Guillaume Kigbafori Soro (GKS), véritable maître du jeu politique ivoirien ? Tout porte à le croire, compte tenu du contexte dans lequel, « Bogotha » vient de rempiler à la tête de l’Assemblée nationale alors que bien des observateurs l’avaient déjà vu chuter du perchoir. Comme pour confirmer l’invincibilité que lui confère son nom, Kigbafori a déjoué tous les pronostics de ses détracteurs qui présageaient son déclin. Le « Che », un des autres nombreux surnoms de l’ancien premier ministre de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo a donc retourné la situation en sa faveur, notamment suite aux mutineries des militaires qui se sont déclenchées, les 5, 6 et 7 janvier dans plusieurs villes de la Côte d’Ivoire, avec pour point de départ, Bouaké.
Deuxième ville du pays de Félix Houphouët Boigny par la population, Bouaké a toujours été considérée comme le fief des rebelles qui ont porté Alassane Ouattara au pouvoir, après bien des péripéties sanglantes. Ceci explique-t-il cela ? En tout cas, par cette démonstration de force qui a été malhabilement habillée du manteau troué de manifestations pour exiger de meilleures conditions de vie, les militaires, pour la plupart des ex-rebelles, qui se disent abandonnés à leur sort, ont montré qu’ils ne sont pas prêts à être relégués aux oubliettes après avoir aidé Alassane Ouattara à assouvir son obsession de devenir président.
Persuadés que l’effacement du « bandit chef », pour faire dans le langage des férus de western, est synonyme de leur mort, les mutins mus par l’instinct de survie, ont bien choisi le timing pour se rappeler aux bons souvenirs de Alassane Ouattara. Les bruits de bottes qui ont précédé l’élection de GKS ont certainement fini de guérir les caciques du Rassemblement des républicains (RDR) de cette amnésie qui leur a fait oublier à qui leur champion doit son pouvoir.
Jusqu’à quand la Côte d’Ivoire demeurera-t-elle l’otage de ces militaires qui semblent oublier que désormais, ils sont dans une armée républicaine et non dans une bande de rebelles sans foi ni loi ? Certainement que demain ne sera pas la veille, à moins d’un miracle encore plus gigantesque que les ponts que Alassane Ouattara construits. Surtout qu’en son temps, le désarmement fut une parodie sans commune mesure et qu’aujourd’hui, les ex-rebelles intégrés dans l’armée ont à leur disposition un véritable arsenal de guerre. Cependant, attention à Guillaume Soro de ne pas en faire les frais un beau jour, et devenir l’arroseur arrosé.
A force de trop jouer avec le feu, on finit par se brûler, comme l’énonce si bien l’adage. Comme quoi, la bataille pour la présidentielle de 2020 promet des étincelles, tant que Alassane Ouattara qui a promis de ne plus se présenter, s’obstinera à se préparer un successeur, autre que GKS, à qui il offrira le trône sur un plateau d’or. En attendant, comme pour paraphraser le célèbre « allons seulement » du chanteur ivoirien de couper-décaler, allons « Soroment » !
Par Wakat Séra
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