Les chefs de l’Etat et plus particulièrement l’Ivoirien Alassane Ouattara, sont de véritables Kylian Mbappé de la politique. Leurs dribbles sont aussi déroutants que les coups de rein et les accélérations brusques du prodige du football français. Prompts à déjouer tous les pronostics, même ceux des bookmakers les plus avertis de la politique africaine, et plus particulièrement les analystes imbattables du jeu politique ivoirien, le métronome des Eléphants ivoiriens version politique en l’occurrence Alassane Ouattara, s’il faut encore le nommer, demeure l’un des meilleurs numéro 10 de son temps. Il en montre de toutes les couleurs à ses adversaires et sait leur donner le tournis dans des phases de jeu que ceux-ci pensaient pourtant maîtriser. Les derniers exploits de ADO n’en sont pas moins remarquables que ceux qui ont concerné le rapprochement entre lui et Henri Konan Bédié, le maître d’œuvre de l’ivoirité qui l’écartait de la course au trône de Félix Houphouët Boigny, dont tout politicien ivoirien en quête de respectabilité et de popularité se réclame et le retour au bercail de son meilleur ennemi, Laurent Gbagbo blanchi par la Cour pénale internationale (CPI).
En effet, la délivrance du passeport ordinaire à Charles Blé Goudé, dont les acharnements judiciaires par la CPI épousaient comme un gant ceux de son mentor à l’époque, Laurent Gbagbo, alors qu’elle pouvait passer en son temps comme un fait ordinaire, a pris les allures d’une grosse affaire qui met en épingle la magnanimité de Alassane Ouattara et en fait un chantre incontournable de la réconciliation nationale. Sauf que ADO demeure le maître incontestable du jeu! Avec l’appui sans bavure de la justice ivoirienne, ADO laisse planer sur les têtes de ses bourreaux d’hier, ceux mêmes qui avaient fait de lui un paria de la république en l’écartant de la course au fauteuil suprême, l’épée de Damoclès d’une lourde condamnation de 20 ans de prison dans diverses affaires, avec perte de droits civiques. A moins que les vertus de la réconciliation nationale jouent jusqu’au bout en leur faveur, Laurent Gbagbo ou Blé, «le général de la rue», ne peuvent inquiéter l’actuel locataire du Palais de Cocody ou celui sur lequel il aura porté son choix comme dauphin.
Du reste, la tension du courant qui passait entre Blé Goudé et Laurent Gbagbo à sérieusement faibli et ce ne serait pas scandale de retrouver Blé Goudé qui n’a que 50 ans et donc tout son avenir politique devant lui, et son parti, le Congrès panafricain pour la justice des peuples (Cojep), défendant les intérêts du président Alassane Ouattara, au cours des prochaines années. Du reste, Alassane Ouattara ayant perdu tous ses «fils», notamment, Feus Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko et le truculent Guillaume Kigbafori Soro qui a voulu être, trop tôt peut-être, calife à la place du calife, Blé Goudé peut bien se retrouver un nouveau «père», après Laurent Gbagbo . En tout cas, lorsque Charles Blé Goudé a reçu son passeport, c’est devant la photo officielle de Alassane Dramane Ouattara, qu’il l’a exibé au sein de la représentation diplomatique ivoirienne qui couvre les Pays-Bas. Ceci signifiant sans doute cela! Alassane Ouattara n’a donc pas fini de mettre dans le vent ses pourfendeurs. Son dernier coup étant celui de présenter Adama Bictogo, que tous annonçait être sur le déclin au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, pouvoir), comme candidat du parti au pouvoir au perchoir, à la place du président de l’Assemblée nationale, Feu Amadou Soumahoro.
Assurément, alors qu’il était considéré que comme un pur technocrate et simple économiste, incapable de tenir la chose politique, Alassane Ouattara est en train de s’illustrer comme l’un des meilleurs politiciens de l’après Félix Houphouët Boigny!
Par Wakat Séra