Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, a dénoncé le choix par le RDR des candidats qui ne sont pas autochtones des villes qu’ils représentent à l’Assemblée nationale.
Chasser le naturel, il revient au galop. A peine amnistié le 6 août 2018, Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense de 2000 à 2003, un idéologue du Front populaire ivoirien (FPI) classé parmi les faucons du parti de Laurent Gbagbo, a repris le vieux débat sur l’Ivoirité. Au cours d’une vidéo réalisée lors de sa visite chez Kouadio Konan Bertin (KKB) et publiée sur les réseaux sociaux, il a reproché au Rassemblement des républicains (RDR) de choisir des candidats « Dioula » ou Malinké dans des villes où ils ne sont pas autochtones. « Je ne comprends pas pourquoi des personnes ont parachutées dans certaines localités pour être des élus de la nation alors que le président Houphouët-Boigny nous a appris la géopolitique. Je ne peux pas comprendre, c’est personnel, le PDCI-RDA nous a dirigés pendant 42 ans.
A Lakota, chaque fois que le PDCI-RDA voulait un candidat, pour le représenter et représenter le peuple Dida à l’Assemblée nationale que nous appelons en science politique la représentation nationale, il trouvait un Dida pour être le candidat du PDCI-RDA, un Dida militant du PDCI-RDA, candidat du PDCI-RDA pour aller parler au nom des Dida à l’Assemblée nationale », a-t-il déclaré. Puis d’ajouter : « Aujourd’hui celui qui parle au nom des Dida de Lakota à l’Assemblée nationale s’appelle Kouyaté Abdoulaye. Je trouve inadmissible que celui qui parle au nom des Abbey à l’Assemblée nationale s’appelle Adama Bictogo, que celui qui parle au nom des Agni d’Aboisso s’appelle Sylla ».
Lida Kouassi, un Dida, a été élu sous la bannière du FPI en octobre 2000 député de Koumassi, une commune d’Abidjan dont les autochtones sont les Ebrié. Idem pour Odette Lohourougon, une Bété élue à Attecoubé en pays Ebrié. Ce discours rappelle le vieux débat sur la classification des Ivoiriens en deux catégories : les « Ivoiriens de souche multiséculaire » et les « Ivoiriens de circonstance » assimilés aux étrangers. Pour être candidat à une élection, la loi ne demande pas les origines ethniques du candidat qui doit faire preuve de sa nationalité ivoirienne.
Cette sortie de ce cacique de la refondation, a provoqué un véritable tollé sur la toile où les internautes l’ont fustigé pour ce discours à relent ethnique. Comme pour dire qu’il n’en a cure des critiques soulevées par ses propos, Lida Kouassi a remis le couvert. « En sciences politiques, l’Assemblée nationale c’est la représentation nationale. Les représentants de l’Assemblée nationale sont, effectivement les représentants des peuples vivant en Côte d’Ivoire. Ce que j’ai voulu faire ressortir, c’est que le RDR est un parti communautariste et confessionnel. Pourquoi pour les législatives à Agboville, le RDR ne trouve pas un Abbey qui est de leur parti ? Pourquoi à Lakota le RDR ne trouve pas un DIDA de leur parti ? Aussi longtemps que Adama Bictogo réside à Agboville il ne deviendra jamais Abbey.
Le RDR n’est pas un parti national mais communautaire », a-t-il affirmé sur un site en ligne. « Les propos donc, je les assume et je persiste et puis je signe. Il faudrait que les représentants des villes et régions à l’Assemblée nationale soient originaires de ces villes. C’est un principe que je soutiens et si j’étais ministre de l’Intérieur actuellement je lutterais pour faire passer une loi dans ce sens », a-t-il ajouté. Lida Kouassi tombe sous le coup de la loi N° 2008¬222 DU 4 août 2008 qui stipule que : « Quiconque se rend coupable de diffusion d’informations ou de rumeurs mensongères à relent raciste ou tribaliste, dans l’intention de soulever une communauté contre une autre, même si le soulèvement n’a pu avoir lieu, est puni d’un emprisonnement de cinq à dix ans et d’une amende de 500.000 à 5.000.000 de francs CFA ». Lida Kouassi va-t-il retourner en prison ?
Mahamadou DOUMBIA (Correspondant Wakat Séra en Côte d’Ivoire)