Alassane Ouattara annonçait, le 7 décembre 1993, le décès du président Félix Houphouët-Boigny sur la radio et la télévision en Côte d’Ivoire. Trente ans après, en ce jeudi 7 décembre 2023, que retiennent les ivoiriens sur cette personnalité politique qui leur a gouverné sous un parti unique.
Mardi 7 décembre 1993, alors qu’il occupait le poste de Premier ministre, l’actuel chef d’État de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara annonçait la mort du premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny. Une annonce faite il y a 30 ans, jour pour jour, ce jeudi 7 décembre 2023, sur les ondes de la radiodiffusion et de la télévision nationale.
Pour la grande majorité des ivoiriens, «le bélier» (signification de «Boigny» en langue baoulé) reste, plus d’un quart de siècle après, une véritable icône politique. Malgré les 33 années de règne sans partage, le président Félix Houphouët-Boigny, selon ces compatriotes contemporains, a laissé une image de dirigeant-bâtisseur ayant assuré la cohésion de la Côte d’Ivoire durant son passage au pouvoir.
Colonisée depuis le XIXe siècle comme la plus part des États d’Afrique francophone par la France, la Côte d’Ivoire accéda à l’indépendance le 7 août 1960, en effet, sous l’égide de son leader historique Félix Houphouët-Boigny.
Considéré comme l’homme de la France en Afrique, ce dernier a conduit une politique de coopération étroite avec l’ancienne puissance coloniale et ainsi arrimé son pays au bloc occidental sous une période de guerre froide.
Selon l’histoire, il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que la politique française vis-à-vis de ces colonies évolue. Le signal du changement fut, en effet, donné par la Conférence de Brazzaville. Une rencontre organisée, en 1944, à l’initiative du général de Gaulle.
Ladite conférence accepta enfin le principe de l’admission à la citoyenneté de tous les Africains et reconnu la nécessité de donner aux colonisés une plus grande voix dans la gestion politique de leurs pays.
C’est en tant que président du Syndicat agricole africain (SAA) en Côte d’Ivoire que Félix Houphouët, issu d’une riche famille de propriétaires terriens, qui ne s’appelait pas encore Boigny, entra dans l’arène politique ivoirienne.
Le quadragénaire engage alors un bras de fer avec le camp puissant des colons. Il milita désormais pour les droits des planteurs autochtones mais aussi pour les droits des ouvriers agricoles humiliés par les pratiques abusives des colons.
Conscient de la complexité des rapports de force, le futur président ivoirien déplaça rapidement la bataille sur le terrain politique en se faisant élire, à la fin de la guerre, au Palais Bourbon, l’Assemblée nationale française. Il fit voter en 1946 la loi qui abolit le travail forcé dans les territoires d’outre-mer et qui porte son nom.
Acclamé par son peuple qui lui a conféré le titre de «Boigny», Félix-Houphouët-le-Bélier mettra en place le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et prit la tête du Rassemblement démocratique africain (RDA), un mouvement anticolonial panafricain et d’alors affilié au Parti communiste français.
En 1951, le leader ivoirien rompt les amarres avec les communistes avant de s’affirmer comme un pilier du gaullisme, cela à la faveur du retour du général de Gaulle aux affaires en 1958 en France.
Ainsi, ces positions d’influence dans la plus haute sphère politique française permettront à Houphouët-Boigny de participer à l’élaboration des réformes qui aboutirent à la décolonisation.
Mais selon les historiens, le président ivoirien ne voulait pas de cette indépendance pour la Côte d’Ivoire, du moins pas en 1960. Le patron du PDCI estimait que son pays n’était pas prêt pour s’affranchir de Paris, d’où la naissance de «françafricaine».
Félix Houphouët-Boigny est un homme politique africain et père fondateur de l’État de la Côte d’Ivoire. Il est né, le 18 octobre 1905, à Dia N’Gokro (village ayant précédé Yamoussoukro) selon sa biographie officielle. Chef traditionnel, médecin, planteur et dirigeant syndical, il fut notamment député français (1945-1959), membre de gouvernements français (1956-1961), président de l’Assemblée nationale ivoirienne (1953-1959), maire d’Abidjan (1956-1960), Premier ministre ivoirien (1959-1960) et premier président de la république de Côte d’Ivoire (1960-1993). Il meurt, le mardi 7 décembre 1993 à Yamoussoukro.
Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)
