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Côte d’Ivoire: le «christ de Mama» arrive!

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L'annonce du retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire s'est faite le jour de ses 76 ans (Ph. DR)

«Gbagbo arrive, la réconciliation et la paix aussi…». De blanc vêtus, bras levés comme au temps où les Eléphants de Côte d’Ivoire soulevaient le public des grands jours au «Félicia», le stade Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, pas de danse de la victoire. C’est dans une allégresse générale que les partisans de l’ancien président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, ont accueilli l’information du retour, cette fois-ci avec une date précise, de leur champion de toujours. Plusieurs fois programmé et jamais concrétisé, ce jour, que dis-je, ce grand jour pour les «Gbagbo ou rien», est-il enfin en vue? En tout cas, le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), le lieutenant fidèle, Docteur Assoa Adou, a annoncé le come-back du célèbre exilé, pour ce 17 juin. Et pour bien faire les choses, c’est le jour anniversaire de naissance du patron du FPI qui a soufflé 76 bougies ce 31 mai, que la bonne nouvelle a été portée à ses apôtres.

L’euphorie était d’autant plus légitime que bien des disciples du «christ de Mama» n’y croyaient plus. Mais, visiblement, «En attendant Godot», la belle œuvre du dramaturge irlandais Samuel Beckett ne se rejouera pas à Abidjan, si la météo de la réconciliation demeure favorable pour le FPI. Surtout si les autorités ivoiriennes, ne sortent pas des sentiers de la réconciliation, qu’elles ont commencé à tracer, avec le retour récent en terre ivoirienne de nombre de proches de Laurent Gbagbo. Car, les hommes de la ligne dure du régime Alassane Dramane Ouattara, ne voient pas tous, d’un bon œil, le retour de celui qu’ils considèrent toujours comme un caillou dans leur chaussure. Sauf que, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et de longues nuits de négociations ont précédé ce retour qui n’interviendra, du reste, qu’après les élections présidentielle et législatives qui ont permis, à ADO, d’obtenir son troisième mandat, et au Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, pouvoir), de garder la majorité et le perchoir, à l’assemblée nationale.

L’option était claire, il ne fallait laisser le moindre obstacle sur la route du palais présidentiel. Or Laurent Gbagbo, bien que n’étant plus aux affaires et embastillé pendant près de 10 ans dans la prison 5 étoiles de la procureure Fatou Bensouda, pouvait bel et bien contrarier les plans de ADO et de sa troupe. Le charisme du fondateur du FPI, n’a pas pris une ride! Gbagbo peut rentrer, maintenant que la situation est, plus ou moins, sous contrôle pour le pouvoir ADO. L’ancien président peut revenir à la maison, parce que la réconciliation est devenue une nécessité pour la Côte d’Ivoire, et surtout pour Alassane Dramane Ouattara qui en a besoin, non seulement pour redorer son blason, mais parce que lui-même risque d’avoir un après pouvoir difficile dans un pays où la cohésion nationale serait en lambeaux. Et comme par hasard, le retour de Laurent Gbagbo coïncide bien avec la descente aux enfers de l’ex précieux allié et désormais ennemi juré de ADO, l’ancien président de l’assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, contre qui un procès est en cours à Abidjan, alors qu’il lui est déjà collée une condamnation de 20 ans de prison en Côte d’Ivoire.

Si le retour de Laurent Gbagbo, en attendant la voix officielle, est acté pour le 17 juin, quel en sera le format? C’est la grosse polémique du moment, car des caciques du régime ADO, suggèrent que le retour se fasse dans la discrétion, alors que tout naturellement, les GORs préparent un accueil des grands jours, dans une ferveur populaire inégalée, à leur idole. Certes, c’est presque dans la clandestinité que le transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye s’est effectué en novembre 2011. Le parallélisme des formes voudrait donc qu’il rentre à la maison, sur la pointe des pieds. Sauf que c’est avec un statut de héros que Laurent Gbagbo s’apprête à retourner sur la terre de ses ancêtres, lui qui est sorti vainqueur, tout comme son ancien lieutenant, Charles Blé Goudé, de la longue bataille judiciaire devant la CPI. Quid donc de Blé Goudé qui a toujours lié son sort à celui de Gbagbo, son maître à penser?

En tout cas, bien que continue de planer sur la tête de leur leader, le glaive de la justice ivoirienne qui avait condamné, par contumace, Laurent Gbagbo à 20 ans de prison ferme dans l’affaire dite de «braquage» de la BCEAO, les GORs sont dans la joie immense de l’annonce du retour du «christ de Mama».

Par Wakat Séra

*Mama: village de Laurent Gbagbo