C’est en principe ce lundi 10 février que les Burkinabè seront situés que le cas suspect d’un ressortissant chinois qui est rentré de son pays le 29 janvier dernier. Il a quitté une localité de l’extrême nord de la Chine où selon les autorités burkinabè, aucun cas de la maladie du coronavirus n’a été notifié. Cependant, avant d’arriver à Ouagadougou, son périple l’a amené à faire escale dans une ville sans cas connu, mais également dans deux autres où, malheureusement sont respectivement signalés, 100 et 300 cas confirmés. Il y a passé 48 heures avant de poser pieds à Ouagadougou, via Istanbul. Conduit directement de l’aéroport à son domicile, le jeune homme a été soumis à une consigne d’isolement, toujours selon le Comité sectoriel santé de gestion de l’alerte de cas suspect de 2019-nCov jusqu’au 5 février. Deux personnes, qui cohabitaient avec cas suspect et l’intéressé lui-même, atterriront finalement au Centre hospitalier université de Tengandogo, ex hôpital Blaise Compaoré, où ils ont été internés et soumis aux analyses indiquées. De même, 20 personnes contacts avec le cas suspect ont également reçu une consigne d’auto-isolement. C’est donc avec appréhension, mais sans une panique exagérée que le Burkina Faso entier attend la suite de cet épisode, dont il se serait bien passé pendant que notre pays est déjà durement confronté à l’hydre terroriste.
Les mesures prises par le Burkina pour faire face à toute éventualité d’apparition du coronavirus sur notre sol seront-elles suffisantes pour protéger les populations? Avons-nous les moyens pour faire face à une épidémie? Des interrogations qui interpellent le gouvernement, mais surtout chacun des Burkinabè sur le respect scrupuleux des mesures de prévention. Autant que le terrorisme, le «virus à couronne» est sans pitié sur l’homme, qu’il soit civil ou militaire. Depuis qu’il a fait son apparition dans la ville chinoise de Wuhan qu’il a prise en otage, le mal, qui est à l’origine d’une vaste épidémie de pneumonie mortelle s’est internationalisée, atteignant des contrées aussi proches que loin de la Chine. Déclaré urgence de santé publique par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le 2019-nCoV se balade un peu partout et peut déjà se targuer, en moins d’un mois, d’avoir fait plus de 500 tués, dont le premier hors des frontières de la République populaire de Chine, aux Philippines. Du coup, comme une pestiférée, la Chine est fuie par ses détracteurs et même ses amis. Si certains pays ont établi des ponts aériens pour exfiltrer leurs ressortissants du pays de Mao Zedong d’autres déconseillent les voyages de leurs nationaux à destination de la Chine et pire, les vols en provenance ou à destination du pays en proie à l’épidémie reconnue plus meurtrière que le SRAS, autre maladie respiratoire, causée par un…coronavirus, sont suspendus. Le Burkina Faso, qui vient de renouer ses relations avec la Chine en réaffirmant sa solidarité ce pays, ne demande pas moins de la prudence autour des voyages entre les deux pays. Les autorités burkinabè, en intelligence avec l’ambassade de Chine à Ouagadougou demandent par exemple aux ressortissants chinois qui voudraient se rendre au Burkina Faso, de retarder leur déplacement, histoire de prendre la bonne décision dans le bon tempo.
Et voilà le Burkina Faso dont les opérateurs économiques sont très réguliers sur l’axe Ouagadougou-Guangzhou Canton, pris dans la hantise du coronavirus chinois. Tout comme les parents des 22 étudiants burkinabè en Chine, précisément à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie, eux qui ont été plus ou moins rassurés par les propos du ministre burkinabè des affaires étrangères qui a signifié que «le gouvernement burkinabè suit la situation de près», tout le monde regarde maintenant vers le même gouvernement. Certes, ce n’est qu’un cas suspect, à considérer donc ainsi, sans verser dans une psychose qui elle-même serait plus dévastatrice que le mal lui-même. Cependant, une communication bien adaptée à la situation et le renforcement des mesures de prévention, et de lutte le cas échéant, doivent être de mise. En ce sens, pour le bonheur des populations, la langue de bois et les calculs politiciens pourraient bien être suicidaires. De toute façon, comme ailleurs, la Côte d’Ivoire, voisin du Burkina, a également connu son cas suspect qui s’est révélé négatif par la suite.
Par Wakat Séra