Accueil A la une Côte d’Ivoire: HamBak est-il vraiment mort?

Côte d’Ivoire: HamBak est-il vraiment mort?

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Il s'appelait Hamed Bakayoko

C’est l’histoire d’un homme qui était grand, si grand, au propre comme au figuré, que tous avaient fini par le croire immortel. Et même ceux qui ont flirté avec le syllogisme qui fait de Socrate un mortel parce qu’il est un homme, étaient loin d’imaginer que la grande faucheuse leur enlèverait, aussi prématurément, Hamed Bakayoko. Mais elle l’a fait et celui qu’on appelait affectueusement HamBak, parti définitivement de ce monde des vivants, le 10 mars dernier, rejoindra sa dernière demeure, ce vendredi à Séguéla, sur la terre de ses ancêtres. Et comme tous les grands hommes, les autres grands hommes sont allés lui rendre leurs derniers hommages officiels, car, c’est dans la stricte intimité que «demi dieu», un autre des surnoms de l’illustre disparu, sera inhumé. Et Hamed Bakayoko, mort en Allemagne d’un «cancer foudroyant», rejoindra, dans l’au-dela, son prédécesseur, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.

Le Golden Boy, sur qui reposait beaucoup d’espoir pour la réconciliation en Côte d’Ivoire, chantier que le président Alassane Dramane Ouattara, aura totalement escamoté, a perdu ce dernier combat qui le mettait aux prises avec la maladie. Mais jusqu’au tombeau, «le grand chegué» aura rassemblé. Si de son vivant, le charismatique Premier ministre ivoirien parlait avec tout le monde, riche comme pauvre, patrons comme ouvriers, artistes comme sportifs, enfants comme adultes, à sa mort, il aura réalisé le pari de partager la vie autour de lui, autour de ses amis en larmes. Comme s’il n’était pas mort. Mais Hamed Bakayoko est-il vraiment mort? Non, car les œuvres, que dis-je, les immenses actions caritatives de cette mère Teresa au masculin, lui survivront. Peu, de personnes, de près ou de loin, à en croire la myriade de témoignages qui ont plu sur sa dépouille mortelle, peut se targuer de ne pas avoir apprécié l’âme charitable de «Etoile d’Etat». Ne serait-ce que la bonne humeur qui le quitte rarement, même lorsqu’il est fâché.

Le fauteuil maudit de Premier ministre a donc emporté le gaillard de près de deux mètres, alors que celui-ci venait d’avoir, le 8 mars, 56 ans. Que se passe-t-il donc avec ce poste qui, jadis très convoité, est devenu si répulsif? Au point où, selon les réseaux sociaux, une mère qui veut effrayer son enfant polisson, prédit à celui-ci qu’il deviendra «Premier ministre de Alassane Dramane Ouattara»! Ces morts de Premier ministre, qui s’enfilent, est-ce une simple coïncidence ou une réelle malédiction? Cette suite macabre serait-elle une résultante de la guerre de positionnement autour du fauteuil de Alassane Dramane Ouattara, qui, le disait lui-même, pourrait ne pas aller au bout de son 3è mandat présidentiel anticonstitutionnel? Pourvu que la règle implacable du «jamais deux sans trois»  soit vaincue pour une fois, afin que le fauteuil de Premier ministre ivoirien retrouve un preneur serein.

En attendant, la Côte d’Ivoire, malgré la fin du deuil national qui intervient avec l’inhumation de Hamed Bakayoko, attend, sans doute de nouvelles polémiques autour de cette mort qui n’en finit pas de soulever des questions. Des interrogations, des plus superstitieuses, aucune mort n’étant naturelle en Afrique, aux plus politiques, HamBak, se taillant, de son vivant, un costume sur mesure de dauphin de son «père», surtout que depuis la démission de Daniel Kablan Duncan, celui-ci n’a plus de vice-président, pour le remplacer «en cas de cas», comme on le dit dans les rues de Ouagadougou. Or, dans ce cas justement d’absence du vice-président, c’est le Premier ministre qui devient khalife à la place du khalife, selon la constitution ivoirienne. Et Hamed Bakayoko était…Premier ministre! Sans oser affirmer que ceci explique cela, nous nous en tenons aux hypothèses.

Paix à l’âme de HamBak, désormais ancien Premier ministre, ancien député de Séguéla, et ancien maire d’Abobo. Salut la belle âme, qui n’est certes pas parfaite, la perfection n’étant pas de notre monde de pauvres vivants!

Par Wakat Séra