Alors que le bataillon tchadien de 1200 soldats prenait pied sur le sol malien, dans le but de renforcer la lutte contre le terrorisme, front sur lequel se démènent, comme des diablotins dans un bénitier, les éléments des forces du G5 Sahel et de Barkhane, un combat enragé venait de mettre aux prises, dans la nuit de dimanche à lundi, des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes et une soixantaine d’assaillants, qui seraient venus du Burkina Faso. Le poste de Kafolo subissait, ainsi, sa deuxième attaque qualifiée de terroriste, après celle de la nuit du 10 au 11 juin 2020, qui a laissé sur le carreau, 14 militaires ivoiriens.
Non loin de ce théâtre de guerre, sur lequel les hommes lourdement armés et, comme à l’accoutumée, non identifiés, ont mis à profit, leur arme favorite, la surprise, pour tuer, à Kolobougou, dans le nord-ouest du département ivoirien de Téhini, toujours dans une zone frontalière avec le Burkina Faso, le poste de gendarmerie était également pris pour cible. Comptabilité macabre des deux attaques, au moins 6 morts, soit 2 militaires et 3 terroristes tués à Kafolo et un gendarme tombé sous les balles assassines des assaillants à Kolobougou.
Les auteurs de cet acte terroriste, certes non encore revendiqué, qui endeuille Kafolo et Kolobougou, auraient voulu lancer un avertissement, avec frais, au nouveau Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, et son ministre de la Défense encore intérimaire, Téné Birahima Ouattara dit «photocopie», qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Patrick Achi, à peine assis, après confirmation, par Alassane Ouattara, dans le fauteuil laissé par son prédécesseur, Hamed Bakayoko, doit rapidement s’ériger en stratège de guerre, pour protéger les populations ivoiriennes, contre les terroristes, qui, à en croire le renseignement français, ont, désormais vissé dans leur collimateur, le golfe de Guinée, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin, où ils auraient projeté des attaques d’envergure. Est-ce le début des sombres présages pour ces autres pays de l’Afrique de l’ouest, pendant que, avec l’appui de la Force du G5 Sahel et la Force Barkhane, le bataillon de militaires tchadiens dits très aguerris, ira à la chasse aux terroristes qui écument le Sahel?
En tout cas, «Samanta 3» qui, en principe, sera déployée dans les prochains jours, si elle ne devient pas une opération de plus, comme toutes ses ainées qui ont connu un bilan mitigé, pourrait bien porter, peut-être pas l’estocade promise par le président français Emmanuel Macron aux terroristes, mais un coup de grande amplitude. En attendant, la Côte d’Ivoire, devra détourner, dans les jours à venir, son regard d’Abidjan et de Paris, où se tiennent, respectivement, les procès des tueries de Duékoué et du bombardement de Bouaké. Car le pays est en guerre, alors qu’il est orphelin, depuis le 10 mars, de son ministre de la Défense, dont le département est toujours sous intérim. Or, la série des attaques commence à s’étirer, Kafolo, deux fois, et Kolobougou, venant s’ajouter à l’attentat de Grand-Bassam, cette fusillade qui a semé la mort dans la très prisée cité balnéaire ivoirienne, le 13 mars 2016.
Il urge de sortir la grande artillerie pour empêcher l’hydre de déployer ses tentacules qui, malheureusement, enlacent encore plus loin et toujours avec une violence meurtrière sans pareil, pour le plus grand malheur de populations civiles qui ne savent plus à quel saint se vouer, les Forces de défense et de sécurité étant elles-mêmes, constamment endeuillées.
Par Wakat Séra