Enfin ils sont rentrés à la maison! A leur retour les 46 militaires ivoiriens qui sont restés durant plus de six mois aux mains de la junte militaire au pouvoir à Bamako ont été salués comme des héros revenus de mission par Alassane Ouattara. Le président ivoirien qui a rendu un hommage bien appuyé à son homologue togolais, Faure Gnassingbé qui n’a ménagé aucun effort dans son rôle de médiateur, n’a pas manqué de dire ses reconnaissances à son «fils» Umaro Sissoko Embalo, le chef de l’Etat de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), tout comme il a loué les efforts de tous ceux qui ont œuvré pour que les soldats ivoiriens retournent auprès de leurs familles.
Désormais, l’affaire des «mercenaires» selon les autorités maliennes ou des «otages» selon Abidjan est désormais rangée dans le tiroir des mauvais souvenirs, même si on ignore la véritable nature de la rançon qui a ramené la junte militaire à la raison. Mieux, le «sage» d’Abidjan a annoncé une nouvelle ère de relations paisibles entre les voisins maliens et ivoiriens. Dans la foulée, il a lancé une invitation au colonel Assimi Goïta pour un séjour officiel sur les bords de la lagune Ebrié. Pourvu que les paroles soient accompagnées d’actes pour que les relations séculaires de bon voisinage entre les deux pays reviennent à leur niveau d’excellence d’antan.
Mais c’est fort logiquement que le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, demande la libération de la militante de la société civile, Pulchérie Gbalet accusée d’«entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire et diplomatique de la Côte d’Ivoire, de manoeuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions et à occasionner des troubles graves à l’ordre public». Dame Gbalet est donc en détention depuis le 22 août 2022, à son retour d’un voyage au Mali. Les 49 militaires ivoiriens ayant recouvré la liberté, rien ne devrait empêcher, en principe, qu’il en soit de même pour Pulchérie Gbalet. Sauf que la justice a ses règles de fonctionnement qui sont loin de la volonté des profanes et des agendas des politiciens.
Loin de toutes ces affaires des 49 militaires et de Pulchérie Gbalet, Charles Blé Goudé, est finalement rentré en Côte d’Ivoire après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI). Et les supputations vont bon train sur la prochaine trajectoire politique du leader du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) qui lui, a l’ambition de diriger la Côte d’Ivoire «un jour». Toutefois, le glaive de la justice reste suspendu sur la tête de l’ancien «général de la rue», sous la forme d’une condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire des «violences électorales de 2010». A moins que l’ancien ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo, pour aller sereinement vers son destin de dirigeant de son pays bénéficie, comme son mentor, de la grâce présidentielle de la part d’Alassane Ouattara, le seul maître du jeu.
Question: le courant passe-t-il toujours entre le «fils» Goudé et le «père» Gbagbo? Rien n’est moins sûr, même si le «fils» tente de faire croire le contraire. «La seule discorde? Peut-être je ne suis pas membre du PPA-CI (…) J’ai fait ma demande d’audience pour voir mon père et j’attends qu’il me reçoive». Révélation de Charles Blé Goudé qui, pourtant, n’a pas attendu bien longtemps avant de rendre visite au président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan et l’ex-première dame Simone Gbagbo, tous deux en rupture nette avec l’ancien président Laurent Gbagbo. Pour qui roulera donc Charles Blé Goudé? Ou alors entreprendra-t-il une marche solitaire vers la présidence «un jour»?
Ainsi va la Côte d’Ivoire en route pour la présidentielle de 2025. Une élection à laquelle pourraient bien s’aligner les dinosaures de la politique ivoirienne Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo qui, visiblement, se découvrent toujours une deuxième jeunesse quand il s’agit d’accéder au palais présidentiel.
Par Wakat Séra