Ici, on est en Côte d’Ivoire. Patrick Achi est le nouveau Premier ministre. D’intérimaire, il a été confirmé à la tête de l’exécutif ivoirien, ce vendredi 26 mars. Il succède à Hamed Bakayoko, décédé, le 10 mars dernier, des suites d’un cancer foudroyant, selon les sources officielles. HamBak, lui-même avait assuré l’intérim de Feu Amadou Gon Coulibaly, alors que ce dernier était souffrant, avant d’être confirmé comme locataire de la Primature, suite au décès de son prédécesseur. Une affaire d’intérims, suivis de confirmations. C’est le cycle infernal dans lequel tourne, actuellement, la succession du Premier ministre, dans un pays où nombre des chefs d’institution sont malades ou convalescents. Le fauteuil de PM, qui est comme maudit, était devenu l’objet de crainte de toutes sortes. Le poste a même été mangé à toutes les sauces de la dérision, notamment sur les réseaux sociaux.
Patrick Achi, homme plus ou moins discret, et non moins rassembleur et travailleur, pourra-t-il, pour autant, faire oublier aux Ivoiriens, le charisme du Golden Boy à la carrure de lutteur? Ce n’est pas évident dans le court terme. Mais, ce qui est certain, c’est que le nouveau PM, doit vite imposer sa marque de fabrique, en formant un gouvernement ayant pour mission principale, de recoudre les morceaux du tissu social ivoirien en lambeaux, tâche à laquelle s’appliquait Hamed Bakayoko, dont on dit qu’il parlait avec tout le monde. En tout cas, le nouveau Premier ministre est très attendu sur ce dossier de la réconciliation. Dans cette logique, son gouvernement sera-t-il aux couleurs de l’ouverture, comme le pronostiquent les observateurs de la politique ivoirienne? Les cadres de l’opposition, notamment ceux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) feront-ils leur grand retour au sein de l’exécutif? Les militants de l’EDS, proches de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, feront-ils une entrée remarquée au sein de l’équipe Achi? Quid de Pascal Affi N’Guessan, le patron de l’autre aile du Front populaire ivoirien?
Autant d’interrogations qui affleurent, alors que l’un des persécutés les plus emblématiques du pouvoir de Alassane Dramane Ouattara, Laurent Gbagbo, est toujours à la porte de l’avion, avec, en poche, ses deux nouveaux passeports ivoiriens, l’un diplomatique et l’autre ordinaire. Le retour du «christ de Mama» annoncé pour décembre 2020, puis pour ce mi-mars, a, encore, été différé, selon ses partisans, pour cause de la décision finale de la Cour pénale internationale, qui devrait fixer, à la fin de ce mois de mars, les sorts des anciens prisonniers de La Haye, Laurent Gbagbo et son ancien lieutenant, Charles Blé Goudé. L’autre exilé «volontaire forcé», l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro, que certains pensent, à tort ou à raison, être dans le viseur de la CPI, avec le passage, en terre ivoirienne, d’enquêteurs de la juridiction internationale, présence niée les autorités ivoiriennes, sera-t-il concerné par l’œuvre de réconciliation annoncée? Rien n’est moins sûr, les politiques étant reconnus avoir la rancune tenace et l’ouverture du procès de Duékoué est loin d’être un bon présage pour GKS.
Question: à l’instar de Patrick Achi, le ministre de la Défense intérimaire, Téné Birahima Ouattara, dit «photocopie», frère cadet de l’autre, sera-t-il, lui aussi confirmé pour garder, le maroquin, qui, avant sa mort était détenu par l’immense Hamed Bakayoko? Les prochains jours nous situeront. En attendant, Patrick Achi et tous les Ivoiriens, espèrent bien que la règle du «jamais deux sans trois» se brisera aux portes de la primature ivoirienne.
Par Wakat Séra
