Ecroué depuis le 10 juillet à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) pour incitation à la haine et à la désobeisance civile, l’imam Aguib Touré hume depuis ce mardi 13 aout 2018 l’air frais de la liberté grâce à l’amnistie décrétée le 6 août dernier.
Il avait défrayé la chronique en postant sur les réseaux des prêches qui lui ont coûté cher. Aguib Touré qui se présente comme imam à la mosquée Al Houda Wa Salam d’Abobo, dans le Nord d’Abidjan mais titre que lui refute le Conseil supérieur des imams (Cosim), a été emprisonné le 10 juillet 2018 à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Il a été libéré ce mardi 14 août 2018 après une audition devant le juge d’instruction. Le guide spirituel bénéficie de la mesure d’amnistie décidée par le président Alassane Ouattara le 6 août 2018. L’homme de Dieu avait été écroué pour avoir tenu des propos « xénophobes » et appelé à la haine tribale selon les autorités judiciaires.
Les chefs d’accusation retenus contre lui sont l’incitation à la désobéisance civile, à la radicalisation et à l’extrémisme violent. Dans une vidéo, l’imam a dénoncé le coût élevé du Hadj qui est passé de 1,5 million Fcfa à 2 millions Fcfa. Il a tiré à boulets rouges sur les opérations de déguerpissement des populations opérées par le gouvernement dans certains quartiers populaires. Le 13 juillet dernier, le procureur de la République, Richard Christophe Adou, a expliqué à la presse que l’arrestation de l’Imam Aguibou Touré ne vise pas « à museler un guide religieux dans son élan d’éveilleur de conscience ». Cette affaire a profondément divisé la communauté musulmane où des fidèles sont montés au créneau pour dénoncer cette arrestation « sous les soleils » du président Alassane Ouattara, un musulman et le mutisme du Conseil supérieur des imams (COSIM) dirigé par le Cheick Boikary Fofana.
Dans une déclaration publiée le 18 juillet 2018, le COSIM a soutenu que « les faits ainsi reprochés à AGUIBOU TOURE, qui sont d’une extrême gravité, seraient illustrés par des éléments sonores et vidéos diffusés sur les réseaux sociaux dans lesquels ce dernier s’en prendrait aux organisations religieuses musulmanes établies ou à leurs leaders, aux autres grands cultes officiant en Côte-d’Ivoire, à l’organisation du « Hadj », aux autorités publiques, voire au chef de l’Etat ». Devant « l’émoi » suscité par cette affaire, les imams ont invité « les autorités judiciaires à un traitement diligent, juste et équitable de la procédure » avant d’inviter la communauté musulmane « à la sérénité et à l’apaisement ».
Selon des sources introduites, l’imam « rebelle » avait été rappelé à l’ordre par ses pairs qui supportent mal ses attaques « virulentes » contre le régime en place. Dans la foulée, un député Alpha Yaya Touré, proche de Soro Guillaume, président de l’Assemblée nationale, a exprimé son mécontentement après l’arrestation de l’Imam Aguib Touré. Selon lui, cet acte vient entacher une fois de plus, le processus de réconciliation nationale amorcé depuis longtemps.
Par Wakat Séra
