Les qualifications pour le second tour d’une Coupe d’Afrique des Nations ont-elles été autant indécises que celles qui viennent de se jouer actuellement en Côte d’Ivoire? Question à une bonne poignée d’attiéké, la spécialité culinaire ivoirienne à base de manioc. Au fur et à mesure que les matches se jouaient, les calculettes ont fait leur apparition de façon très précoce. Les «si telle équipe gagne et telle autre perd ou que les deux se neutralisent» étaient les phrases les plus usitées, tout comme celle de «si tel pays à tel nombre de points et un goal différentiel de tant». Les entraîneurs et autres encadreurs des équipes, sans oublier les supporters, étaient devenus de grands mathématiciens, spécialistes des équations à plusieurs inconnues.
En dehors des Lions du Sénégal qui ont tout de suite marqué leur territoire de champions en titre et des Lions de l’Atlas qui défendent bien leur réputation de première nation africaine demi-finaliste d’une coupe du monde de football, la bataille a été rude sur toutes les pelouses des magnifiques enceintes sportives, du stade Félix Houphouët Boigny et celui olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé d’Abidjan, à celui de la Paix de Bouaké, en passant par ceux Charles Konan Banny de Yamoussoukro, Amadou Gon Coulibaly de Korhogo ou de San Pedro. Aucune portion de gazon vert n’a été épargnée par des crampons à la recherche de la victoire.
A ce jeu où l’émotion et la pitié ne pouvaient trouver la moindre place, plusieurs «grands» ont laissé les plumes, tels que les Aigles de Carthage qui ont eu les poils roussis comme les Fennecs d’Algérie. D’autres comme les Pharaons d’Egypte ont été contraints au service minimum pour arracher une qualification a trois points glanés dans trois matches difficiles pour eux. Les Lions Indomptables, maintenant régulièrement domptés, du Cameroun, auraient pu passer à la trappe de ce premier tour impitoyable, si «la main de Dieu» gambienne avait échappé à la vigilance de l’arbitre, dans les ultimes minutes du temps additionnel du match qui les opposait aux Scorpions de la Gambie.
Que dire des Eléphants, sans défenses, de Côte d’Ivoire qui, après une bonne entrée dans «leur» CAN ont failli la quitter, prématurément, laminés 4-0 par le Nzalang national de la Guinée équatoriale, dans un match où Séko Fofana et ses camarades n’ont jamais pu véritablement lever la trompe? Certes les pachydermes des bords de la lagune Ebrié ont barri deux fois, mais le juge central et la vidéo-assistance ont, chaque fois, refroidi tout un peuple, en refusant les deux buts du pays organisateur. Et comme Jésus, c’est le troisième jour de leur mort que les Eléphants ont été ressuscités par les Marocains qui en prenant le dessus sur les Chipolopolo de la Zambie par la plus petite des marques, leur ont ouvert la porte des 8es de finale, en tant que meilleurs troisièmes du groupe A. Cette qualification, presque par procuration, a, alors, provoqué ce mercredi des scènes de liesse des Ivoiriens qui venaient de se séparer, logiquement, de leur sélectionneur national, le Français Jean-Louis Gasset. Ouf, la CAN peut continuer, car sans le pays hôte encore en vie, la fête serait probablement finie, ou perdrait une grande dose de sa saveur!
Maintenant, après le grand tamis du premier tour, les choses sérieuses peuvent commencer! Et ça sera dès ce samedi avec le choc Nigeria-Cameroun. Le 29 janvier, toute la Côte d’Ivoire retiendra une fois de plus son souffle, car les Eléphants auront en face d’eux, les majestueux Lions de la Teranga qui ont fait, jusqu’ici, un parcours sans faute. Les Lions vont-ils se tailler leur part d’Eléphants? A moins que les Ivoiriens et leur nouvel entraîneur local, l’ancien international Emerse Faé, assisté d’Alain Gouaméné et de Guy Demel, fassent leur mue et se relancent dans «leur» CAN pour prétendre à la troisième étoile sur la tunique orange.
En tout cas, le public s’attend à savourer de grands matches en perspective! Les tâtonnements et surprises du premier tour, c’est fini! Et attention aux équipes qui se sont qualifiées sur le fil, notamment les meilleures troisièmes qui pourraient retrouver une autre jeunesse!
Par Wakat Séra
