Le plan de riposte contre le Coronavirus au Burkina, évalué à près de 178 milliards francs CFA est « juste une nouvelle caverne d’Ali Baba pour le régime Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, majorité), selon l’Opposition qui après quelques semaines de silence a animé ce mardi 7 avril 2020 sa traditionnelle conférence de presse pour se prononcer sur certains sujets d’actualité.
Cette rencontre hebdomadaire avec les journalistes a été animée ce jour par Mamadou Kabré, président du PRIT-Lannaya, et de Amadou Diemdioda Dicko, deuxième vice-président de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), la deuxième force politique du pays. Avant l’entame des échanges, les conférenciers ont demandé à l’assistance d’observer une minute de silence en la mémoire de Moustapha Laabli Thiombiano, grand homme de médias et de culture arraché à l’affection des Burkinabè et de leurs amis, hier lundi 6 avril dans la soirée, des suites de « courte maladie ».
Au menu des échanges, la gestion de la crise du Coronavirus au Burkina Faso, la crise sécuritaire et la suspension de salaires des fonctionnaires à la suite des arrêts de travail de ces derniers pour exiger « la suppression pure et simple » de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) » étendues aux primes et indemnités. Sur ce dernier point concernant la question de l’IUTS, l’Opposition réaffirme sa position.
S’appuyant sur des chiffres qu’elle détient, au moins 675 agents essentiellement de l’éducation nationale ont vu leurs salaires suspendus en violation des textes, à la suite d’arrêt de travail pour amener le gouvernement à fléchir sur cette préoccupation. L’Opposition politique « condamne cette attitude jusqu’au-boutiste du gouvernement. Nous demandons solennellement au gouvernement de renouer le dialogue avec les syndicats, de supprimer purement et simplement l’IUTS sur les primes et indemnités, et de rembourser avec diligence les salaires retenus », ont-ils suggéré.
Sur la gestion du Coronavirus qui a déjà fait 18 morts au Burkina, l’Opposition n’a pas mâché ses mots pour exprimer son mécontentement. De façon globale, les mesures annoncées par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le 2 avril 2020 « n’éviteront ni à beaucoup d’entreprises de tomber en faillite ni au Burkina Faso de connaître de graves tensions de trésorerie », s’est convaincu le regroupement de la trentaine de partis opposés au régime du MPP. « Pire le plan de riposte à 177 milliards francs CFA est juste une nouvelle caverne d’Ali Baba pour le régime MPP. Dans ce plan, plus de 121 milliards FCFA sont prévus pour l’hébergement de 133 000 malades du coronavirus dans des hôtels pendant 14 jours », ont affirmé les conférenciers.
L’opposition politique « félicite et encourage l’ensemble des agents de Santé qui, malgré les conditions difficiles de travail et le manque criard de matériel, font vaillamment face au Coronavirus et permettent que des Burkinabè infectés en guérissent », ont déclaré les interlocuteurs du jour des hommes de médias. L’opposition politique a pris acte des décisions restrictives prises par le président du Faso. Elle note, du reste, que le gouvernement qui annonçait qu’elle était prête à affronter le Coronavirus, « n’était pas du tout préparée ». Selon ces conférenciers, les décisions prises par les autorités pour contenir et éteindre le virus au Burkina qui enregistre à la date du 5 avril 2020, « 364 cas confirmés positifs », reflétaient, « plus le tâtonnement, l’improvisation et la contradiction ».
A suivre l’analyse de l’opposition politique burkinabè, les mesures prises par le président Kaboré « ignorent royalement l’écrasante majorité (des populations, NDLR), c’est-à-dire les paysans, de même que la brûlante question de l’IUTS qui a été passée sous silence ». Selon toujours leurs observations, « aucune décision d’accompagnement ou d’encouragement n’a été prise concernant les agents de Santé, intrépides soldats qui luttent contre le Covid-19. (Aussi), rien n’a été dit sur l’avenir des élèves, des étudiants et des stagiaires à l’approche des dates habituelles des examens scolaires, aucune vision ne se dégage du discours du président du Faso tendant à éviter la crise économique qui se profile à l’horizon », ont-ils égrené.
Pour sa part, en plus des dénonciations et de la sensibilisation citoyenne, l’Opposition politique dit avoir collecté une somme d’argent qui servira à faire un don très bientôt pour contribuer à la lutte contre le Coronavirus au Burkina Faso.
Mais, interpelle l’Opposition politique, la lutte contre le Coronavirus ne doit pas reléguer les autres urgences au second plan. Selon des chiffres du Comité national de secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur), le Burkina dénombre ainsi à la date du 25 mars 2020, « plus de 838 000 déplacés internes ». Avec ce chiffre, « le risque de famine, d’épidémie et d’autres drames devient plus élevé ». C’est pourquoi l’Opposition a interpellé le gouvernement et l’ensemble des forces vives de la nation sur la nécessité de consacrer une bonne partie de leur énergie à la lutte contre l’insécurité, à la défense de l’intégrité territoriale du pays.
Par Bernard BOUGOUM