. Depuis ce jour, chaque jour qui passe nous constatons que les chiffres ne font que s’augmenter dans le sens du nombre de personnes contaminées, dans le sens également des personnes, malheureusement, qui décèdent à cause de ce virus.

Dans la commune de Gaoua, pour le moment, on n’a pas encore détecté un cas d’infection au virus à la couronne. Nous souhaitons que cela dur au tant que faire se peut pour que la maladie ne puisse pas entrer dans notre commune jusqu’à ce qu’elle soit éradiquée, et nous l’espérons le plutôt possible, de notre pays.

Alors, vous le disiez, aucun cas de virus à la couronne n’a encore été détecté dans votre commune. Quelles sont les dispositions que vous avez prises au niveau communal, en plus des mesures nationales, pour éviter l’entrée et la propagation de la maladie sur le sol gaoualais ?

Il faut dire que les premiers cas de la maladie sont survenus à Ouagadougou. Le gouvernement a essayé de prendre un certain nombre de mesures pour l’ensemble du territoire burkinabè. Au niveau régional également, le gouverneur de la région du Sud-Ouest a pris un certain nombre de mesures de portée régionale. Ce qui fait qu’au niveau communal, faisant nôtre ces mesures de portée générale, nationale et régionale, nous avons pris des dispositions de portée communale que nous essayons de suivre et de faire appliquer pour contribuer de notre façon à freiner la propagation du coronavirus et empêcher que le virus n’entre dans notre commune. C’est ainsi que, les mesures d’interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes pour ce qui concerne certaines activités, et de moins de 50 personnes pour d’autres ont été prises. C’est dans ce sens que l’essentiel des bars, restaurants, maquis de la ville de Gaoua sont fermés depuis un certain temps, ou tout au plus le dispositif qui permet d’accueillir le client a été levé. Les mesures entrant dans le sens de l’interdiction de tenue de cultes dans les mosquées et dans les églises, nous avons pris également des mesures allant dans ce sens. Et c’est plus ou moins respecté. Il faut dire que toutes les manifestations qui regroupent du monde sont interdites dans la commune. Nous avons dû aller jusqu’à la fermeture du marché à partir du 27 mars 2020, pour, comme on l’a dit, éviter la propagation de la maladie.

Mais est-ce que ces mesures sont respectées ?

Parlant du respect de toutes ces mesures, à la suite des communiqués administratifs que nous avons eus à faire, nous avons passé une semaine à faire de la sensibilisation auprès des tenanciers de maquis, buvettes, pour les amener à comprendre le danger de cette maladie, à leur faire comprendre le mode de contamination qui exige qu’on puisse, effectivement, arrêter toutes les activités qui regroupent du monde et à éviter que la maladie ne se propage. Après la première semaine, une bonne partie des citoyens ont bien compris la mesure et la respectait. Malheureusement, comme c’est le cas, il y a certaines personnes qui malgré la sensibilisation qu’on a eu à faire, continuent à mener leurs activités comme si de rien n’était. On a été obligé, avec la police municipale, de procéder à des saisis de chaises, de tables, de bancs par-ci par-là qui tenaient lieux pour les clients de s’asseoir. Nous avons aussi interpellé quelques responsables de lieux de cultes, qui malgré les mesures, avaient une autre interprétation des textes et qui regroupaient des gens par de petits groupes. Là également nous avons recadré les choses. L’un dans l’autre, on peut dire que globalement les mesures sont bien suivies.

Et qu’en est-il de la fermeture des marchés de la commune ?

Nous avons beaucoup de difficultés en ce qui concerne la fermeture des marchés. Des marchés sont fermés, c’est vrai, mais on a constaté que les femmes vendeuses de légumes, les commerçants ont toute suite arpenté les carrefours, les six-mètres, qui sont devenus des marchés, toute chose qui vient remettre totalement en cause, le profit recherché dans la fermeture des marchés. Là également, nous travaillons avec les commerçants du marché pour voir comment est-ce que nous pouvons faire respecter la distanciation sociale et puis permettre à cette catégorie de personnes de continuer leurs activités tout en se protégeant pour éviter que la maladie n’arrive dans notre commune.

Il y a des commerçants, qui, dû à la fermeture du marché, ne sont pas du tout content parce qu’ils n’arrivent plus à vendre et se demandent à quand la réouverture du marché …  

J’avoue que c’est une préoccupation. Je comprends parfaitement le mécontentement de ceux-ci. Je comprends l’impatience de ceux-ci à rejoindre leur marché pour pouvoir mener leurs activités. Comme nous le savons, notre pouvoir d’achat et notre niveau de vie sont très faibles. C’est de façon quotidienne que l’essentiel des citoyens arrive à gagner sa pitance à travers le commerce qu’on exerce. Donc vous comprenez que lorsqu’on ferme un tel lieu de commerce, ça constitue un préjudice important pour les populations qui y exercent leurs activités. Et c’est la raison pour laquelle, pendant la fermeture du marché de Gaoua et les différents marchés de la commune, nous avons entamé des réflexions avec les commerçants pour voir les mesures à prendre au cas où nous serons amenés à rouvrir le marché. Nous sommes dans ces discussions-là pour voir quelles sont les mesures de protection que nous devrons prendre pour permettre qu’on ouvre le marché et qu’ils y exercent leurs activités, mais dans des conditions sanitaires bien définies.

