La maladie du coronavirus apparue fin d’année 2019 en Chine et qui s’est propagée par la suite dans la plupart des pays d’Asie, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, entre autres, a amené beaucoup de pays à fermer leurs frontières et à adopter des mesures de confinement dans le but de lutter contre sa propagation. Cette pandémie a changé le mode de vie des citoyens et a eu des impacts dans beaucoup de secteur, notamment, de l’éducation.
Dans des pays d’Afrique tout comme dans d’autres pays du monde, des mesures ont été prises pour lutter contre le coronavirus dont des millions de personnes ont été testées positives et plus de 500 000 en sont mortes. Dans ce cadre de la réponse mondiale à la pandémie de Covid-19, les gouvernements africains ont pris d’urgence des décrets et des décisions à l’échelle nationale, portant notamment sur la fermeture des écoles et établissements d’enseignement public et privé.
Pour minimiser l’impact de cette maladie sur le monde éducatif, la plupart des pays africains ont mis en place des systèmes dans le but de pouvoir donner des cours aux apprenants qui sont restés chez eux, à la suite de la fermeture des établissements. C’est le cas du Burkina, le Mali, le Ghana, le Maroc, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, l’Ile Maurice et la Zambie, notamment, qui ont déployé des stratégies avec des approches multiples, allant de l’utilisation des émissions de radio et de télévision à des ressources imprimées et des outils numériques, pour garantir la continuité des activités pédagogiques.
Les stratégies d’enseignement en temps de Covid-19
Les méthodes utilisées par les différents pays de l’Afrique sont, entre autres, l’enseignement à distance. Il s’agit de la diffusion de cours à la télévision, la radio et sur des supports numériques téléchargeables. Selon un rapport présenté, le jeudi 16 juillet 2020, au cours d’un forum virtuel organisé par L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) en collaboration avec le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), des pays se sont lancés dans des activités de prélecture et la diffusion de leçons sur la base de dessins animés. C’est le cas du Rwanda.
Le rapport qui a pris en compte la situation de douze pays africains, met en évidence certaines stratégies et meilleures pratiques de travail et révèle aussi des lacunes, qui exacerbent l’exclusion et les inégalités dans l’enseignement à distance.
Dans la mise en œuvre de cet enseignement à distance, les différents pays font face à des difficultés telles que la non qualification des enseignants en la matière, la mauvaise qualité de la connexion et le manque de moyen pour mettre en œuvre ce système d’enseignement. Dr Tumwesigye Elioda du comité de pilotage de l’ADEA pour qui, le rapport sur l’impact du Covid-19 sur l’éducation, met en évidence les disparités entre les pays au niveau de l’éducation, a également cité comme obstacle à l’enseignement à distance, l’absence de technologie.
«Il faut revoir les programmes d’enseignement»
«Le Covid-19 est une réalité et le Ghana, comme d’autres pays, en souffre», a affirmé le ministre ghanéen de l’Education, Dr Matthew Opoku Prempeh, qui a été lui-même infecté. Il a fait savoir qu’avec la fermeture des écoles, l’éducation à distance, l’éducation en ligne et la diffusion de cours à travers des chaines de télévision dédiées à l’éducation sont en train d’être expérimentées dans son pays où 0,1% d’étudiants ont été infectés par la maladie.
Selon Leela Devi Dookun-Luchoomun, vice-Première ministre et ministre mauricienne de l’Education et de l’enseignement supérieur, de la science et de la technologie, le coronavirus n’est pas la première et ne sera pas la dernière crise, notant qu’il est temps de revoir les programmes d’enseignement et mettre des moyens d’évaluation à distance. «Nous devons faire de ce défi des opportunités», a dit Mme Dookun-Luchoomun.
«Nous avons besoin d’un changement radical. Les écoles de l’avenir doivent être des écoles sans murs et les parents peuvent y jouer un rôle», a renchéri Reema Nayar de la Banque mondiale, soutenant qu’avec la situation du Covid-19, des millions d’étudiants, surtout des filles, pourraient abandonner les études.
Deux cartographies pour évaluer la situation de l’apprentissage
Du rapport présenté, il a été recommandé, la mise en place d’un système d’accompagnement des enseignants et des apprenants, d’exploitation des nouvelles technologies et l’association des partenaires dans le développement de l’éducation à distance.
C’est au total deux cartographies que l’ADEA a entrepris entre mars et juin derniers pour évaluer la situation de l’apprentissage dans les pays africains en période de pandémie de Covid-19 afin de fournir un meilleur soutien aux ministères de l’éducation et de faciliter la mutualisation des bonnes pratiques.
Aujourd’hui la situation a peu à peu évolué. Certains pays ont déjà rouvert leurs écoles et institutions d’apprentissage et d’autres prévoient de les rouvrir. Mais là également, des autorités intervenant au cours du forum ont souligné le manque d’infrastructures et de moyens pour le respect des mesures barrières dans les établissements.
Par Daouda ZONGO