«Le vide réflexif à l’heure du COVID-19!» Ainsi était intitulée la version originelle de cette réflexion de Newton Ahmed Barry, notre ancien confrère de «L’Evènement», aujourd’hui président de la Commission électorale nationale indépendante, bien connu pour sa liberté de ton.
«Il se présente à nos yeux une photographie cruellement désolante de ce que nous sommes, comme Africains, dans le concert des nations. Les asiatiques sont disciplinés. Ils peuvent donc affronter avec toutes les chances de succès toutes les épreuves et toutes les catastrophes. La Chine vient d’en faire une démonstration éclatante, par la façon dont elle a affronté et vaincu le coronavirus.
Les européens sont consciencieux, ce qui constitue un atout en situation de péril
Quid des Africains? Des libertaires anarchistes en voie de démocratisation qui comme les hippies des années 1960 sont sous la «cam» des droits retrouvés au point que rien vraiment ne compte que ce second état d’une ivresse irresponsable.
Aujourd’hui tout le monde a des droits. Mais personne n’a un devoir. Surtout que l’élite est à l’image et en phase avec son peuple. De la rhétorique ambiante, nulle part, il n’est dit «faisons différemment de l’élite». Mais chacun revendique son droit au «délit». «Si l’élite le fait, pourquoi pas nous!» Une ode à un naufrage collectif annoncé.
Absence réflexive!
J’ai lu avec béatitude, une réflexion du grand Jacques Attali qui soutient que «l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur». Et il ajoute, se référant à la situation créée par le Covid 19. «Face à un grand choc, il faut aller à l’essentiel de ce qu’est sa vie, c’est-à-dire se trouver soi-même, ce qui implique, dans une grande majorité des cas, de trouver comment on peut, d’une façon originale, être utile aux autres».
Et voilà la grande question aujourd’hui: comment, comme élites ou leaders être «original et utile» à nos sociétés? J’observe un mimétisme décisionnel africain: «confinement et état d’urgence». Évidemment que ce sont nos experts de la santé publique qui les ont pour l’essentiel inspirés.
Mais pouvons-nous raisonnablement affirmer que le «confinement et l’état d’urgence» sont une panacée dans nos sociétés spécifiques, dans la lutte contre la terrible pandémie du coronavirus? Est-il possible de confiner une société dont la majorité des membres vit au jour le jour? Une société du «quotidien vital», a-t-elle les moyens d’un siège de plusieurs semaines? Puisque de ce que l’on sait de la pandémie, il faut au moins 30 jours de confinement pour espérer casser les chaînes de transmission.
Pourrions-nous maintenir confinés, pendant tout ce temps, les nombreux précaires de nos sociétés? Si nous y arrivons par les baïonnettes, cela ne fera pas une grande différence pour nombre de nos concitoyens. Nous allons les sauver du Covid 19 et les précipiter dans la mort par la faim.
En Europe, depuis le confinement les gouvernements ont activé une batterie de mesures pour assurer l’approvisionnement des marchés. Ensuite ils ont assuré aux citoyens une sécurité des revenus pour leur permettre de continuer à consommer. Dans nos pays quelles sont les mesures d’accompagnement pour le confinement?
Qui va continuer à approvisionner les marchés, même les étals des quartiers, si les maraîchers ne peuvent plus vendre aux braves femmes qui se lèvent quotidiennement à 4h du matin pour aller bord champs acheter les légumes? Comment le mécanicien, le tailleur, le menuisier, le tablier, va faire pour donner le «nansongo» (l’argent de la popote, NDLR) quotidien à sa famille?
On peut fermer les bars. Mais qu’est-ce qu’on fait pour la vendeuse (elles ne sont plus constituées que des étrangères comme c’était le cas, il y a trois décennies) qui est payée à la bouteille?
La peur légitime du coronavirus, doit nous emmener à être inventifs et non faire dans la panique qui va nous précipiter dans l’abîme.
En Europe, ils ont beau être seuls, les Hollandais ont refusé le confinement. Les Hollandais sont fortement sensibilisés aux gestes barrières et ils les appliquent. C’est vrai que c’est là aussi la différence avec nos concitoyens. Les Hollandais, comme les Européens, sont consciencieux. Mais justement, n’est-ce pas parce qu’ils sont passés par de grands périls dans leur histoire?
Chez nous, les grandes famines avaient impacté la conscience collective de nos anciens et forgé des comportements réflexes aujourd’hui oubliés. Le Covid 19 doit être l’occasion de nous inventer une destinée spécifique.
Le confinement que nous mimons pourrait être un cul de sac. D’abord parce que l’Etat n’a pas suffisamment de quoi assurer le service après-vente. Ensuite la réponse sanitaire qu’il induit n’est pas encore en place. Notre système sanitaire est fondé sur un «mixte médico-famille». Le médecin prescrit et la famille assure le suivi. Or la médication selon le protocole Covid 19 c’est «l’hôpital prend tout en charge». Dans notre cas, c’est quasiment impossible.
Pourquoi ne pas prendre une initiative qui muscle la sensibilisation sur les mesures barrières et qui fonde l’espoir sur «une immunisation collective».
Surtout que des enseignements que nous avons aujourd’hui autour de la pandémie, elle est plus nocive pour les tranches d’âge de plus de 70 ans. En France sur les 500 morts, 80% ont 70 ans et plus.
Voilà ma contribution. Évidemment je ne suis pas médecin.»
NB: Le titre est de la Rédaction