Pensez-vous pouvoir aboutir à cela ?

Fiacre Kambou, maire de Gaoua

Nous espérons que nous allons aboutir à ce consensus là pour leur permettre de mener leurs activités, parce qu’il faut le dire, la situation est assez difficile pour les commerçants et même pour les populations qui n’ont plus accès à ces services-là pour pouvoir s’approvisionner. Ceci étant, il y a un décret du Premier ministre qui est tombé hier (jeudi 16 avril 2020) et qui reconduit un peu les mesures d’interdictions. La volonté (de rouvrir le marché) y est, mais il faudrait que l’on tienne compte également de ce décret pour savoir dans quel sens il faut y aller pour ne pas être en porte à faux avec les lois de notre pays.

Avez-vous pensez à des mesures d’accompagnement à ces personnes, après la crise ?

Oui ! Déjà que le gouvernement, à travers le discours du président, a demandé à ce que les collectivités s’abstiennent de prendre les loyers et de tout autre taxe au cours des trois prochains mois. Je pense que ça c’est des mesures, même si elles sont prises par le gouvernement, ce sont les collectivités qui cèdent trois mois de loyer et de tout autre taxe qui constituaient des ressources qui viennent faire le budget communal. Ceci étant, nous sommes en train de voir, si le peu de budget qui nous reste peut nous permettre de pouvoir acquérir des vivres pour pouvoir soutenir les personnes vulnérables de la commune en plus de l’aide qui a été annoncé par le gouvernement. Ainsi nous appelons à la solidarité des filles et des fils de Gaoua qui puisse aider la commune à pouvoir apporter son aide à un certain nombre de populations qui du fait de la fermeture des marchés, ils ne sont plus à mesure de pouvoir entretenir leurs familles.

Depuis les premiers cas du Covid-19, on voit de bonnes volontés qui tendent leur main par-ci par-là. Avez-vous déjà reçu, dans la commune, des dons dans le cadre de la lutte contre la maladie ?

Je dois être honnête avec vous. Il y a des bonnes volontés qui ont effectivement fait parler leur cœur en faisant des dons de matériels de protection contre la maladie, à la commune. J’avoue que ces dons sont en deçà de nos attentes. C’est la raison pour laquelle j’appelais tantôt à ce qu’il y ait plus de générosité envers les populations de Gaoua. Je souhaite que les commerçants, les entrepreneurs, les filles et les fils de la commune de Gaoua puissent encore faire preuve de générosité pour aider la commune à pouvoir accompagner un certain nombre de couches vulnérables.

Nous sommes en train de faire un travail d’identification de personnes nécessiteuses qui exerçaient un peu dans les différents marchés de la commune pour pouvoir leur apporter cette petite aide comme contribution à pouvoir prendre en charge leur famille, à cause de ce qu’ils ont vécu comme préjudice lié à la maladie du coronavirus, avec la fermeture des marchés. Oui on a reçu des dons, mais nous souhaitons en recevoir davantage, notamment dans le sens des vivres. Et de ce côté nous attendons toujours.

Un appel à lancer à l’endroit de la population ?

L’appel que je voudrais lancer à la population, c’est vraiment de prendre conscience de la gravité de la maladie. Nous entendons souvent des personnes qui n’ont pas encore pris la mesure de la gravité de la chose. Et là, vous vous rendrez compte que c’est des personnes bien instruites qui devraient contribuer à prendre conscience à la population, mais qui de par leur comportement même, ne contribuent pas à sensibiliser les autres.

C’est vraiment un appel à la population de la commune de Gaoua pour respecter les mesures barrières qui sont prises par le gouvernement. Personne, personne n’a intérêt ou se réjoui de ces mesures d’interdiction, parce qu’économiquement, socialement, ça a un impact négatif sur la commune et la population. Donc, si le gouvernement, la commune en arrive à prendre des mesures barrières de ce genre-là, c’est parce que c’est vraiment nécessaire pour éviter que la maladie ne se propage, pour que la maladie n’arrive dans notre commune. Autrement dit, dans un mois, deux mois si nous arrivons à vaincre la maladie, je n’en doute pas, nous allons reprendre nos habitudes et puis, bon, nous allons entrevoir ensemble les solutions pour pouvoir réduire un peu les impacts négatifs liés au coronavirus. C’est vraiment cet appel au sens de la responsabilité, cet appel à respecter les mesures barrières pour qu’ensemble nous contribuions à vaincre le virus à la couronne dans le pays.

Par Daouda ZONGO

L’entretien en VIDEO