Accueil A la une Côte d’Ivoire: le Plan pour sauver l’éléphant des eaux?

Côte d’Ivoire: le Plan pour sauver l’éléphant des eaux?

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Le président ivoirien, Alassane Ouattara

Des pluies diluviennes ont fait 6 morts à Abidjan en Côte d’Ivoire. C’était dans la nuit du 15 au 16 juin. Le fait est devenu comme un marronnier de la presse tant il se répète presque chaque saison pluvieuse. Ces inondations et effondrements de maisons, à la suite de générosité excessive de dame nature qui ouvre trop grand ses vannes, bien qu’étant une véritable hantise, notamment pour les habitants des quartiers précaires, ne constituent plus en réalité une surprise. Si les autorités ont entrepris plusieurs actions qui ne rencontrent que l’ire des populations, c’est le silence et la complaisance coupables des mêmes dirigeants pour qui les résidents de ces zones à risque sont des bétails électoraux à souhait, qui sont souvent à la base de ces drames itératifs.

En effet, par peur de perdre une bonne masse critique d’électeurs, les dirigeants, à tous les niveaux de responsabilité, ferment les yeux sur ces dangers permanents que sont ces constructions dans des endroits non recommandés, et même interdits. Et comme on le dit trivialement, quand ce qui devait arriver arrive, les mêmes politiciens se promènent, la mine déconfite de circonstance qu’ils savent si bien se fabriquer, sacs de riz, bidons d’huile, vêtements usagés collectés auprès de bonnes volontés, le tout accompagné d’enveloppes au contenu insignifiant, pour apporter leur compassion aux sinistrés. Mais tous ces gestes ne pouvant réparer…l’irréparable, c’est-à-dire les pertes en vies humaines, les salutations se concluent toujours par la formule stéréotypée, «c’est la volonté de Dieu».

Le troisième Plan national pour le développement (PND) sur lequel repose le quinquennat 2020-2025 de Alassane Ouattara, qui doit porter la transformation économique et sociale de la Côte d’Ivoire, servira peut-être à loger décemment tous ses Ivoiriens qui tutoient au quotidien la mort, dans des habitations d’une rare fragilité qui ne peuvent résister au moindre coup de vent ou à un quelconque trop plein d’eau. En tout cas, dans une semaine dédiée au business, entre un Africa CEO forum qui a rassemblé chefs d’Etat et autres décideurs autour du président ivoirien, les 13 et 14, et le Business forum Afrique de l’ouest/Union européenne, les 16 et 17, la Côte d’Ivoire a réuni, ce mercredi, bailleurs de fonds et institutions financières internationales autour du financement de son PND 2221-2022. Sur les 59 000 milliards de francs CFA, soit près de 90 milliards de dollars, que ce référentiel du développement doit coûter, c’est plus de 26 milliards de dollars que l’éléphant a déjà récoltés, grâce à l’agilité de sa trompe. Pour se donner les chances de rassembler le reste de la cagnotte, l’Etat ivoirien mise sur la mobilisation des investisseurs privés.

Pays attractif aux ressources naturelles et humaines conséquentes, la Côte d’Ivoire, malgré différentes affaires de détournements de fonds publics et de drogue qui la secouent ces derniers temps, peut compter, entre autres, sur le train de la réconciliation nationale lancée par Alassane Ouattara. Le président ivoirien qui reste maître du jeu politique entend bien tirer les dividendes du retour au bercail de ses adversaires politiques, dont son meilleur ennemi, son prédécesseur Laurent Gbagbo. Pour compléter la liste de ces leaders qui troublent son sommeil, il reste à Alassane Ouattara à faire revenir à la maison, son «fils» Kigbafori Guillaume Soro tombé en disgrâce auprès de lui depuis lors, et Charles Blé Goudé, qui vient de se faire délivrer son passeport ordinaire, à La Haye au Pays-Bas, où il végète depuis sa libération des filets de la Cour pénale internationale (CPI) devant laquelle il a comparu avec son «père» Laurent Gbagbo.

De toute façon, le chef de l’Etat ivoirien, ne doit pas se faire trop d’angoisse, le trio célèbre ayant sur sa tête, une épée de Damoclès sous la forme d’une condamnation de 20 ans chacun. Ainsi va la Côte d’Ivoire de tous les économiquement et politiquement possibles.

Par Wakat Séra