La prison à vie pour Guillaume Kigbafori Soro (GKS), jugé par contumace pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat. 20 ans de prison pour complot et tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat pour neuf des 11 proches de lui. Deux acquittements. La dissolution de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement politique dont le géniteur n’est autre que GKS.
Dans l’attente d’un autre appel, cette fois en cassation, c’est la décision prononcée ce lundi par la cour d’appel du tribunal d’Abidjan qui n’a fait que confirmer les réquisitions du parquet dans ce procès qui laissait peu de surprise quant à son verdict final. Au grand dam des conseils des condamnés qui dénoncent un procès au cours duquel aucune preuve, selon eux, n’a été apportée contre leurs clients accusés de monter une insurrection contre le pouvoir en 2019. En face, la partie civile boit son petit lait, elle qui brandit une infraction pénale et des faits criminels «qui devaient être jugés comme tel à l’égard de certains des accusés». Le fait d’avoir dissimulé et tenté de faire disparaître des armes dans cette eau qui rafraîchissante d’Assinie, belle cité balnéaire et presqu’île abritant des résidences luxueuses, constitue-t-elle une preuve suffisante pour coller la perpète à GKS et deux décennies de prison à ces proches qui s’apprêtaient à accueillir, en décembre 2019 le «Tché» ivoirien? En tout cas, la justice a tranché!
Pour ceux qui en doutaient encore et espèrent enfin un retour en grâce pour l’ex rebelle, ex Premier ministre et ex président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, tombé en disgrâce auprès de son mentor et «père» Alassane Ouattara, il faudra repasser après. Dès que les ambitions du «fils» de ADO de devenir calife à la place du calife ont affleurées, la série noire a commencé pour lui qui n’a pas voulu rejoindre le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le mastodonte politique fabriqué par le président ivoirien et qui a avalé bien des «petits» partis et un «grand» en l’occurrence le Rassemblement des républicains (RDR, pouvoir).
Contraint à un exil qu’il n’a certainement jamais imaginé aussi long, Guillaume Kigbafori Soro, est maintenant convaincu que sa descente aux enfers ne fait que commencer. Pire, ses proches qui pourraient mener son combat, ou au mieux lui apporter réconfort dans sa traversée du désert, sont dans le collimateur d’un pouvoir qui laisse peu de place à la contestation. Certains vont jusqu’à prêter à Alassane Ouattara cette propension à tenir ses adversaires loin de son fauteuil, en manipulant la justice. L’ancien président Laurent Gbagbo et son «fils» Charles Blé Goudé, qui avaient la justice internationale et celle de leur pays sur le dos, en connaissent un rayon.
Ce procès dont l’issue définitive, à moins d’un tremblement de terre est déjà connue, avant même que la cassation statue, il faut le reconnaître ressemble à s’y méprendre à un règlement de compte politique. Et Guillaume Soro et les siens sont en train de payer pour leur témérité. Les accusés qui ont fait amende honorable et ont, certainement, donné le gage de s’éloigner du désormais «infréquentable» de l’exilé forcé, ont échappé au couperet de la justice, tout comme, peut-être, le seront ceux qui montreront patte blanche en se désolidarisant du chef des Générations et peuples solidaires.
En attendant que la cassation se prononce, les condamnés du procès du «complot» et «tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat» pourront toujours, compter sur la magnanimité du président de la république, apôtre devant l’Eternel de la réconciliation nationale, mais une réconciliation nationale à géométrie variable. Surtout que 2025, c’est déjà demain et qu’Alassane Ouattara compte rester maître du temps pour s’éviter toute surprise désagréable!
Au fait, le champion du RHDP s’alignera-t-il pour se succéder à lui-même au terme de son premier mandat de la troisième république ou de son troisième mandat anticonstitutionnel? «Question frare», comme on le dirait dans les rues d’Abidjan!
Par Wakat Séra