Ebola au Burkina et en Côte d’Ivoire, plus de peur que de mal? Oui, si l’on s’en tient aux déclarations officielles produites par les deux pays. Que ce soit au Burkina ou en Côte d’Ivoire les cas n’ont été, fort heureusement que suspects. Ce qui n’a pas empêché les autorités sanitaires nationales et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de mettre en place les dispositifs de riposte et de prévention. Il faut s’en féliciter, car comme le dit l’adage, «mieux vaut prévenir que guérir». La vaccination des agents de santé et des personnes à risque, tout comme le suivi du cas pris en charge, ont servi à rassurer une population ivoirienne qui n’avait pas besoin de ce nouvel hôte, alors qu’elle se débat déjà avec le Covid-19 qui connaît un regain de taille. Si la patiente indexée comme celle par qui Ebola aurait fait son retour en Côte d’Ivoire a été déclarée, finalement, négative, par des tests PCR et par la sérologie, réalisés par le laboratoire Bio-Mérieux et l’Institut Pasteur de Lyon en France, le soulagement fut grand.
Mieux, cela a permis de faire tomber la tension diplomatico-sanitaire entre deux voisins, la Guinée d’où venait la jeune femme et la Côte d’Ivoire où elle a débarqué. Alors que Conakry rejetait catégoriquement le fait que sa ressortissante n’était pas malade, Abidjan affirmait le contraire. Mais le vent de ce soulagement a soufflé jusqu’au Burkina qui, dans le même temps, connaissait également un cas suspect venu de la…Côte d’Ivoire. Toutefois, selon le ministère burkinabè de la Santé, ce cas était, et est resté, suspect. Du reste, les autorités sanitaires du Burkina, à l’instar de celles de la Côte d’Ivoire, tout en surveillant le cas suspect, avaient misé gros sur la prévention. Ainsi, même s’il faut se réjouir de cette nouvelle de toute absence de Ebola, au Burkina et en Côte d’Ivoire, il importe de maintenir, avec la rigueur requise, le mécanisme de prévention en place, compte tenu surtout de la porosité légendaire des frontières africaines.
Mais si Ebola n’est pas passé, pas pour l’instant en tout cas, le Covid-19 lui est en plein réveil sur le continent, à travers une troisième vague que les experts redoutent meurtrière pour des pays africains qui comptent, jusqu’à présent, des personnes qui ne croient pas en l’existence du méchant virus! C’est ainsi que, que tant en zone rurale qu’en milieu urbain, les gestes barrière sont totalement ignorés et porter un masque suscite les pires railleries. Aux «covido-sceptiques», s’ajoutent les anti-vaccins qui non seulement ont juré de ne pas se faire inoculer le précieux liquide, mais par tous les moyens, dissuadent leur entourage familial et leurs cercles d’amis de se faire vacciner. Dans cette logique, l’Afrique, en plus d’être le continent où le vaccin manque le plus, est celui qui porte le bonnet d’âne de la vaccination. Et les chiffres de nouveaux cas confirmés, de cas actifs et de morts, ne cessent de grimper, suscitant une véritable inquiétude sur le continent, dont certaines régions, comme le Sahel, ont, certes, été peu touchées par le virus à couronne, lors de son premier passage.
Une fois de plus, l’option ne doit pas changer, que l’on soit au Burkina ou en Côte d’Ivoire, et ailleurs en Afrique: la prévention. Surtout que guérir sous les tropiques relève souvent plus de la chance, dans des hôpitaux considérés davantage comme des mouroirs et des centres de santé qui manquent du tout au tout. Fort heureusement, des médecins, infirmiers et autres agents de santé, dans des conditions inimaginables, arrivent à réaliser des prouesses, grâce à leur professionnalisme et leur engagement, pour extirper des serres de la mort, des populations démunies qui n’empruntent le chemin de l’hôpital qu’au seuil de la désespérance.
Par Wakat Séra