Après la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, qu’elle a organisée avec brio du 13 janvier au 11 février 2024, et remportée avec panache, la Côte d’Ivoire attend, en principe, dans un an, soit en octobre 2025, une élection présidentielle, qui promet des étincelles, et peut-être même du feu, si rien n’est fait.
Les mêmes acteurs politiques dominant toujours la même scène politique, «les mêmes causes» de de la présidentielle de 2010, pourraient bien produire «les mêmes effets» pour la présidentielle de 2025, et après. Sauf si, et seulement si, les Ivoiriens, tous les Ivoiriens, et pas que les politiques, regardent dans le rétroviseur et questionnent les séquelles indélébiles de la crise post-électorale de 2010. «Elections, c’est pas la guerre», pour emprunter des mots au célèbre chanteur congolais, Zao. Mais, tous les prémices du chaos sont pourtant en train de se mettre, progressivement, en place, que ça soit dans les médias où sur les réseaux sociaux, où les propos haineux, les interpellations véhémentes et bellicistes, accompagnent des interrogations inopportunes sur les origines d’un candidat sérieux, déclaré, Tidjane Thiam, et d’un autre, non encore déclaré, président en mandat, Alassane Ouattara, pour ne pas les nommer.
Pourtant, le groupe interplanétaire Magic System, dans sa chanson à succès non moins mondial, n’a-t-il pas dit que «premier gaou n’est pas gaou»? Les Ivoiriens doivent tout faire pour ne pas être «gnata», en tombant, une fois de plus dans le piège des démons de la violence qui hantent les élections, sur les bords de la Lagune Ebrié, depuis la disparition du premier président du pays, Félix Houphouët Boigny. «La paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement». Ce concept, le «Vieux», en avait fait son leitmotiv. Il est grand temps que ses concitoyens en fassent leur étoile polaire. Mais, les politiciens sans scrupule ne se donnant aucune limite, pour prendre ou garder le pouvoir, ça craint. Et malheureusement, ils n’ont aucun mal à se faire écouter, et pire, à entraîner les populations, surtout la jeunesse, dans leur combat qu’ils affichent comme une cause nationale, mais qui se révèle, toujours, par la suite, comme la défense d’intérêts égoïstes et très personnels.
C’est un secret de polichinelle, la présidentielle de 2025 se jouera entre le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le RHDP d’Alassane Ouattara, au pouvoir, et l’historique Parti démocratique africain de Côte d’Ivoire, le PDCI. Certes, le président ivoirien n’a pas encore pris place dans les starting-blocks, mais pour les apparatchiks du pouvoir et des militant RHDP, c’est le candidat naturel. S’il se décide à se lancer dans la course à sa propre succession, il aura en face de lui, le désormais très populaire, Tidjane Thiam, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire qui a succédé au «sphinx de Daoukro», l’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, décédé le 1er août 2023. Avec le jeu des alliances qui se feront et se dénoueront au gré des intérêts politiques du moment, mais surtout des promesses de strapontins et d’espèces sonnantes et trébuchantes, et encore de mésentente entre militants du même bord politique, les soutiens mettront leurs poids dans la balance. A ce titre, l’ancien président, Laurent Gbagbo, président du Parti des peules africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) qui l’a désigné comme son candidat, alors qu’il est inéligible, parce qu’ayant sur le dos une condamnation de 20 ans de prison prononcée par la justice ivoirienne, pèsera peu, sauf pronostic erroné, sur cette élection.
Tout comme Pascal Affi N’Guessan, président et candidat du Front populaire ivoirien (FPI), l’ancien ministre et ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Côte d’Ivoire, cadre influent du PDCI, Jean-Louis Billon, qui pourrait brouiller les cartes, et le leader du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), Charles Blé Goudé, inéligible, pour condamnation de 20 ans de prison, comme Laurent Gbagbo, son ancien mentor et ancien colocataire à la Cour pénale internationale (CPI), et dans une moindre mesure, l’ancienne première dame, Simone Ehivet, l’ex-épouse de Laurent Gbagbo, fondatrice du Mouvement des générations capables (MGC), pourraient être des arbitres, actifs, de cette élection présidentielle. En attendant, c’est l’enrôlement sur les listes électorales, commencé le 19 octobre, qui a été prorogé au 17 novembre, sans doute pour donner une chance supplémentaire aux électeurs potentiels qui ne se sont pas encore faits recenser.
En tout cas, octobre 2025 arrive à grand pas et il urge que les Ivoiriens se mettent en rang serré pour faire de cette élection une fête.
Par Wakat Séra