Cas confirmés par-ci, confinement par-là, prise en charge par-ci, morts par-là. Toute l’actualité se résume à ces informations et finissent par les conseils pour le respect des mesures d’hygiène de l’OMS. Mais pour l’instant, en dehors de la Chine, berceau du COVID-19 d’où parvient des nouvelles réjouissantes sur des guérisons et le recul important du mal, l’inquiétude enfle partout ailleurs, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, aboutissant à aux mesures de protection les plus draconiennes. Résultat des courses: le mappemonde a viré au rouge, à l’instar des cartes des pays sahéliens qui subissent au quotidien la loi des terroristes et sont donc déconseillés aux ressortissants français, américains, britanniques, etc., par leurs gouvernements respectifs. Le virus à la couronne, ne connaissant ni grandes puissances, ni petits pays, ni frontières, ni religion, frappe à tout vent, réduisant la planète à des pays érigés en citadelles contre «ceux venus d’ailleurs». Sauf que, le vers est déjà dans le fruit. Bravant tous les pronostics, le COVID-19 s’est déjà installé en terrain conquis, contraignant, par ses ravages, les systèmes sanitaires les plus affinés, à se remettre en cause. Pire, il bouscule même les habitudes sociétales, interdisant désormais jusqu’à la simple poignée de mains pour dire bonjour ou se donner la paix à l’église ou à la mosquée. Au plus grand désarroi des Africains dont la piété ferait pâlir de jalousie les 12 apôtres de Jésus ou les compagnons du prophète Mahomet, les lieux de cultes sont de plus en plus désertés, quand ils ne sont pas fermés comme au Rwanda par exemple.
En tout cas, tout tournera désormais au ralenti dans une Afrique où, la chaleur humaine, au propre comme au figuré, est la chose la mieux partagée. La vie en communauté commence à prendre un grand coup avec les mille et un interdits imposés dans la lutte contre le coronavirus. Certes, continent plus ou moins épargné, les Africains peuvent se permettre encore quelques écarts, en se retrouvant encore, comme au Burkina, dans les maquis et bars, agglutinés autour du porc au four ou du poulet flambé, arrosés de bière bien fraîche. Et le tout dans de chaudes discussions dans lesquelles s’invitent quintes de toux et postillons de salive provoqués par le bon piment. S’il faut bien évidemment éviter cette psychose plus dangereuse que le COVID-19 lui-même et obligent certains, bien portants, à retenir une toux ou un éternuement pour éviter des regards suspects de l’assistance, il n’en demeure pas moins qu’en plus du lavage de main et l’hygiène individuelle, il importe qu’aux frontières aériennes, terrestres ou maritimes, les mesures les plus rigoureuses soient prises, nul ne devant y échapper, pour éviter la propagation du virus. Il ne servirait à rien de mettre en congé forcé, les élèves et étudiants, tout comme les interdictions de manifestations des syndicats comme celle de ce lundi au Burkina, seront sans effet sur la promenade de…santé du coronavirus, si on oublie le reste de la population. Pire, l’autre cheval de bataille des autorités sanitaires sera de retrouver des personnes potentiellement atteintes, car les malades se cachent en Afrique, à cause du regard de l’autre, mais surtout par peur d’aller dans les hôpitaux et centres de santé où parfois le simple paracétamol est une denrée rare.
Nous sommes tous concernés, et il faut que chacun en prenne conscience pour éviter le piège des informations creuses et erronées selon lesquelles, «le virus ne survit pas à une température de 26°», car le virus mute et s’adapte au climat chaud et humide, a constaté l’OMS. Ou encore des réflexions du genre, «le paludisme et la faim tuent plus que ce virus en Afrique». Il urge de ne pas ajouter aux fléaux du terrorisme, de la famine, des déplacés forcés, du palu, etc., les morts du COVID-19, car ce serait le mal de trop pour l’Afrique qui cherche toujours la voie du développement.
Par Wakat Séra