Et si les politiciens laissaient les «chinois» porter le «Daïshikan» à sa dernière demeure, selon les rites et codes qui leur sont propres? A défaut de laisser le cadavre de «Commandant Zabra» entre les seules mains de sa famille naturelle et celle de la rue, et si le gouvernement s’était impliqué de façon plus soft, et surtout moins exhibitionniste dans ses funérailles? Et si au lieu de faire autant dans la démesure dans l’organisation des obsèques de «Yorobo», les hommes politiques qui en réalité ne connaissent la philanthropie que lorsqu’elle leur permet de masquer leurs desseins égoïstes et très personnels s’étaient montrés plus discrets? DJ Arafat qui a eu une vie mouvementée ici-bas aurait peut-être pu espérer le repos éternel après son enterrement, car sa tombe à peine fermée n’aurait peut-être pas subi la profanation du samedi 12 août. Les frustrations ne venaient pas que des «chinois». Ce n’était que la pointe visible de l’iceberg des mécontents, dont des artistes, qui, pour ne pas se laisser livrer à la vindicte populaire, surtout aux représailles des «chinois» ont dû d’égosiller dans un stade Félix Houphouët Boigny transformé en funérarium géant pour rendre hommage au «roi du coupé-décalé». Même les ennemis les plus irréductibles du «Bérus Sama» ont été contraints de jouer le jeu pour ne pas se faire taxer d’aigris. Mais cette posture hypocrite ne peut être condamnée dans un monde des humains, où la mort rapproche tout autant qu’elle peut diviser.
En somme, les politiciens, notamment le régime en place qui compte consolider un électorat pour les prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2020, en fait trop, comme on le dit trivialement. Nul ne peut mettre en doute aujourd’hui la valeur de l’artiste musicien qui était incontestablement l’un des meilleurs de sa génération. Mais en même temps, il faut, en toute chose, le respect du parallélisme des formes, l’équité et la justice dans les actes. Pour parler en français facile, bien des artistes aussi, sinon plus, méritants compte tenu de leur aura non moins internationale que celle de DJ Arafat ont été mis sous terre presque dans l’anonymat. Question morbide mais pertinente: les autres artistes qui n’auront pas des accointances avec les politiques et n’auront pas la chance de mourir à la veille d’élections bénéficieront-ils d’obsèques aussi grandioses à la taille de celles du «Zeus d’Afrique»»? Rien n’est moins sûr, mais il faut reconnaître, avec tout le respect que nous avons pour les morts et surtout l’estime que nous portons au «Sao Tao le Dictateur» que les politiciens sont passés à côté du meilleur casting pour honorer la mémoire de «InfluenMento». Il aurait déjà fallu convaincre les milliers de fans de «César» de sa mort et que «son cercueil n’a pas été changé» avant d’être déposé dans sa tombe du cimetière de Williamsville. DJ Arafat n’appartenait plus à sa seule famille biologique et sa mort brutale à 33 ans avait de quoi choquer et semer des doutes dans les esprits des «chinois» qui ont fini par déifier leur «président».
Et maintenant que fera-t-on de cette tombe qui deviendra sans doute la Mecque des sujets du «roi du coupé-décalé»? A moins de l’ériger en Fort imprenable sous la surveillance quotidienne de l’armée cette tombe n’est pas à l’abri d’autres surprises. Une dernière interrogation anodine: à l’heure où les débats sur la modification de la Constitution fait rage, la mort de DJ Arafat servirait-elle d’opportunité aux politiciens pour faire diversion et essayer de faire passer une mesure impopulaire? Comme on le dit au pays de DJ Arafat, «connaisseur connaît»!
Par Wakat Séra