Le port du masque doit devenir obligatoire au Burkina Faso. A notre humble avis et comme l’ont proposé les Investisseurs sans Frontière regroupés au sein de l’association ISAF, et qui ont initié une pétition à cet effet, toute personne qui fréquente un lieu public où elle sera face à au moins un interlocuteur, doit porter un masque. Même à la maison, cette précaution est loin d’être de trop! Certains ont déjà pris le pli mais d’autres, le plus grand nombre, n’en voient pas encore la nécessité. Pourtant, c’est reconnu aujourd’hui qu’à Hong Kong et ailleurs, le cache-nez a fait des merveilles, pour ne pas dire des miracles dans la lutte contre le Covid-19. Vu qu’il est prouvé que le virus se propage très rapidement, surtout par les postillons émis lors des conversations, des éternuements et de la toux, le masque est certainement l’une des barrières les plus efficaces contre la pandémie. Elle est même la solution, pouvons-nous affirmer, sans être médecin ou épidémiologiste de haut vol. Le bon usage de cet outil auquel nombre de pays ont aujourd’hui recours, après l’avoir relégué à l’arrière-plan de la lutte contre le Covid-19, doit pouvoir sauver ce qui peut encore l’être. Toutes les batteries de soins, toutes les querelles autour des tests en masse ou non, tous les deals et tâtonnements autour des protocoles seront sans objet si le port du masque devient obligatoire.
Certes, le Burkinabè, comme tout homme, étant frileux à toute nouvelle attitude qui vient bousculer son confort établi, cela sera difficile de lui imposer le port du masque. Même si on le convainc que le personnel soignant du Centre hospitalier universitaire de Tengandogo, ex-hôpital Blaise Compaoré, et les membres de l’équipe de riposte contre le Covid-19, malgré leur bonne volonté, peuvent peu. Il est alors temps d’imposer le masque, bien entendu en le rendant disponible. Au Burkina, ce n’est plus une denrée qui pourrait être rare, parce que les couturiers burkinabè en fabriquent de très beaux selon les normes en vigueur. L’industrie de fabrication et de commercialisation des masques «made in Burkina» connaît, du reste, un boom étonnant, faisant mentir les tenants du «tout import».
D’ailleurs, les très inspirés habitués de la toile y vont déjà de leur dose d’humour, trouvant des vertus inimaginables au masque. Florilège: «J’étais avec ma maîtresse et ma femme qui est passée à un pas de moi ne m’a pas reconnu». Ou encore: «Le gars à qui je dois de l’argent est passé devant moi sans savoir que c’était moi». Même les banquiers qui avaient une frousse urticante des hommes masqués, les reçoivent aujourd’hui avec plaisir et déférence. Le Covid-19 est passé par là et beaucoup d’évidences ont été gommées de notre vie. Dans un tout autre registre, le masque, qu’il soit de feuilles, de tissus, d’osier ou de bois, ne constitue-t-il pas d’ailleurs un pan important de la culture africaine? N’est-ce pas par eux que les ancêtres passent pour parler à leurs descendance pour maintenir la cohésion sociale par le règlement de bien des conflits dans la famille ou dans le village? Ressortons donc les masques, non pas ceux qui dorment dans les couvents et ne sortent que lors des grands événements de la communauté, mais ceux qui doivent contribuer à mettre un écran entre nous et le Covid-19.
Tous pour le masque, et le masque pour tous! Une résolution qui est bien à la portée de tout Burkinabè qui voudra spontanément protéger sa vie et celle des autres. Sinon, le gouvernement qui a pu instaurer un couvre-feu d’autorité, de 19h à 5h du matin doit pouvoir ramener à la raison, le plus téméraire des anti-masques. Vite une loi pour imposer le masque au Burkina!
Par Wakat Séra
