L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a des soucis à se faire sur son avenir politique! En effet, l’homme, a été radié des listes électorales et le débat fait, logiquement rage sur les bords de la lagune Ebrié. Si cette décision de la Commission électorale indépendante (CEI) réjouit bien des personnes, en l’occurrence les partisans du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la pilule reste très amère chez les militants du leader du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Même d’autres formations politiques, dont, en premier plan le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui s’apprêtait à faire couple avec le PPA-CI pour les prochaines régionales et municipales de septembre tout comme l’ancien Premier ministre Guillaume Soro en exil, ont, en travers de la gorge, cet acte de la part de l’organe en charge de l’organisation des élections.
Dura lex, sed lex, opposera-t-on aux mécontents de cette radiation! Car c’est la condamnation de 20 ans collée, en janvier 2018, à Laurent Gbagbo, par la justice de son pays, pour «braquage» de de la BCEAO lors de la crise post-électorale de 2010-2011 qui a privé l’enfant de Mama de ses droits civiques. Certes «la loi est dure, mais c’est la loi»! Sauf que dans le cas de l’ancien chef de l’Etat, tout ne serait pas aussi droit que ça. C’est dans cette logique que, comme l’avocate de l’ancien célèbre prisonnier de la Cour pénale internationale (CPI), les cadres et militants du PPA-CI, de même que les contre CEI dans cette affaire, ne se lassent pas de dénoncer une injustice flagrante. Pour eux, non seulement notification de la décision n’a pas été faite à leur champion, mais cette condamnation qui ne mentionne pas, avec la précision classique reconnue au droit, la perte de ses droits civiques, qui plus est, avait été…condamnée par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) qui avait demandé la réintégration de l’ancien patron du Front populaire ivoirien (FPI).
De toute façon, la radiation de Laurent Gbagbo, même si la loi l’autorise, peut paraître inopportune et improductive dans une dynamique de réconciliation et de recherche de la cohésion nationale dont le chantre est, paradoxalement, celui à qui profite le crime. En effet déterminé à recoller les morceaux d’une Côte d’Ivoire déchirée entre ses fils, Alassane Ouattara avait pris plusieurs mesures d’apaisement et organisé le retour à la maison des exilés. Seul son «fils» Guillaume Soro erre encore dehors, alors qu’il pouvait être un bon dauphin, s’il n’avait subi la fatwa des caciques du RHDP et si lui-même n’a pas voulu trop tôt «être calife à la place du calife»! Mais ça c’est un autre sujet devenu moins passionnant en Côte d’Ivoire, pour l’instant en tout cas. Alassane Ouattara, s’il veut réellement se mettre dans la peau du sage qui veut ramener tous les Ivoiriens à oublier pour de bon les séquelles non visibles, car enfouies dans les cœurs, de cette crise post-électorale ravageuse, au propre comme au figuré, devrait, servir sur un plateau d’ivoire, l’amnistie à tous ces leaders politiques. Surtout que, comme par hasard, aucun des militants ou cadres de son camp n’a été et n’est inquiété. Pourtant, il faut être deux pour faire la guerre, non?
Question: pendant combien de temps encore, la Côte d’Ivoire restera l’otage des trois dinosaures de la politique ivoirienne, qui retrouvent toujours une autre jeunesse, à l’approche des élections?
Par Wakat Séra